Petite fable affable
« Un beau jour, J’ai perdu ma tramontane !
Pas une de ses amours charlatanes,
Toutes en science qui, las, fuient le jour
Et ignorent à jamais les toujours,
Disait un pigeon au cou vert et rose.
C’était un amour pris sans vers ni prose
Un élan de l’âme, avec foi et feu
Pas dévergondé, déluré un peu.
- Mais avec les aiguilles des horloges,
Répliqua le moineau à cet éloge,
Le fil du temps nous coud de ces revers
Qui, dans la gorge, nous restent en travers !
- Oui, j’ai perdu Ma Mie, larmes amères,
Celle qui, Germinal ou bien Brumaire,
Me faisait planer jusqu’au bleu du ciel,
Adoucissait tout de sa voix de miel…
- Tu t’es fait pigeonner comme tant d’autres !
Pépie le titi : qui, comme un apôtre,
N’aspire qu’à la joie n’est pas au bout
De ses peines !… La vie est fiente et boue !
- En roucoulant, on s’est passé la bague
À la patte. Son départ me fut dague
Car je ne suis pas fait d’argile, ami,
Et lui suis fidèle, et pas qu’à demi ! »
Le moineau qui a bien moins de cervelle
Que d’appétit encore le harcèle :
« Cœur de pigeon peut-être d’artichaut
Fais comme si de tout ça peut te chaut :
Toits et trottoirs ne manquent pas de belles
Pour guérir ton cœur de cette rebelle !
La mémoire fane les souvenirs
Les plus beaux comme pour les punir
De s’être cru beaucoup plus agréables
Qu’ils n’étaient, en vérité, adorables !
- La beauté n’est pas moindre, cher savant,
Quand, par malheur, elle s’envole au vent ! »
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