Petite fable affable
Dans le petit matin qui pointe,
Quittant sa verte courtepointe,
Monseigneur-Duc le Hérisson
Arbore son caparaçon
D’épingles fines qui échardent
Tous les frais museaux qui musardent,
Le pied, la main du chemineau,
Le bec de l’aigle et du moineau
Comme les crocs de Dame louve.
Fier que rien de grand ne l’éprouve,
Notre noble trotte-menu,
Aussi ingénu que charnu,
Peigné comme l’est une brosse,
Ne craint ni les coups ni les crosses.
Dards au clair, épines au vent,
Il file toujours droit devant.
Par Dieu, rien ici-bas n’arrête
Sa course folle d’opérette.
Il est vrai qu’il n’est d’animal
Qui ne sache combien font mal
Ses aiguilles qui éperonnent
Tous ceux qui, de près, les luronnent.
Benoît, lui croit leur faire peur,
Car l’orgueil est poison trompeur :
Cette engeance qui est poltronne
Oublie, malgré ses traits en couronne,
Qu’au moindre bris, qu’au moindre bruit,
Elle se pelotonne ou fuit.
Pourtant, notre piquier épique,
D’une puce, souffre les piques.
Il ne peut lutter ni gratter
Sa fourrure aiguisée, gâtée
Par cet excrément de la Terre.
Plus il se tord, se roule à terre,
Se met en boule à ses assauts,
Plus cette puce fait de sauts ;
Mais il lutte à perdre alêne.
Si les gros le font, la vilaine,
Lâchera vite prise aussi !…
Soudain elle est à sa merci.
Il veut occire ce grain d’orge
Mais se perce, tout net, la gorge.
Le pire des ennemis est
Celui, quelle que soit sa race,
Qu’on néglige : ce qu’on croit cadet
De nos soucis, souvent terrasse !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire