Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 31 mai 2014

HAÏKU PEU ROSE

Sanctuariser c’est sectariser !

IMPÉNITENT & SANS ÉCLUSE

Mon Aimée de longtemps,
Que le temps qui ruse, vil, n’use,
Mon éternel printemps,
 Ma muse musarde et s’amuse
À dire tant et tant,
À te rendre rouge et confuse,
Jusque dans nos mi-temps.
L’Obtuse est sans aucune excuse,
L’amour impénitent,
Que je te voue, battant.

Allant à contretemps
D’un siècle qui arquebuse
Sentiments éclatants
Et sensations qui le médusent,
Où je me sais un taon,
Où tu te sens intruse,
Nous voilà inquiétants.
Cette ardeur sans céruse,
Ni fard, que patine le temps,
Déplaît aux charlatans.

Mon Aimée de longtemps,
Loin des sots, de leurs cornemuses,
Mon éternel printemps,
Nous qui ne gardons pas recluses
Nos amours de Titans,
Qui ne les voulons pas diffuses,
En trop les limitant,
Laissons aux buses de cambuse
Plaisirs intermittents
Et désirs d’entre-temps !

L’ARAIGNÉE DU PLAFOND

Petite fable affable

Parce qu’il gobe tout, ragot et mensonge,
Le vieux Marcel, on le croit bête et niais.
Cet innocent se paie en monnaie de songes ;
On lui croit donc volontiers une araignée
Au plafond avec son éternel sourire :
Il n’était rien, n’avait rien et croyait tout !

Pour tout le village ce sot prête à rire,
Et, pis, on ne lui épargne rien, surtout
Mots mesquins, fichus tours et douteuses blagues,…
Ce benêt, quoique la risée de chacun,
Garde toujours un sourire dans ses bagues.
Il ne s’efface jamais malgré taquins,
Méchants et mauvais qui, hélas, le harcèlent.

Il ne connaît pas d'autres amitiés ;
Pourtant sa bonne humeur jamais ne chancelle.

La seule qui ait eut quelque pitié
Pour lui, à défaut d’amour, un jour, demande :
« Tu ne vois pas qu’ils te prennent pour un con ?
- On est toujours l’ahuri d’un autre… en bande !
- Pourquoi sourire à ces ânes rubiconds ?
- Pardi, pour qu’ils me croient heureux, ces apôtres :
Ton bonheur fera toujours chier les autres ! »

jeudi 29 mai 2014

HAÏKU LAID

J’ai du cœur, de l’esprit et un métier
où le premier ne sert peu et le second encore moins.

LES GOÛTS DES RATS

Petite fable affable

Dans une masure, un rat docte et zélé,
Qui logeait au grenier mais hantait la cave,
Passait pour sage et saint, pourquoi le celer ?
Car il parlait bien, le ton haut et la voix grave.
Le voilà prélat prêchant, calomniateur :
Car n’aimant guère les dames ni la femme,
Moins la créature que son Créateur,
Il invectivait l’être inférieur, sans âme,
Qui faisait la joie et la prospérité
De son espèce en mots sans chaleur, arides.

Pour lui toute fille était Diable à la nuitée
Ou indomptée ne souffrant ni mors ni bride ;
Bref : « Une joie trop courte, un souci trop long ! »,
Un péché d’enfer, une erreur d’aiguillage,…
Il vitupérait en ses sermons contre, selon,
 Ce fort mauvais marché qu’est le mariage
Ou l’illusion de l’Amour payant chacun
En songes mensongeux, en aubes traînantes,
En chapelets de douleurs,… qu’on soit quelqu’un
Ou rat de rien, la moustache frissonnante.

Avouons-le, sa voix plaisait plus que sa voie :
Sa foi et sa chapelle avaient peu d’adeptes.
On l’écoutait prou, le portait au pavois, 
Mais on suivait peu, et de loin, ses préceptes.
Pourtant nul n’osait contredire ce saint,
Jusqu’au jour où un très vieux veuf, dont l’épouse
Avait été tuée non par un médecin
Mais par la maladie, mit ses pas dans la bouse :
« Maître, la douleur me poigne d’être seul,
Dit-il. Inconsolé d’avoir subi la perte
De l’Aimée qui repose sous les glaïeuls.
Elle fit de ma vie non une île déserte
Mais un doux paradis, perdu pour toujours.
Si toute femelle est telle que vous dîtes
Que dois-je penser du fruit tombé, un jour,
Des entrailles de votre mère ?… Hein ? dîtes ?!… »

MON CHIEN, MA TIRE & MOI

Mon chien, ma tire et moi, on vit à cent à l'heure.
On te fait frissonner cette ville d'émoi,
Cette ville morte de fin qui, toujours, pleure
Ses gaz et ses néons, mon chien, ma tire et moi.

