Édito pour RuedesFables, avril 2016
Pourquoi bâtir des châteaux de Fables ?
Souvent poétiquement incorrecte, la fable est une histoire courte qui en dit plus long que n’en raconte d’épais opus qui prétendent offrir la saveur du savoir ou vendre l’essence de la connaissance. À ce titre, cet affable genre littéraire considéré comme mineur par d’aucuns qu’il touche alors qu’ils ne sont même pas visés, parmi les plus anciens et les plus prisés que nous connaissions, nous propose une foultitude de nouvelles universelles. N’en déplaise au plus banal sens commun, elles ne sont pas spécialement destinées à l’édification des jeunes générations de France, de Navarre et autres lieux circonvoisins – Que pareil sort soit épargné à mes humbles bluettes ! – ni propres à un hier totalement révolu : il est un moyen agréable d’ouvrir les yeux sur le monde et ses entours pauvres d’atours, le monde de toujours, le nôtre dont le fond change, souvent hélas, moins vite que la forme.
Rimeur solidaire et tourneur-phraseur plus que juge ou censeur, conscient des difficultés que cela suppose, sans pédanterie ni cuistrerie, mais non sans plaisanterie voire rosseries, je me suis donc proposé, modestement mais sûrement, d’emprunter le sinueux et buissonneux chemin des écoliers pris par les fantasques et fantastiques auteurs d’apologues des siècles passés, afin d’offrir une série de chroniques terriennes sans prétention sur notre ineffable monde , tout en philosophie de conteur.
Parce que « la fable est la sœur aînée de l’Histoire » (Voltaire) dont elle suit et souffre les aléas, sous vos yeux j’aime à voir s’écouler les grains de fables de mon fablier. Parfois cruels comme la vie, les objets de mes coupables faiblesses prêtent à rire et donnent à penser, « un fabuliste étant par définition, souriant / Et aimable », comme l’écrivait J. Anouilh (Le fabuliste improvisé, Fables, 1962). Ces gestes souvent agrestes se veulent donc autant de sketches impertinents sur notre société que de saynètes pertinentes de notre époque… avec un style d’un autre temps car
« le monde est vieux, dit-on. Je le crois – Cependant
Il le faut amuser comme un enfant »
(J. de la Fontaine, Le pouvoir des fables, Fables, VIII, 4).
Il est donc bon que « Rue des Fables » qui vous livre des textes d’aujourd’hui avec des mots d’hier et, parfois, de la veille, ou des textes d’antan qui semblent d’une actualité brûlante existe. Ce site qui a eu la bienveillance d’accueillir l’obsédé textuel que je suis, vaut mieux qu’un opuscule qui se voudrait bréviaire moralisateur, il témoignage écrits sur écran d’un quotidien pas toujours très « moral » sans fausse pruderie ni pudibonderie surjouée. Car ces paraboles et métaphores, professeurs de vie et précepteurs de nos jours, ne « font la leçon » à qui que ce soit, à moins que ce ne soit, un peu, à tout un chacun, à commencer par les humbles serviteurs de cet art antique parfois porté au rang d’art scénique, qui convient sans véhémence dans le discours ni brusquerie dans l’attaque, au savant le plus érudit comme à celui dont on dit l’esprit engourdi.
Fabuleusement vôtre…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire