Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 31 juillet 2015

HAÏKU DE TROMPE

L’honneur fait parfois faire des horreurs !

VERSIFICATION FINALE

Quand je serai tout seul,
Langé dans un linceul,
Emballé dans ma bière,
Reposant sous la pierre,
Que fera-t-on des vers
Qui, été comme hiver,
Naissaient dessous ma plume ?
Tous ces mots mensongers
N’avaient fait que ronger
Mes maux, doutes et brumes !

Quand je serai tout froid,
Sans douleurs, sans effroi,
Quand la main de la Parque,
Me mènera en barque,
Me viendront d’autres vers,
Plus retors, plus pervers,
Dévorer mon costume !
Quand viendront-ils ronger
Mon corps lourd comme enclume ?

LA SOUVERAINE MAJESTÉ

Petite fable affable

Martre régnait sur un petit bosquet.
Elle avait la dent dure et souvent creuse,
Nulle bête au bois n’osait l’offusquer
Tant était terrible cette coureuse.
Furet faisait sa police efficace
Et Fouine s’occupait des impôts
Comme si elle jouait sa carcasse
Spoliant Blaireau et taxant Crapaud.
Il n’y avait guère qu’à la soudure
Que la reine était prodigalité
Et ses sujets, de verdure en ramure,
Oubliaient lors que cette autorité
Était joug poussant à se révolter.

Un matin, Martre reçoit Buse,
La souveraine de la canopée,
Qui, de l’imprévue intrusion s’excuse,
Mais elle avait des affres à syncoper :
« Voisine et paire, fit notre rapace,
Mon peuple d’oiseaux me cause tracas :
 Lui, si libre, oisif, oiseux, est en passe
De me faire un sort… et avec fracas !
Je l’impose peu, distribue des vivres 
Sans compter, tout l’an, tu m’en es témoin !,… »
Martre la coupe, parlant comme un livre :
« La libéralité consiste moins
À offrir beaucoup qu’à donner à point !* »

* D’après Jean de la Bruyère, Caractères (1687)

jeudi 30 juillet 2015

mercredi 29 juillet 2015

HAÏ(rubis)KU BEUH !

Les casse-têtes me brisent souvent autre chose !

ÉCHEC AUX MATHS ?

Petite fable affable

Deux collègues s’égarent en forêt.
Après avoir erré de taillis en clairières,
Les voilà fort las, qui font un arrêt,
Appelant au secours, par devant, par derrière. 
Le temps s’écoule et s’étire, sans fin,
Quand une voix inconnue tonitrue à tue-tête :
« Vous êtes perdus ! » en longs échos qui vous entêtent,
Offrant à nos deux hommes un fort cuisant mal de tête.

« Tu vois, fait à l’autre un de nos amis,
Je crois que c’est un professeur de Maths qui nous parle !
Sa réponse fut, et pas qu’à demi,
Tardive, elle est logique comme un marle
Mais là, elle ne nous sert à rien.
- Toi t’es un prof de Philo’ vaurien !
Fait la voix : tu crois tout savoir mais toujours te vautres,
Tu attends que la solution te vienne d’un autre
Que tu critiqueras à ton aise, en bon apôtre ! »

UN PONTE AU PONDOIR

Petite fable affable

Sur son nichoir, Dame poule couve.
Son coq de mari peste, écharde au cœur, 
Épine à l’âme, l’œil un brin moqueur :

« Il faut quand même, un matin, que tu trouves
Le temps pour tous tes devoirs ménagers ?

- Couver est corvée ! à toi de soulager
Ce labeur fait pour toi et pour du beurre !

- J’ai mission de réveiller le soleil,
Et pour travail - de l’ergot, du conseil,… -
De faire régner la paix, à toute heure,
Au poulailler. J’ai donc bien du boulot !

- C’est une sinécure que mon lot ?

- C’est dans tes rôle, fonction et besogne
Avec le reste que tu négliges trop !

- Comme la pluie je prends tout ça de haut :
Pas de turbin sans talbin, Rouge Trogne !
Renchérit la poule. Ton gagne-grain
Est un job nous laissant, tels des murins, 
Pauvres comme Job… Et, cette besogne
Est dans tes rôle et fonction, cher sultan
Insultant qui se croit maître du temps !

