Petite fable affable
Même si l’on dit que « L’avenir, Madame,
Appartient à ceux qui se lèvent tôt ! »
À ce bel âge où l’on est tout feu tout flamme
Un jeune blanc bec du cru, un peu pataud,
Préférait mieux croire en cet autre adage
Qui dit : « La fortune vient en dormant ! ».
Aussi comme loir ou marmotte sans âge,
Il s’alita, sans question ni tourment,
Dormit sur ses deux oreilles - difficile ! -
Baillant dans son somme - ce n’est pas plus facile -
Pendant, raconte-t-on, toute une saison
Dans la chaleur douillette de sa maison.
Un matin, il ouvre un œil mais n’est plus riche
Que de poils au menton… « Ainsi hiberner
Se dit in petto notre brave godiche,
De la faim pour l’heure m’aura détourné
- Qui dort dîne ! - mais pas de mes fins : Sagesse,
Si j’en crois ma barbe, de ma sieste, est née ;
Mais peu m’importe, moi je veux la richesse
Il me faut très vite au repos retourner,
Et ronfler plus longtemps - Ah, je suis habile ! -
Je serai cousu d’or, moi qu’on croit débile,
Sans peine, avant la prochaine cueillaison ! »
C’était à dormir debout et déraison !
Alors notre beau au bois dormant se couche,
Somnole et rêve pendant toute une année.
Et il dormit, m’a-t-on dit comme une souche :
C’est à quoi sa logique le condamnait.
Il mourut, c’est fatal, sans s’en rendre compte,
Au détour d’un songe ou d’un soupir, soleils
De ce pauvre miséreux parti sans honte :
Sa nuit ne lui avait pas porté conseil !
Roupiller n’engraisse que tous ces fossiles
Vivant de vous, en parasite ou bacille ;
Se lever nourrit l’État pas ta maison ;
Quelle voie et vie choisir avec Raison ?!
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