Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 1 juillet 2015

LE VRAI VISAGE D’UNE FIGURE DE LA BASSE-COUR

Petite fable affable

Parce qu’il était homme de l’oie, 
Matin, un jars s’improvisa juge ;
Des humains pour moins que ça se grugent.
À la ferme, il fit régner la loi
Avec feu et foi mais sans partage
Selon son humeur et la rumeur
Car il adorait les papotages :
Il rendait ses verdicts sur les mœurs
Des quadrupèdes, de la volaille
Sans qu’on ne le critique ou ne piaille.

Imposant à chacun son bon droit,
La justice lui était une arme
Contre malfaisants et maladroits,
Et face aux mal vus, fauteurs d’alarmes,
Lui fournissait des cages et des chaînes
Car les bêtes prisent les primés
Qu’ils soient simples glands ou bien vieux chênes,
Comme elles méprisent les brimés :
Il est donc dans de beaux draps, le hère
Ne sachant où coucher et qui erre !

Les urbains pensent, c’est séduisant,
Que la campagne est verte et riante,
Que les ruraux sont dépaysants,…
La différence n’est pas criante :
La justice ne pouvant mourir 
De son propre venin, à la ville
Comme aux prés, c’est souvent pour nourrir
L’envie de vengeance la plus vile
Qu’on veut qu’elle suive, en vain, son cours
En ses cours, soient-elles basse-cours !

Le jars jugeait selon sa jugeote,
Lui qui adorait parler de rien,
Seul domaine où ce fils de bargeote
Eut de vagues lueurs ; ce vaurien
jaugeait les gens selon la publique
Opinion, vrai chevalier des on-
Dits. Il ignorait donc le biblique
“Élan de l’âme“ qui rend moins con,
Pardonnant à ceux qui l’ennuyaient
Mais jamais à ceux qu’il ennuyait.

Qu’est-ce que ce portrait-là nous démontre ?
Qu’ici-bas, votre position dit moins
Vos compétences qu’elle ne nous montre
Défauts et travers. Pis, Dieu m’est témoin,
Elle les aggrave alors que court la montre
Car la peur qu’elle inspire à tous, au moins,
Vous la croyez respect à votre encontre.

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