Petite fable affable
D’après un conte d’Alphonse Allais
Souvent, les questions les plus anodines
Vous prenant à rebrousse-poil en sourdine,
Ne tombant pas pile poil ou mal servies,
Bouleversent de fond en comble vos vies.
Ainsi, lors d’un barbecue, ces pince-fesses
Que l’on fait entre voisins, avec débats,
Barbeaux en filets et barbaque à la caisse,
Un barbon de sombre et mauvais poil tomba
Sur un barbu barbant venant de la Barbade.
Après avoir déparler de Barbara,
Bête à poils, portant toujours sa barbe à ras
La jupe, que notre cacochyme bade,
Il demanda : « Que faites-vous dans la vie ?
- Je suis peintre, fait le poilu, euh !… artiste.
- Barbouilleur, quoi !… Avec un poil dans la main
En plus de ceux du menton, com’ le caviste ! »
Lard ? Cochon ? Ça méritait un examen
Mais le chenu chiant a repris sa charge :
« Donc, comme tous les barbares bas de poil,
Vous dormez la barbe sur la couverture ?
- J’avoue, dit le velu, que les ratapoils
Dormaient avec la leur sous la couverture,
Mais moi, je n’y ai jamais bien réfléchi ! »
Or l’ancien, reprenant du poil de la bête
Et barbotant maintes becquées sans chi-chi,
De lui cramponner la jambe, sa barbette
De vain bavard en batterie, avec ça.
À minuit, notre barbu rentre et se couche,
Il cogite la question comme un forçat :
Dessus ?… Dessous ?… Il n’a que ça à la bouche
Et n’en ferme pas l’œil. S’il se rappelait !
Dessous ? Dessus !… Dessus ? Dessous !… Ça l’obsède.
Les nerfs en pelote de fils barbelés,
Fourbu, il se lève et va chercher de l’aide
Auprès d’un barbiturique. Puis au lit.
Et… Dessus ?! Dessous !?… Quelle est la bonne place ?
Ses poils se dressent sur sa tête et des plis
Marquent ses draps, le coin de ses yeux, sa face,…
Il maudit les vieux de tous poils, jusqu’à l’aube.
Puis, harassé par la nuit qu’il a vécue,
Il se lève sans avoir dormi, la daube,
Et se rase la bec, vaincu. Poil au…
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