Mon chien, ma tire et moi, on est la vie. Gageure
Dans la cité dormant jour après jour, et mois
Après mois, où notre solitude n'apeure
Que sots et fous. Pas mon chien, ma tire et moi !

Mon chien, ma tire et moi,  on est roi à demeure
Du béton, du bitume et des esprits étroits.
On nous respecte quoi, mon chien, ma tire et moi.

Mon chien, ma tire et moi, c'est race supérieure,
Des maîtres, des chasseurs, pas des proies inférieures.
Tout nous appartient à mon chien, ma tire et moi.

mardi 27 mai 2014

RE-HAÏKU NAISSANCE

Mon existence est un exil tant il m’est exclu
d’excuser ce monde exclusif qui est mien.

STRIKE ON THE ROAD

La route, tu vois mec, c'est ma piste de jeu ;
Nue, longue et droite. Impec' !… Et ça roule, et ça glisse,…
Tiens, je m'y ferais bien un' brochette, bel enjeu !
Oui, comme ça. Pour rien. Sans haine ni malice.

Juste pour voir, un peu, si vraiment je le peux,
Pour savoir si mes pneus qui crissent, quel délice !,
Et mon moteur qui gronde et ronfle, ami, complice,
Osera, dans ce monde qui s'dégonfle, l'odieux.

Je suis chaussé de neuf. J'suis tenté. Quel supplice !
Le carrefour est veuf de son feu. Coup piégeux !
Est-ce un tour des croulants qui se disent "police"  ?

J'prends mon élan, d'un coup. Rien devant. Tout est lisse.
J'accélèr' mêm' du pouls et réussis, cœur fangeux,
Mon strike à grand bruit : dix passants d'un coup. Jeu !

AH, LA BARBE !

Petite fable affable
D’après un conte d’Alphonse Allais

Souvent, les questions les plus anodines
Vous prenant à rebrousse-poil en sourdine,
Ne tombant pas pile poil ou mal servies,
Bouleversent de fond en comble vos vies.

Ainsi, lors d’un barbecue, ces pince-fesses
Que l’on fait entre voisins, avec débats,
Barbeaux en filets et barbaque à la caisse,
Un barbon de sombre et mauvais poil tomba
Sur un barbu barbant venant de la Barbade.
Après avoir déparler de Barbara,
Bête à poils, portant toujours sa barbe à ras
La jupe, que notre cacochyme bade,
Il demanda : « Que faites-vous dans la vie ?
- Je suis peintre, fait le poilu, euh !… artiste.
- Barbouilleur, quoi !… Avec un poil dans la main
En plus de ceux du menton, com’ le caviste ! »
Lard ? Cochon ? Ça méritait un examen
Mais le chenu chiant a repris sa charge :
 « Donc, comme tous les barbares bas de poil,
Vous dormez la barbe sur la couverture ?
- J’avoue, dit le velu, que les ratapoils
Dormaient avec la leur sous la couverture,
Mais moi, je n’y ai jamais bien réfléchi ! »
Or l’ancien, reprenant du poil de la bête
Et barbotant maintes becquées sans chi-chi,
De lui cramponner la jambe, sa barbette
De vain bavard en batterie, avec ça.
À minuit, notre barbu rentre et se couche,
Il cogite la question comme un forçat :
Dessus ?… Dessous ?… Il n’a que ça à la bouche
Et n’en ferme pas l’œil. S’il se rappelait !
Dessous ? Dessus !… Dessus ? Dessous !… Ça l’obsède.
Les nerfs en pelote de fils barbelés,
Fourbu, il se lève et va chercher de l’aide
Auprès d’un barbiturique. Puis au lit.
Et… Dessus ?! Dessous !?… Quelle est la bonne place ?
Ses poils se dressent sur sa tête et des plis
Marquent ses draps, le coin de ses yeux, sa face,…
Il maudit les vieux de tous poils, jusqu’à l’aube.
Puis, harassé par la nuit qu’il a vécue,
Il se lève sans avoir dormi, la daube,
Et se rase la bec, vaincu. Poil au…

lundi 26 mai 2014

SOUS L’HAÏKU, PAUL !

