Petite fable affable
Un de ces corbeaux bien plantureux
De l’espèce que l’on nomme « freux »
Et de la sorte qui soliloque,
Jouait les grincheux et les affreux.
Voilà qu’on l’invite à un colloque,
Un débat oiseux et soporeux,
Chez dames corneilles ses voisines,
Pas du genre à lui crier famine
Pas plus qu’à soigner leur cuisine
Ce corbac-là est un bilieux :
Le marécage fort périlleux
De la jeunesse était bien derrière
Lui ; et le désert si ennuyeux,
Car dévasté, de ce blanc suaire
Qu’est la vieillesse devant, au mieux.
Ces oiselles lassaient ses oreilles ;
Notre ami bayait aux corneilles
Malgré une voix sans pareille.
Le choucas n’est point patient. Ô,
Ce serait là son moindre défaut !
À l’heure où le jour dort comme enclume,
Où près de la grand’ mare aux roseaux
La grue taille au héron une plume
Qui, vu son âge, n’en a pas trop,
On discute jusqu’à la faillite :
Le corbeau parle et bée puis s’irrite
Qu’on n’entende point ses mérites.
Nulle ne l’écoute. Ouïes rabattues,
De guerre lasse, il dit, impromptu :
« Bye-bye, une fois n’est pas coutume
Je pars le premier, courbatu,
Plutôt que tout casser car j’écume
Quand les discussions sont têtues,
L’esprit fétu : je suis colère
Qu’ainsi m’ignorent vos lanlères,
Remueuses de maxillaires.
Car je pardonne à ceux qui m’ennuient
Plus volontiers qu’à ceux que j’ennuie ! »
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