Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 7 juillet 2015

TREIZE & TROIS

Quand je veux fuir le murmure de la multitude
Le néant sous le néon, le bêta du béton
Et le marais médiocre des médias, beaufitude
De cette basse terre où je suis piètre piéton,
Je vais où le duvet fou des pissenlits s’envole,
Goûter au sommeil de l’herbe, écouter ses bestioles,
Le rire des eaux claires et des feuilles le chant,
Dans la solitude infinie de l’air et des champs.
Je m’étends et j’attends là où se masse la mousse,
Là où se mussent les souvenirs las qui s’émoussent
Alors qu’autour de moi bourdonne la chaleur
Que tu viennes à moi Mon Aimée, ô Ma Tendre et Douce,
Pour profiter d’un temps immobile et sans douleur…

Oublié des hautes sphères, des pensées profondes
Et des modes superficielles, ici point de fiel :
Un ru fouillant l’ombre des fougères de son onde
Et un acacia qui neige ses parfums de miel
Rappellent que le sol craquelé brûle la corde
Des espadrilles, non loin de ce lieu de concorde
Où mon âme s’apaise et, mieux, mon cœur refleurit
D’être l’homme lige de ton Auguste Seigneurie
Qui va cueillant, de peur qu’il ne fanent, sur tes lèvres
Ces baisers jamais flétris, à la saveur de fièvre :
Mes pensées les plus âcres sombrent dans la boue du bois,
Mes humeurs chavirent ou s’écorchent, devenues mièvres,
En brins ou en lambeaux aux bouts de buis aux abois.

Laissant les fats admirer leur destin, leur étoile,
Et les cuistres se gourer dans leurs amphigouris,
Dans ce coin perdu où nous avons mis les voiles
L’ombre nous happe et le vent doux lape tes soieries.
Alors qu’au loin un vieux chien jappe au bout sa chaîne
Afin que la nuit se lève plus tôt sur la plaine,
Le soir tache de son encre l’or du contre-jour
Et notre solitude s’accroît avec le jour
 Qui descend pour embrasser la terre, sa pâture…
La nuit pour ciel de lit, l’ombrage pour couverture,
On s’abandonne à des plaisirs bien moins innocents
Que de jouir de l’instant : on laisse parler la nature
Et ici ce n’est, Dieu, ni choquant ni indécent !

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