Si les moines sanglent leur bure d’une corde
c’est pour avoir un esprit saint dans un corps ceint !

dimanche 25 mai 2014

HAÏKU RONNEMENT

Plutôt qu’être connu j’aspire à être reconnu.

RÉCHAUFFÉ PAR UN FEU ARDENT


Un amour est passé dans ma vie en comète,
Faisant des feux de joie de bûchers de regrets.
Un amour qui n’était que flamme d’allumette
Incendia mes jours et embrasa mes nuits.
Certains se consument, s’éteignant en larmettes,
Vous desséchant l’âme et le cœur, bon gré, mal gré,
Illuminant au plus loin l’horizon mais omettent
D’éclairer c’est banal, banalités, ennui,…
Or le mien flambe, comme se le permettent
Toujours les brasiers, de douceurs en  progrès,…
Je me suis enflammé pour ma p’tite comète
Et aucune étoile, nul soleil ne lui nuit.

LA CHATTE À POIL

Petite fable affable

Il y eut une fois, au fin fond d’une ferme,
Une chatte qui ne se trouvait pas assez
Admirée, choyée, cajolée, caressée,…
À ce vrai scandale, il lui fallait mettre un terme.
Ah ! le sinistre écueil que peut être l’orgueil !
Voulant qu’on ne l’aimât ici-bas que pour elle,
Qu’on la regarde avec de la tendresse à l’œil,
Elle se fit autre. Ainsi, font les pimprenelles !

Elle perça un peu plus le bas de laine usé,
Troué d’être tourné et retourné pour rien,
Oui si peu, mais assez pour voir l’esthétichien !
Elle a lu que le glabre était fort à la mode
Donc notre minaude finaude - un brin rusée -
Voulut qu’on lui ôtât sa toison. C’est commode !

La diva du divan, rasée, plut à son maître.
Il avait pour elle cette attache et ce lien
Que crée l’habitude. Il eut, désormais, un bien
Bel appétit à la voir, l’avoir, et connaître,
Soir et matin, avec elle, tendres transports
Et fort doux commerce. Ma foi, si on ne l’aime
Pas mieux, on l’aime plus et sous tous rapports.
Hélas, le poil repousse et pousse à l’anathème.

Minette, lassée d’être à nouveau délaissée,
Plus d’assez près tondue, courut chez l’autre chien,
Celui qui lui permit de se trouver si bien
Et demanda, sans fard, que, sur l’heure, on l’épile.
Pour être aimée, c’était la seule panacée ;
S’il faut souffrir pour être belle, elle rempile !

Quand elle revient, au fin fond de sa ferme,
Cette chatte épilée fut fêtée, embrassée,
Admirée, choyée, cajolée, caressée,…
Cette fois, c’était sûr, ça n’aurait pas de terme.
L’habitude mène tout vite à son cercueil
Car tout passe, tout lasse et tout casse, Donzelle !
Et la chose chauve fatigua comme breuils
Harassent le chasseur de faute originelle.

Imberbe, notre chatte quitta, désabusée,
Les champs pour courir la ville et, pis, ses vauriens.
Privée de fourrure, elle devint fille à chiens,
Se flétrit, se fana, la minaude nigaude,
Prise pour ce qu’elle n’était pas, abusée
Par tous ceux qu’elle ne voulait pas et qui rôdent.

Méfie-toi des modes : je peux t’en assurer,
Elles mènent, elles qui tant te dénaturent,
De désirs en choix allant contre-nature
Au plus loin du bonheur que tu te figurais !

samedi 24 mai 2014

NOUVEL HAÏKU N’TINENT

Toute foi est une quête,
Alors, mon Dieu, pas si bêtes,
les monothéismes la monétarisent
autant, voire plus, qu'ils la thésaurisent.

vendredi 23 mai 2014

HAÏKU PONCTURE

On loue autant qu’on craint la vérité.