- Mon métier, moi je le fais bien, Carogne !

- La seule chose que tu fasses bien 
C’est ton âge, espèce de vaurien ! »

Bec cloué, le mari marri allonge
Le pas pour aller empapaouter
La voisine à l’humeur plus ouatée.

« Voilà, ça lui fera les pattes ! » songe
Le coq : la maîtresse de sa maison
Ne s’est jamais rendue à ses raisons
Alors qu’il est roi du lieu, sans conteste
 Qu’il sort tous les jours Râ de son sommeil,
Que les hommes ne posent pas l’orteil
Dans sa cour sans son aval, l’air modeste,
Mais il n’est, si puissant soit-il, de roi
Qui soit souverain aussi sous son toit.


Illustration : Élisa Satgé, 2016-2017

lundi 27 juillet 2015

SALUT L’HAÏKU’M PAGNIE

Mieux vaut un ami aimant qu’un amant qui ment !

APRÈS LA FRISCADE (Rio 2015)

Finis les cris, les barricades
Contre la vie qui cacade,
La corruption et l’alcade,
Le carnaval estocade
Notre place et ses arcades,
Serpentins en embuscade
Et confettis qui cascadent…

Souvenir de la récade,
Dans des senteurs de muscade,
S’ébranle la cavalcade,
Dans la joie et par foucade,
Prête à toutes les tocades,
Même à prendre la rocade,
Serpentins en embuscade
Et confettis qui cascadent…

Dans les ris, sous la claquade,
Les percu’ jouent par saccades
Tous les airs de la décade, 
Et danse la mascarade
- Peaux cannelle et corps dorcades - 
Au-delà de l’estacade,
Serpentins en embuscade
Et confettis qui cascadent…

UNE VIE DE PRIVATIONS

Petite fable affable

Si d’aucuns vont au trot sur tous les trottoirs, 
Ses yeux noirs fouillant le bitume noir,
Un souriceau, joues blêmes et mine basse,
Fuyait notre monde et ses passions.
Il vivait comme un brave moinillon,
Dans la peur de l’Enfer. Cette vraie menace
Le terrifiait : il n’osait pas bouger
Une patte, faire un écart ni ronger,…

C’était de l’orgueil de prendre la parole
Donc il se taisait et se faisait discret ;
Il haïssait, ce n’était pas un secret,
L’avarice et vous donnait jusqu’à ses groles ;
Il fuyait l’envie et donc les magasins,
« La fièvre acheteuse » qui rend zinzin ;
Comme il ne se mettait jamais en colère
On abusait de lui sans qu’il s’énervât
Mais il dénonçait la luxure à tout va
Et le lucre en jouant parfois des molaires.
Toute paresse lui donnait des remords,
Le moindre retard l’air d’un croquemort ;
La gourmandise était bannie à toute heure
De sa vie ; le désir, le plaisir aussi.
Sans vraiment vivre, il mourut d’ennui ainsi.

Se priver de tout pour connaître le leurre
D’un au-delà incertain ne rend pas serein
Car « tout est tentation à qui la craint.* »


* Jean de la Bruyère, Caractères (1687) 

samedi 25 juillet 2015

HAÏKU’RS VITE & REVIENS TARD

La peur donne des ailes à qui elle ne coupe pas les jambes.

PÉPÈRE (LARGUER LE GOUJAT)

Sur le Le plus fort c’est mon père (Lynda Lemay)

Ça fait un moment
Que j’souhaite son trépas :
L’étriper gentiment,
Que ça lui plaise ou pas,
Après quelques morsures
Là où c’est l’moins sympa,
Ou l’latter d’ma chaussure, côté coups bas.
Ça fait un moment
Qu’il me court ce goujat,
Qu’il me pèse - et comment ! -
Avec son petit pois ;
J’en ai marre d’ce pékin,
Toujours un’ bière au bec,
Et qui, au pieu, n’vaut pa sun kopec.

Comment j’ai pu rester
Avec c’mec, cet’te horreur,
Qui n’sait pas se saper :
Qu’est un con, un bâffreur,…
Je mets, le cœur content,
Ce zig hors ma tanière,
Et ça s’ra pour longtemps
Que je rest’rai pépère !

