Petite fable affable
Martre régnait sur un petit bosquet.
Elle avait la dent dure et souvent creuse,
Nulle bête au bois n’osait l’offusquer
Tant était terrible cette coureuse.
Furet faisait sa police efficace
Et Fouine s’occupait des impôts
Comme si elle jouait sa carcasse
Spoliant Blaireau et taxant Crapaud.
Il n’y avait guère qu’à la soudure
Que la reine était prodigalité
Et ses sujets, de verdure en ramure,
Oubliaient lors que cette autorité
Était joug poussant à se révolter.
Un matin, Martre reçoit Buse,
La souveraine de la canopée,
Qui, de l’imprévue intrusion s’excuse,
Mais elle avait des affres à syncoper :
« Voisine et paire, fit notre rapace,
Mon peuple d’oiseaux me cause tracas :
Lui, si libre, oisif, oiseux, est en passe
De me faire un sort… et avec fracas !
Je l’impose peu, distribue des vivres
Sans compter, tout l’an, tu m’en es témoin !,… »
Martre la coupe, parlant comme un livre :
« La libéralité consiste moins
À offrir beaucoup qu’à donner à point !* »
* D’après Jean de la Bruyère, Caractères (1687)
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