EN ROUTE POUR… ME F… EN ROGNE

Auto-parodie

Un gars m’dit  : « On s’la coule douce
Car, bien sûr, les profs font le pont !
- Non, pas cette fois, j’ai dit pouce ! »
Une autre : « B’jour !… Alors on fait l’pont ?
- Non, com’ j’disais, mamie : pas d’pont !
- Ça chang’, la France ! »
J’entends : «  Alors un’ grève ou l’pont ?!
- Raté… sans nuance ! »

Survient l’voisin : « L’pont y pousse ?
- Non, cette année, pour moi, pas d’pont ! »
Lui a cinq jours, il est d’la Rousse :
Les R.T.T font d’super ponts.
Puis j’abandonne ces crampons
Qui trop balancent
Et crie à un qu’arriv’ : « Pas d’pont !
- Condoléances ! »

 J’rumine en rentrant : « J’fais pas l’pont :
J’n’ai pas vot’ chance !
Pourquoi ? Parce que, Mes poupons,
J’suis en vacances ! »

LE SOURIS SOT DU SOURICEAU

Petite fable affable

Serait-il cruche, ce souriceau,
À sourire d’un air si niais,
Qu’on le traite, là, de vermisseau
Ou lui parle du chat grassouillet ?
On le dit bêta, balourd, crétin,…
Qu’il ne craint pas les buses en étant
Une. Et lui sourit du matin
Au soir. Ça en est inquiétant !
L’oeil nigaud, le sourire idiot,
Il va et vient, en serin et serein,
Inconscient, le long des tuyaux
Et des murs, humant à plein tarin,
Ce simplet, sans vraiment se cacher,
Appliquant l’adage maternel,
Le seul bien qui lui soit personnel :
Il vaut bien mieux se taire et passer
Pour un c… qu’ouvrir, pour un couplet,
La bouche et prouver, alors, qu’on l’est !

mercredi 21 mai 2014

HAÏKU PONT

Quelle peut être la foi d’un arbre qui croît ?!

TROP TENTANT

          J'étais d'ici, de ce pays d'étangs inquiétants et peu palpitants. Mauvais temps que ce temps-là. C'est ainsi. Je n'ai pas choisi. Un contretemps pensai-je. On y vivait comme au vieux temps où le méritant allait, végétant, en passant son temps à le prendre, tout le temps. C'est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… qui s'estompe avec le temps, les vieux se mourant. Tout n'a qu'un temps et on doit le prendre comme il vient, en un rien de temps, ce temps qui se partage ailleurs  !
     Quand vint mon beau temps, en un mot le temps voulu, m'agitant, il était grand temps que je parte. C'était épatant : la ville aux charmes excitants aux tons éclatants m'attirait comme un soleil de printemps : à moi le bon temps, les longtemps,…. Pas de mi-temps ni de temps partiel, la vie se vit à plein temps ici… même pour les intermittents, pour qui les temps sont durs, il est toujours et encore temps. Enfin là. En ville, je veux dire. Dans cette ville aux populations civiles et aux temps pleins et beaux, adeptes impénitents du juste-à-temps. Un pays haletant de battants et, aussi, malheureusement pour moi, de charlatans aux ciels éclatants tant et tant. L'endroit où se donner du temps et se payer du bon temps et où chaque chose se fait en son temps, soit-il gros, bon, vilain, beau ou sale. Le temps, c'est cool !
     Je croyais y trouver un meilleurs ailleurs mais on me rappelait, mise et accent, que j'étais d'ici. Alors j'ai voué et passé mon temps à paraître autochtone, sans jamais être considérée comme indigène même si je donnais le change, de temps en temps, vivant de l'air du temps dans lequel j'essayais  toujours d'être comme il est de bon ton en ces lieux où le temps est devenir libre hors son emploi du temps surchargé. Un Léviathan excitant fait pour les Titans et les combattants d'un tout autre temps.
     Tout en étant de mon temps, je n'ai pas eu l'heur ni le temps de me faire à ces changements miroitants de temps et d'air. Les choses étant ce qu'elles sont, le temps se dilatant moins que les prix, vite exorbitants. Où on ne peut prévoir le temps, l'occuper à des riens, en gagner pour mieux le gaspiller, le marquer ou le meubler, à vouloir rattraper celui que l'on perd ou que l'on donne sans y prendre garde,… car on n'en a jamais assez et on ne peut jamais le remonter. Et pourtant à veut le gérer au mieux, mais cela demande du temps. De ce temps qui vous abîme quand il se met hors de lui-même, en temps normal !
     Je suis donc revenue ici… dans ce pays d'étangs hésitants et limitants, au mitan de ma vie. Et, depuis, j'y tue le temps à ne rien faire et, Bon Dieu, que le temps est long quand on ne sait comment le tromper ou le perdre. On se donne le temps, dans ce monde que je connais de mon enfance, où les habitants irritants me reprochent d'être, mise et accent, de "là-bas". Je suis un taon que l'on regarde d'un air de "va t'en", une fille de Satan. Moi qui suis ici née, ici, autant qu'eux, je serais corrompue par la ville. Devenue vile alors que je suis toujours moi, comme avant le temps où je n'étais pas partie.
     Certes je n'étais pas femme, alors. Ni fille, d'ailleurs. Car entre-temps…

