Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 juillet 2011

HAÏKU MUNISME

Si trop d’impôts tue les pots, trop d’égaux tue l’ego !

MOUTONS HÉBERGÉS SUR LA MONTAGNE

Cycle pyrénéen
      Les nuages volages, de cirrus cirés en cumulus accumulés, se font nuée embuée avec la brise qui s’irise en une bise qui attise tout. Sous ce souffle essoufflé, le friselis des nues qui s’amoncellent sur des monts écrasés d’ombres annonce la rage du ciel, l’éclair trop clair et l’averse (qui verse).
   Dans un clair obscur qui augure un déluge de démiurge, une rafale avale les restes de l’azur si sûr des cieux audacieux, le condamne à la grisaille du grain à venir, aux giboulées qui vont débouler.

BRISE D'ÉTÉ

L’air tiédi du soir chargé d’innocence
Fleure un parfum par son souffle effleuré
Son courant alourdi d’essences encense
Nos sens aiguisés et portent leur faix
De senteurs sensuelles demeurées
Dans l’ondoiement de tes cheveux défaits

FORÊT EN FUITE


      À quelques lieues des majestueux baobabs qui écrasent de leur règne de nabab la savane si sèche et si plane, il est des lieux aux verts mêlés où tout n’est que luxuriance, agitation et humidité, embarras de bubingas et fouillis de moabis ou de flamboyants rayonnants, enchevêtrés de lianes couleur tabac. Parmi eux se mussent, dans la mousse, abachis buissonniers et bananiers avachis. 
   Dans cette forêt tropicale et inamicale on trouve, quelle aubaine, des acajous, mais aussi des ébènes emmêlés et des sipos si beaux côtoyant des palmiers échevelés que la tronçonneuse lâche, la scie vénéneuse et le gâchis de la hache ont, pour un temps, épargné.

DÔMES D'HOMMES

Le bon vouloir du temps qui passe
Heures lasses qui s’entrelacent
Nous laisse parfois un espace
Où tout délasse où l’on s’enlace
Mais ces instants vite trépassent
Las la fleur fane et fond la glace
Nous conduisant vers une impasse
Sonne hélas la rentrée des classes

vendredi 29 juillet 2011

HAÏKU'R DES GRANDS

Napoléon III ?!… De la famille, c’est le second… en pire !

BROUILLARD SUR LES CRÊTES

Cycle pyrénéen
  Pudique comme une vierge biblique, la brume embrouillée jette un voile mouillé et vaporeux sur une gorge nue offerte aux nues. Elle cache dans un coton uni et nébuleux un vallon profond et ses frondaisons fleurant les fruits de saison ; elle couvre d’un drap fluide et humide des ballons aux rondeurs provocantes et y perle doucement ses pleurs en rosée d’aurore.
  Dans la moiteur de la brume embuée de nuages, le relief semble dévoré par une onde blafarde qui esquisse et gomme ses courbes, estompe et aquarelle ses couleurs. Accrochée, elle écrête les sommets mamelonnés et transpire un ciel de sueur fraîche et pénétrante. Attachée, elle étête les crêtes discrètes et coiffe les pics effilés d’une chevelure filasse qu’emmêle le vent qui s’y mêle. Elle encapuchonne les monts d’écume immaculée et mouvante où se claquemurent les murmures et les fadaises d’un soleil affadi.

LES LUMIÈRES DE LA VILLE

J’ai fait ce rêve abracadabrantesque
Mais demain, sûr, je partirai là-bas,
Pour cette capitale gigantesque…
Qu’ai-je donc à espérer ici-bas
Hormis la misère qui vous abat ?
Je ne serai qu’un cul-terreux grotesque
Comme mes pères, qu’on dit “pittoresques” ;
Non, je ne veux pas vivre au bois dormant
Ni, à vingt ans, paraître un vieux de fresque.
Je vous dis que je veux vivre autrement !

Comme on part pour les terres barbaresques,
Sans débat ni combat, sans branle-bas,
Je fuis une besogne titanesque
Pour une caverne d’Ali Baba
Pour vivre en pacha, sans coup de tabac.
Je quitte un monde aux traditions livresques,
Condamné aux habitudes, ou presque,
Aux coutumes et à l’abaissement,
Pour des joies, des rires, des arabesques,…
Je vous dis que je veux vivre autrement !