Oui, ça fait un moment
Qu’il pollue mon chez-moi,
L’chômeur au bois dormant,
Qu’il bande, tout émoi,
Qu’pour le poste T.V.
Devant l’quel il barrit,
Me prend, soir et matin, pour sa Marie.
Il me cogn’ vaillamant
Pour une simple erreur,
Un mot irrévérent,
Un refus, un haut-l’cœur,…
L’est vraiment pathétique :
Larg’ comme un mastodonte,
Gueulard comme un putois, couard au bout du compte !

Comment j’ai pu rester
Avec c’mec, cette horreur,
Qui n’sait pas se saper :
Qu’est un con, un bâffreur,…
Je mets, le cœur content,
Ce zig hors ma tanière,
Et ça s’ra pour longtemps
Que je rest’rai pépère !

Ce type c’est un raté,
Accident de boudoir.
M’faut m’en détacher
D’ce butor, de ce loir ;
Jamais mon mot à dire :
La nuit, puput’ pas fière ;
L’jour, bobonne à punir ;
Que je rest’rai pépère
Sans ce mufle… et comment !
Je ne peux plus le voir !
Fini ses aboiements,
Au pilleur d’frigidaire !
Il va pouvoir m’maudire :
Sur l’palier, ses affaires ;
À la rue, l’dur à cuire,
Pour que je sois pépère !
Fini d’êt’ tabassée
Par ce crasseux vautré,
Qu’un petit rien froissait.
Sans c’beauf’ illettré,
Chiant comme un lavement,
Mauvais comme une épeire,
Ce puant excrément,
J’vais enfin êt’ pépère !

LE GLABRE & LE ROUPILLON

Petite fable affable

Même si l’on dit que « L’avenir, Madame,
 Appartient à ceux qui se lèvent tôt ! »
À ce bel âge où l’on est tout feu tout flamme
Un jeune blanc bec du cru, un peu pataud,
Préférait mieux croire en cet autre adage
Qui dit : « La fortune vient en dormant ! ».
Aussi comme loir ou marmotte sans âge,
Il s’alita, sans question ni tourment,
Dormit sur ses deux oreilles - difficile ! -
Baillant dans son somme - ce n’est pas plus facile -
Pendant, raconte-t-on, toute une saison
Dans la chaleur douillette de sa maison.

Un matin, il ouvre un œil mais n’est plus riche
Que de poils au menton… « Ainsi hiberner
Se dit in petto notre brave godiche,
De la faim pour l’heure m’aura détourné
- Qui dort dîne ! - mais pas de mes fins : Sagesse,
Si j’en crois ma barbe, de ma sieste, est née ;
Mais peu m’importe, moi je veux la richesse
Il me faut très vite au repos retourner,
Et ronfler plus longtemps - Ah, je suis habile ! -
Je serai cousu d’or, moi qu’on croit débile,
Sans peine, avant la prochaine cueillaison ! »
C’était à dormir debout et déraison !

Alors notre beau au bois dormant se couche,
Somnole et rêve pendant toute une année.
Et il dormit, m’a-t-on dit comme une souche :
C’est à quoi sa logique le condamnait.
Il mourut, c’est fatal, sans s’en rendre compte,
Au détour d’un songe ou d’un soupir, soleils
De ce pauvre miséreux parti sans honte :
Sa nuit ne lui avait pas porté conseil !
Roupiller n’engraisse que tous ces fossiles
Vivant de vous, en parasite ou bacille ;
Se lever nourrit l’État pas ta maison ;
Quelle voie et vie choisir avec Raison ?!

jeudi 23 juillet 2015

HOT HAÏKU ‘TURE

Que m’importe la mode : la tendance suivra !

SIC

D'après une esquisse de Camille Lesterle

« C'est quoi ce mic-mac

Qui fait pas très chic
Et ces bacs en vrac ?

- Quelques blocs en toc,

Un buste en vrai stuc
Du fric pris aux flics,
Des doigts d'bois, des trucs
En teck qu'ont plus d'suc
Sortis droit du dock !

- Le fruit d'un fric-frac

Au block, fait au pic ?

