Petite fantasia targuie
La fièvre du rêve m’offre le mirage
De sons venus d’ailleurs et, là, sans partage
Le pas lent et si digne de ma plume, un peu
Chameau, se met en branle, ses couplets alignent
En longue caravane de vains mots se peut.
Elle avance sans tirer par trop à la ligne.
Seule et silencieuse, cette méhari
Sinueuse traverse le désert de songes
De ma nuit noire, aux dunes en hourvari,
Que je vais coucher en infernaux mensonges
Sur une feuille aussi blanche que tous les rais
D’un soleil nu dont nul ne peut, las, se parer.
Dans l'oued asséché des clichés, elle laisse
Un long sillage gris d’empreintes qui délaissent
Les puits où la vérité a versé, en esquissant
Dans le néant mouvant du sable quelques traces
D’une route incertaine que le vent glissant,
Vivant comme seuls savent l’être ceux de sa race,
A sitôt balayé, fera vite oublier
Car toute chose établie se doit de plier…
Dans les vagues crues de cet océan instable,
D’erg en reg, je nomadise, assis à ma table,
Sous ma lampe brûlante en une théorie
De vers voués à l’éphémère, pleins d’ébène
Et déliés d’ivoire. Même les scories
D’un temps abrasif me sont alors une aubaine.
D’un temps abrasif me sont alors une aubaine.
Ainsi, au pas de ma plume je conduis,
Sans frontière ni balise aujourd’hui,
Toute cette cohorte de rimes esclaves,
Aux pieds entravés qui sont, ma foi, plus chers
À ces nefs qu’un point d’eau apparu à l’étrave,
Trésor des trésors dans ce brûlant univers.
Point de razzia, malgré les couffins d’or rouge
Car les coupeurs de route jamais trop ne bougent,
Quoique toujours guidés par la soif de soies,
Quand cheminent nos bons coureurs, fiers nomades,
Qui savent qu’ici on est libre d’être soi,
Assis sur le silence, dont les chants, les plaintes
Ne sont que les doux échos d’écritures saintes…
En pareil voyage, il n’est de bon terminus
Que bonne terminaison. Sans peur ni plaie, gus !
Or dans l’oasis d’une pause, en cours de course,
Quoiqu’y tournait sans fin la noria des temps,
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