D’après une œuvre de Camille Lesterle
Moi qui avais un corps sain
Voilà donc qu’il se métamorphose :
Un silencieux assassin
À mes jours et à mes nuit s’impose.
Il s’est niché dans mon sein
Plus doux et plus beau que primerose.
Sournois, virulent, malsain,…
Mais œuvrant comme un vrai virtuose,
Ce qui était moins qu’oursin,
M’a conduite jusqu’à la névrose :
Plus tranquille que ces saints
Sûrs de connaître l’apothéose
Sans trouille et sans froussin,
Il n’a rien d’un matassin.
Menant à bien son dessein,
Celui qui, chez d’autres, serait psychose,
Se joue des médecins,
Pour qui ma rémission est prose :
Industrieux capucins,
Ils cherchent ci, essaient ça et glosent
Faute d’avoir un vaccin.
Faut-il vous faire un dessin ?
Efficace spadassin,
Plus cruel que tuberculose,
Il m’a marquée d’un noir seing
Et m’entête jusqu’à l’overdose :
Tout pareil à un tocsin,
Il résonne en moi et m’indispose.
Les médecins en essaim,
Qui, peu à peu, se sont faits moroses
L’ont vu cossin, agassin.,
À peine pire qu’une ecchymose,
Et puis bénin tracassin,
M’ont communiqué leur sinistrose.
Sons succincts, la mort me ceint,
Du souffle de son buccin.
Et mon sein, tendre coussin
Couleur et parfum de passerose,
Est désormais un brassin,
Le nid bien douillet de cette chose.
Il forcit, ce crapoussin,
Et moi, je me sclérose et nécrose.
Illustration : Camille Lesterle, mai 2015
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