- Des machins ric-rac

De bric et de broc,
Tout un stock de bics,
Des bricks et des brocks
Des frocs et des fracs,
Puis des sacs en vrac.
Un froc eut en troc
Contre un petit stick,
Un pack et du floc
Posés tout à trac,…

- Manque plus qu'un bouc

Dans ton souk de louc !…
Souvenirs de fac,
Comme ce gros cric
Ce bec, un nez grec,
Et ce poil de sec
Qui te faisait crac ?

- Mais y'a pas de crack,

Mec. Que des bonbecs !
Et c'est pas un hic :
Ça ferait trop rock 
J't'jure, sans déc' ! »
Illustration : Camille Lesterle, juin 2015

LA PENDULE*

Petite fable affable

Quels que soient l’an ou encore la saison,
La vieille horloge règne sur la maison,
Une ferme de chez nous, sans âge.
Si elle ne fait la pluie et le beau temps,
Limitant les moments, dictant les instants,
Elle rend le lieu sûr et sage.

Mais elle croit avoir du talent
Et de l’esprit alors que, l’air nonchalant,
Elle n’est, las, que riche d’heures
Et n’a comme mérite que d’effeuiller
Le temps qui fortifie les amitiés
Et affaiblit l’amour qui demeure
Inconnu de cette grosse caisse en bois.

Certes, elle déteste que la montrent au doigt,
Ces braves nantis pour qui ne compte
Que le présent comme ces vils vertueux
Qui ne voient que l’avenir, présomptueux.

Car les uns et les autres redoutent
Une vieillesse qu’ils ne sont pas sûrs
D’atteindre mais qu'elle annonce à coups sûrs ;
L’insupportent ces jeunes sans doute
Persuadés que l’on vit assez vieux
Pour profiter de ses fautes, l’œil joyeux.
Car tous, à leur façon, lui reprochent
D’aller trop vite ou beaucoup trop lentement
Alors qu’elle va son trot, tout bêtement.

Aussi sonne-t-elle à tous ses proches :
« Qui emploie mal son temps, tristesse ou gaieté,
Se plaindra toujours de sa brièveté ! »



* D'après des citations de Jean de La Bruyère, Caractères (1688)

mercredi 22 juillet 2015

HAÏKU LÉREUX

Comme l’orage, la colère gronde avant que d’éclater et,
donc, de sourde peut devenir aveugle !

mardi 21 juillet 2015

HAÏKU’RONNE DE MARIÉ

Je me suis marré par le railleur et pour le rire.

LE CANARD DÉCONFIT

Petite fable affable

Canard soigne le gras de son foie 
Et le dodu de ses cuisses,
Sans gêne, en squattant souventes fois
La cuisine de la vieille Alice.
Il y parade pour s’y bien gaver,
Sans l’ombre d’une vergogne.
Ce mirliflore, à l’abondant duvet,
Réclame, sans que la rogne
Gêne Alice, son dû et au-delà,
Dans ce pays où la glèbe
Saigne le vin, l’orge et le blé à tout va
Sans faire suer la plèbe.

Cette terre est bonne, notoirement.
Donc, hors les fous et les faibles,
Nul ici ne gourmande les gourmands.
Aimant le vin de hièble.
Le chien du lieu hante le bar du coin
Dès qu’on lui donne une pause ;
Comme des hommes il sait le baragoin,
Sait les secrets les moins roses
De ceux-ci et d’Alice leur amie.
Il dit à Canard des choses
Qui l’effrayèrent, et pas à demi :
« La Vieille t’offre ta dose
Pour t’inviter au festin de Noël,
Comme mets et non convive ! »
Cela parut irréel,
 Glaça Canard, le mit  sur le qui-vive.

Il se mit donc à penser…
L’autre lui avait mis la puce à l’oreille,
Et celle-ci a glissé
Dans son gros cou. « Maudite soit la vieille ! »
Mais pour Canard, réfléchir
Provoquait maux de tête et cent fatigues.
Son humeur vint à fléchir :
Finis pâtes, potées, pâtés et figues
Car il perdit l’appétit 
Avec ses illusions. Mais l’Alice
C’n’est pas une décatie :
Elle n’aime pas se priver de délice !

Comme Canard maigrissait,
Elle décida que la casserole
Devait vite et sans procès
L’accueillir pour qu’il y tienne son rôle
Avant d’être rabougri. 
Malgré ses sacrifices, c’est la hache,
Au fil fin jamais aigri,
Qui mit fin aux jours de Canard, Babache
Vivant comme un patachon,
La gamberge en deuil, tout en gourmandise,
Et ne fut que cornichon.
Malin ou pas, quoi qu’on dise
Et tente en dernier ressort,
Même si la solution est adroite,
Pour échapper à son sort
Il se pourrait bien que sa fin on hâte.

CANTILÈNE

L’ennui, sans bruit, me fuit. La nuit, sans fruit, s’enfuit.
Elle transpire et m’aspire. Il n’y a pas pire.
J’écris ce que je crie, et il s’ensuit minuit :
Moquerie, jacquerie,… Les mots jouent les vampires !

Je crie ce que j’écris. Minuit m’offre sa suie.
La nuit, sans fruit, s’enfuit. L’ennui sans bruit me fuit
Et je respire : oui, il m’inspire !… Il y a pire.
Loufoquerie, rescrits,… Mes maux font leur empire.

L’ennui, sans fruit, me fuit. La nuit, sans bruit, s’enfuit.
Et je respire : elle m’inspire !… Il y a pire.
Écrits ? Escroquerie vous broyant en ses spires !

Inscris tout. Souscris-y. La vie devient lampyre ;
Elle transpire et m’aspire. Il n’y a pas pire
Que nuit qui, las, s’enfuit, qu’ennui, sans fruit, qui fuit.

lundi 20 juillet 2015

dimanche 19 juillet 2015

HAÏKU POT LÈVRES

Le thé est un anti-oxydant.
La preuve ?… Le mien s’appelle « Orient » !

LE FREUX & LES CORNEILLES

Petite fable affable

Un de ces corbeaux bien plantureux
De l’espèce que l’on nomme « freux »
Et de la sorte qui soliloque,
Jouait les grincheux et les affreux.
Voilà qu’on l’invite à un colloque,
Un débat oiseux et soporeux,
Chez dames corneilles ses voisines,
Pas du genre à lui crier famine
Pas plus qu’à soigner leur cuisine

Ce corbac-là est un bilieux : 
Le marécage fort périlleux 
De la jeunesse était bien derrière
Lui ; et le désert si ennuyeux,
Car dévasté, de ce blanc suaire
Qu’est la vieillesse devant, au mieux.
Ces oiselles lassaient ses oreilles ;
Notre ami bayait aux corneilles
Malgré une voix sans pareille.

Le choucas n’est point patient. Ô,
Ce serait là son moindre défaut !
À l’heure où le jour dort comme enclume,
Où près de la grand’ mare aux roseaux
La grue taille au héron une plume
Qui, vu son âge, n’en a pas trop,
On discute jusqu’à la faillite :
Le corbeau parle et bée puis s’irrite
Qu’on n’entende point ses mérites.

Nulle ne l’écoute. Ouïes rabattues,
De guerre lasse, il dit, impromptu :
« Bye-bye, une fois n’est pas coutume
Je pars le premier, courbatu,
Plutôt que tout casser car j’écume
Quand les discussions sont têtues,
L’esprit fétu : je suis colère
Qu’ainsi m’ignorent vos lanlères,
Remueuses de maxillaires.

Car je pardonne à ceux qui m’ennuient 
Plus volontiers qu’à ceux que j’ennuie ! »

QUATRAIN À LA CATIN

Son cul, à proprement parler, ma plume inspire.
Je lui mettrais, parfois, mon pied au fondement
Si je ne craignais fort, par un tel rudoiement,
Que son trou aimant, doigts et talon, ne l’aspire !

samedi 18 juillet 2015

HAÏKU’R À COUR

Une question comme une opération se doit d’être posée ;
ce sont les résultat ou les réponses qui nous font opposés.

vendredi 17 juillet 2015

HAÏKU’PURES DE 500

En France, l’invasion flicale intéresse moins que l’évasion fiscale.