LE FERMIER QUI LA FERMAIT

Petite fable affable

Ce vieux fermier était un taiseux :
Un geste lui coûtait moins qu’un mot.
Avare de sons, notre bouseux
Vit, un jour, un notaire grimaud
Venir, tout sourire, jusqu’à lui ;
Il était volubile à souhait,
Parlant du soleil et la pluie,
D’un ton alerte. L’autre, muet,
Attendait que tous ces vains propos
Laissent place au vrai et au concret.
Le tabellion fit le tour du pot,
Atteint de verbale diarrhée,
Puis demanda au Silencieux,
 S’il consentait à la lui vendre, enfin,
Maintenant qu’il était mal et vieux,
Arpents et champs dont lui avait faim.
Le fermier lui présenta, sympa,
Son fusil et fit d’un air buté :
« Garde-toi du chien qui n’aboie pas
Comme de tout être qui se tait ! »

lundi 19 mai 2014

HAÏKU BALTE

Comme les soucis et les ennuis,
on a les amis qu’on peut et les ennemis qu’on mérite.

LA PIE & SES VOISINS

Petite fable affable

Une pie pérorait sous le vain prétexte
Qu’il ne serait point de fumée sans feu.
Elle faisait des explications de texte
Sur tous les propos, vil boutefeu,
Surpris ou épiés par cette sournoise ;
Elle inquisitait, de ses voisins,
Les faits et gestes. Cela faisait quelque noise
Car notre Mesquine, pas zinzin,
Interprétait toute chose à sa sauce
Poussant à la dispute, au combat
Et mieux à la rupture toujours fort grosse
De conséquences. Que de coups bas,
Par jeu, malignité et malice !
On finit par la laissait parler,
Lassé… mais, feignant de n’être plus complice
De ses clabaudages déballés,
Tout en écoutant tous ses mots horribles :
Elle a instillé, toute en roueries,
Le vain doute, ce poison des plus terribles,
Qui pourrit tout ce qui vous nourrit !

CIRCULEZ, Y'A RIEN À VOIR !

Ma ville s'étouffe, hélas, ma cité se meurt.
Je la traverse sur des voies qui la transpercent.
Sans la voir, sans la vivre et sans que sa rumeur
Qui nous berce ne nous gêne plus qu'une averse

Ma ville m'étouffe, hélas, ma cité qui meurt.
Je la transperce avec des vies qui la traversent
Sans l'avoir, sans y vivre et sans que sa clameur
Qui nous perce ne semble un tantinet adverse.

Tu circules et roules autrement, en fait, tu meurs.
C'est la ville, civile, où on traque commerces
Et négoces grandis enfumant le frimeur.

Je circule et roule alimentant ma tumeur.
C'est la ville, si vile, où on cherche un commerce
Où mon gosse grandit enfumé et chômeur.

samedi 17 mai 2014

HAÏKU PELLE

Le pain complet le reste-t-il une fois tranché ?

LE SPHINX, ROI DES LYNX

Petite fable affable

Une fort étrange bête à corps de lion
 Et à tête d’homme régnait, autoritaire,
Sur le monde des lynx, qui étaient fourmilions
Devant sa puissance. Ils devaient toujours se taire
Et agir promptement, devancer ses désirs,
Obéir aux ordres,… Souvent subir ses foudres
Ce qui ne valait pas mieux que son « bon plaisir ».
Son arme était l’effroi, et la peur, sa poudre.

On en causait parmi les autres animaux ;
Surtout chez les bêtes que les lynx terrorisent.
« Leur férocité nous indique moins les maux
Qu’ils subissent et de leur souverain l’emprise,
Dit le hibou. Car le roi de ces batailleurs
Redoute, en son for, tôt ou tard, d’avoir la maffre :
 L’anxiété des uns montre bien la frayeur
De celui qui leur fait subir alarme et affres !