Certains, avec des grimaces simiesques,
M’ont bien promis labeur, pleurs et coups bas
Et, bien pire, un avenir picaresque
Car un gueux ça garde toujours son bât ;:
« Sache que celui qui trop rêve en rabat
Ici, là-bas ou sous les cieux mauresques ! »
Fustigeant mes fantasmes romanesques
Tous les envieux m’ont dit, sans fondement,
Que l’usine, c’est un enfer dantesque…
Je vous dis que je veux vivre autrement !

Je laisse là tous ces bouseux burlesques
À leur peur de l’inconnu, des Tudesques,
À leur train-train vieillot, sans agrément,
À leurs mille maximes prud’hommesques
Car moi, je vous dis que je veux vivre autrement !

LUMIÈRE DU LEVANT

Cycle pyrénéen
 Les confins rougeoyants du ciel s’éveillent
 Hissent une bannière d’ors et de sang
 Drapant de couleurs les monts en merveilles
 Couvrant  la vallée d’une ombre attiédie
 L’air dépose des rubis innocents
 Que le frais petit matin congédie

JE N'APPLAUDIS PAS À DEMAIN

J’ai la vue délavée par la vie
D’avoir suivi mes jours sans envie,
Aux avis du paraître asservie,
D’être toujours servie, assouvie,…

Sur des pavés dorés, je chemine :
La vie, pour moi, n’est qu’une mine
Qui m‘offre ses filons de biftons
Loin des chansons, du qu’en-dira-t-on,…
Oui, je suis blasée quoique gamine
Et l’orgueil des miens me contamine :
Je n’ai ni passions ni compassion,
Pas d’appréhension, peu d’impulsion,…
Seulement cette mauvaise mine
Qu’arborent les miens que l’ennui mine.

Ma vie est parvis, mes vœux préavis,
J’ai tout ce dont rêve qui m’envie
Ou dévie et n’en suis pas ravie :
Las, ma vie lasse n’est que survie !

mercredi 27 juillet 2011

HAÏKU C'EST JOULI !

 Après l’Hymne à la joie et l’Hymne à l’amour ferons-nous l’Himalaya ? 

NUIT ÉTOILÉE

Cycle pyrénéen
Sur la toile d’une nuit étoilée,
Baigné des chaudes senteurs estivales,
Le voile du ciel nous a dévoilé
Des poussières de lumière en semis,
Essaimées sur des rives sans rivales
Coiffant les monts à demi endormis…

VIVA LE VIDDA

Le Vidda
Est un gars
Qui sommeille,
Las, quand sa moitié,
Toute à son métier,
Œuvre comme abeille
Dès qu’elle s’éveille
Sous les « Ha ! » !

Car Vidda
Est un cas :
Il est homme
Au foyer mais rien
Ne fait, mal ni bien ;
Il crayonne et gomme
En croquant des pommes.
C’est un bât !

Ce Vidda-
Là est las :
En « artiste »,
Sûr de son talent,
Il, attend, dolent,
Que s’ouvre une piste.
Mais rien. Il s’attriste
Sans débat.

Pis, Vidda,
Fier et fat,
Aux critiques
Donne des leçons,
Au travail Canson
De tout autre tique…
 Et pas bas !

Si Vidda
N’aime pas
Les secousses,
Il fuit le travail :
Tout projet sur rail,
De fumée en mousses,
Tombe à plat !

Mais Vidda
Vit et va,
Se préserve,
Entouré de cons,
Jà dans un cocon,
Sans peurs ni réserve,
En diva.

ÉCLAIRCIE EN CLAIRIÈRE (Il faut que le bois d'orme !)


 Oui, de cyprès qu’on y regarde, Toi, l’Indien,
Tu vas à ton bouleau pour le pin quotidien.
Tu hésites : Tremble ? Frêne ?… Toi, Saltimbanque,
Ta vie est sans  charme, n’est que chênes à porter,
Mélèzes, envies de noyer - C’est pêcher, Té ! -…
Quand ça sent le sapin, un saule hêtre vous manque
Et tout est des peupliers !…
Je sais : c’est nul à scier !