QUESTION ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Fuir Aubagne (13), n’est-ce pas s’exposer à pire que ce qu’on connait ?!
Comment appelle-t-on les enfants de Caunes (11) ?
Comment appelle-t-on les habitants de Châtres (36) ?
Faut-il jeter Cognet (38) après la Manche (50) ?
Y a-t-il des apaches à Comanche (Oklahoma) ?
Sort-on indemne du château d’Ifs (14) ?
Peut-on être un mordu de Pincé (72) ?
Est-ce que vivre à la Pointe-aux-canonniers (île Maurice) vous désigne-il comme étant un boulet ?
St-Père-Marc-en-Poulet (35) doit-il son nom à son style un peu lourd ou à une vocation ratée de flic ?
Est-on plus exposé si on vit à Vue (44) ?

LES SOURIS SCÉLÉRATES

Petite fable affable

Qu’étaient étranges les us domestiques
Des maisons en des temps pas si antiques !
Sous la coupe d’un rat qui les faisait
Travailler pour lui, gaies comme grizets,
Dames souris œuvraient à la besogne
Que vous supposez et puis, sans vergogne,
Et à d’autres moins osées : escroquerie,
Chantage, tapage, grivèlerie,…

 Trottins, toute en potins et popotin,
Nos rongeuses traitées comme crottin
Par leur souteneur, criaient haro
Sur ce vil rapiat, ce rat maquereau 
- Il y a bien des poissons-chats, Ma Chère ! -
Qui confisquait, pour faire bonne chère
Et vivre sur un grand pied, à l’abri,
Les maigres gains sués par leur nombril. 

Quand les souris se plaignaient de l’injuste
Sort qui était leur, notre rat, auguste,
Causait aux gagneuses : « Halte au débat !
Qui doit se casser le cul, ici-bas,
Ne peut rester assis. Dans les affaires
De clémence ou compassion, j’n’ai que faire !
Je suis bon mais aux esprits vipérins
Qui trop contestent je brise les reins… » 


Un jour, le maroufle qui maquignonne
Comme un margoulin toutes ses mignonnes,
Qui n’a de bon goût que pour le bagout
Au détour de l’égout tombe, dégoût !,
Sur un os… et se le casse ; sa place
Était convoitée par un malfrat classe,
Pas moins rat, qui lui fait un méchant sort :
Pattes brisées, il perd tout son ressort !

Diminué, il implora “ses filles”
Qui l’abandonnaient comme une pauv' bille 
Faisant à l’éclopé : « Allons papa :
Qui s’est cassé les dents n’en mâche pas 
Moins rassis !… Tu disais : “Dans c’qu’on doit faire,
Indulgence ou pitié, point ne prolifèrent !”
 Mais des “affaires” te voilà exclu
Et, chez nous, ces mots n’ont pas cours non plus ! »


Si d’axiomes vieux comme les chemins
Tu justifies tes fins, viendra une heure
Où tu prendras dans la face ces leurres
Et ce pourrait bien être dès demain !

jeudi 16 juillet 2015

HAÏKU DE TALON

« Instruction » est un mot fort paradoxal :
au singulier elle est un droit, au pluriel elles constituent des devoirs.

mercredi 15 juillet 2015

HAÏKU’CHÉ !

Rien n’est plus inutile qu’un idéaliste
mais rien n’est plus utile qu’un idéal !

BALLADE BALLADANTE ?

D'après une œuvre de Camille Lesterle

Dans mon printemps : l’innocence !
Loin des genoux écorchés,
De la désobéissance,
J’ai les rêves endimanchés,
Jupons, dentelles à crochet,…
Sous l’arbre, je me balance !

L’été ne fut qu’indécence.
Papillon effarouché,
Le cœur tout à la licence,
J’ai erré d’amours gâchées
En amants, maris cachés.
Sous l’arbre, je m’en balance !

L’automne m’est renaissance
Mais le mal vient m’enfourcher
Me réduit à l’impuissance.
Mon époux part, pas fâché,
Se lâcher, s’empanacher,…
Sous l’arbre, c’qu’on se balance !

Vient l’hiver : le corps mâché,
Je me suis amourachée
De maladies, de silence,…
Sous l’arbre, on me balance… 

Illustration : Camille Lesterle,  juin 2015