Car, pour Épicure, on ne peut être sans crainte
Quand on n’inspire, à tous et chacun, que la crainte ! »

SUR LE MÊME BATEAU

J’ai cru embarquer sur un trois-mât
Au beau jour maudit de ma naissance,
Pour voguer sous les meilleurs climats,
Naviguer sur des flots d’innocence,
Loin des tempêtes et des frimas,
Mais mon navire de croisière
N’est, je le crois bien, qu’une galère…

Et, depuis, j’avance vers un port,
Sur le banc, à la chaîne, en cadence,
Sans avoir trouvé où est le nord ;
Garde-chiourme menant la danse,
Quel que soit le vent, de bord à bord,
Car mon navire de croisière
N’est, je le crains fort, qu’une galère… 

Je cingle, depuis que je suis né
À la force des bras, en silence,
Sans ricaner et sans chicaner
Sur chaque année passée, et canée,
Qui n’est jamais la dernière née.
Oui, mon navire de croisière
N’est, comme le tien, qu’une galère…

Au son du tambour, moi le captif,
J’attends que ce bateau-là chavire,
S’échoue sur un quelconque récif,
Pour que cesse l’avance du navire
Qui me rend sourd, aveugle et passif,
Tant le mener donne des œillères
N’est, j’en suis sûr, qu’une galère…

À moins que la chiourme, à bâbord,
Ne brise ses chaînes et ne fasse
Avec les bancs unis de tribord,
Que le tambour, dont le rythme lasse,
Et le fouet qui frappe d’abord
Ne soient, tous, jetés par-dessus bord,
Que nos navires de croisière
Ne soient plus jamais, non, des galères…

Illustration : Camille Lesterle, 25. 05. 2014

vendredi 16 mai 2014

jeudi 15 mai 2014

HAÏKU MUNIER

L’hérésie est la forme la plus courageuse du christianisme.

L’ÉCUREUIL PRÉSOMPTUEUX

Petite fable affable

Un écureuil pendard et fendard,
Menait et promenait tout son monde,
Au gré de son ego, ce vantard.
De salades en tirades, à la ronde,
Vain, il se flattait de sa beauté,
Célébrait sa remarquable adresse,
Son agilité, sans mégoter,
Ou encensait sa virilité,
Et se glorifiait d’être sans graisse,…
Tout en louant fort sa modestie.
De quoi attirer la sympathie !

Elle déplaît, cette suffisance,
Au vieux hibou, voisin grognon :
« On peut avoir, pour soi, c’est d’usance,
Quelque estime, c’est parfois trognon.
Mais votre fatuité m’indispose.
- Monsieur du Mépris est désobligé ?
Raille l’autre. Moi qui me propose
D’imiter vos regards et vos poses.
- En ce cas, il faut vous corriger :
L’orgueil se contente de lui-même,
Mais la vanité veut qu’autrui l’aime ! »

EN ROUTE… POUR VOIR L'INVISIBLE

Sentir, respirer le soleil,
Et goûter le vent, tout en souffle,
Qui toujours donne ses conseils
Sans jamais faire le baroufle,
Propre à l'homme, ce vain maroufle.
Laisser vibrer,
Comme un nuage fait écoufle,
L'air d'or ambré.

Humer les senteurs au réveil
Du jour, avant que ne s'essouffle
Un simple alizé, sans pareil,
Qui, las, perd haleine aux panoufles
De ces moutons que l'on camoufle,
Le dos cambré.
Tant qu'on les a, pas de mistoufle,
Même obombrée.

Eh, Toi qui vis dans tes pantoufles,
Viens célébrer,
Cette brise qui nous insuffle
D'rester cabrées !

mercredi 14 mai 2014

mardi 13 mai 2014

IF HAÏKU’LD

Pour faire sensé, faîtes sérieux.

LE MOLLUSQUE & L’ALGUE

Petite fable affable

Un mollusque vivant aux crochets
D’un navire avait couru le monde,
Fuyant les vents, frôlant les rochers
Et goûtant à tous les sels de l’onde.
Il avait vu ce qu’il fallait voir,
Savait ce qu’il devait savoir
Mais n’en était pas plus philosophe,
Ni heureux de sa vie, de son sort.
Mouillant aux Sargasses, il apostrophe
Une algue, toute essor et ressort.

« L’amie, entre deux eaux, et sur place,
Tu vis. Cela jamais ne te lasse ?
- J’avoue que je voudrais voyager
Mais, ne pouvant pas quitter ma mère
Je parle à qui, au loin, à nagé !
- Arrache-toi de là, mais bien amère
Est l’expérience : Rien ne m’a plu
De ce que j’ai vu. Sur mon Salut !
- Qui de peu, jamais, ne se contente
Ne trouve aucune chose épatante ! »
Illustration : Élisa Satgé, été 2019