PAYSAGE À L'EAU

Cycle pyrénéen
      Sous le soleil mouillé des ciels lavés, l’eau éclatante des gaves tumultueux, au cours sinueux, inonde, éclaboussures de lumière, le somnolent silence d’un roulis de pierres empressées et empesées. Elle s’insinue et s’écoule même là où tout s’écroule, ces cascades de cailloux qui roulent - chaos bousculés et rocs basculés - aux graviers qui crissent et aux roches qui décrochent.
   Filet filant ou ru ruisselant, elle sourd des flancs bouleversés puis court et parcourt, apaisante mais bien présente, vallons scarifiés et cicatrices des vallées. 

lundi 25 juillet 2011

HAÏKU DE THÉÂTRE ?

Sous prétexte de bienséance,
d’aucuns voudraient priver « coquille » de son “q”.
Ils risquent d’en faire une grosse !

À CE JEAN QUI PLUT TANT AUX GENS

Oui, enivrons-nous, mes Amis, à l’envi
Des stances de philosophes interlopes !
Que ces vers de fabulistes soient varlopes
Ou ciseaux selon l’envie
Qu’ils nous sculptent dès l’enfance
Du relief, de l’exigence
Contre l’indigence indigne ou ravie !
Qu’ils soient nerfs de toute étude,
Offrant à la philosophie un prélude.

Dépoussiérons donc, ensemble, leurs vertus
Retrouvons leur constance, leur insolence :
Semons le grain de leurs mots sur nos silences,
En nos âmes dévêtues
Que des excuses empoisonnent,
Que des raisons emprisonnent.
Loin des sentiers rebattus,
Moissonnons un idéal ni moraliste
Ni même paternaliste :
Conteur n’est pas moralisateur obtus !

En nos temps de dogmatiques certitudes,
Le fabuliste est tout en désuétude,
Balancé dans les poubelles de l’oubli
Et sa sagesse s’ensable.
Reste quelque fable affable,
Dans une langue anoblie,
Offrant une éthique plus qu’une morale
Figée ou, pis, doctorale
Aux fils de toute ère aux valeurs affaiblies…

Reprenons le flambeau si peu formaliste
Du pépi Jean, le fabuleux fabuliste !
Cultivons la terre avant nous labourée
En honnête homme, épigones
Des poètes qui bougonnent
Des sentences savourées,
Sur les humeurs, les travers dont l’Homme écope
Depuis Phèdre ou bien Ésope…
Car affabuler, c’est rire et savourer !

CHIENNE DE VIE

Petite fable affable

Un toutou quelque peu cabot
Se plaint du sort qu’on lui réserve :
« Pourquoi supporter au jabot
Ce collier qui sangle ma gorge ?
Pourquoi faut-il que je les serve
Pour avoir une pâtée d’orge
Mélangée d’abats avariés ?
Pourquoi faut-il que l’on m’enchaîne
À la souche d’un vieux poirier ?
Me voilà sonnette et cerbère,
Jusqu’à une sortie prochaine
Mais sans espoir qu’on me libère.
Pure race, je dois mendier
Leur affection et ma pitance.
À servir je dois me dédier :
Berger ou chasseur en campagne,
Tout en constance, en assistance ;
Gardien en ville, où c’est le bagne ! 
Est-il quelque lieu où le chien
N’a pas à rendre de service
Pour être nourri mieux que bien
Et apprécié pour ce qu’il est ?! »
Un chat siamois, tout en vice,
Entend ce qu’il articulait.

« Il y a, dit-il, à se plaindre
D’être aussi maltraité que toi
Et, comme tu le fais, de geindre.
Dans mon pays, là-bas, au loin,
Tous les chiens ont le même toit
Que leurs maîtres, bercés de soins.
Ceux-ci grassement les nourrissent
Sans jamais rien leur demander
Et cèdent même à leurs caprices :
Nul chien ne chasse ni n’aboie
Chez moi et nul n’a à garder
Ni bête, ni homme, ni bois ! »

Et sur la foi de ces paroles,
Le chien se voit déjà servi,
Sans avoir à tenir de rôle.
Donc il s’enfuit sans que personne
Rien n’en sache, hors le chat ravi.
Il part sur la côte bretonne
Et s’embarque pour ces pays
Qu’on lui a dit paradisiaques
Où il vécut comme on lui dit,
Grossissant comme oison s’emplume.
Enfin, il fut bien servi quoique…
Avec du riz et des légumes !

Les demi-vérités nuisent toujours bien moins
Que les desseins de qui nous les sert. Et de loin !