Commande pour Anne & Sophie
En mezzo, en soprano,
Deux copines au piano,
Qui professent la musique
À des ânes amnésiques
Bêtes à bouffer du son,
Dépass’ enfin la mesure,
Se lâchent pour leur leçon :
À elles la démesure
De mélodies, qu’on sert tôt
Ou plus tard, en concertos.
Pour cette gamme d’élèves
Pour des heur’ pas assez brêves,
Ell’ quittent, sauf si y’a grève,
Leur domicile adoré,
Qu’est si facile à cirer,
Oui, si facile à cirer !
Clé de sol - c’est pas méchant ! -
Aimant fort donner la note
Et en coller aux linottes
Qui n’sont jamais dans le ton
Comme aux portées de p’tit’ cloches
Qui se voudraient barytons :
Avec leur regard tout croche,
Pour eux, une blanche n’vaut
Pas deux noir’. C’n’est pas nouveau !
Vivent leur métier de rêve,
Répétant, encore, et sans trêve
Leurs « do-mi-si-la-do-ré » !
Qué ?… « Si, fa, si, la, si, ré » !
Oui : Si-fa-si-la-si-ré.
L’autre, à temps compté, souvent
Tir’ l’oreille à qui, donzelle,
N’l’a pas bonne ou qui, par zèle,
Vous tue un silence attendu,
Sans tambour et sans trompette
Comme de bien entendu,…
Les pir’ sont ceux qui s’la pète,
Traquant faux ré, faux si,
Chez Fauré, chez Debussy,…
Nouveaux motifs, autres glaives,
Si loin, sauf en cas de crève,
D’leur domicile adoré
Qu’est si facile à cirer,
Oui si facile à cirer !)
Quand ell’ quittent leur piano,
C’est pour une autre musique :
Un cachet… d’analgésique
Puis courses, repas, maison,…Pas d’pause, de demi-mesure
Au gré des airs, des saisons.
Et en soirée, sans usure,
Donnent accord ou véto
Voire jouent du vibrato.Mais, bien timbrées, elles rêvent,
Jusqu’au p’tit jour qui se lève
En fanfare, s’la dorer
Dans l’domicile adoré…
Et d’n’avoir rien à cirer
Et pour leurs mineurs, nos Éve
Jouent encor’, pleines de sève,
Au lieu de faire des fèves,
Leurs « do-mi-si-la-do-ré »,
Qué ?… « Si, fa, si, la, si, ré » !
Oui : Si-fa-si-la-si-ré !
Si, fa, si, la, si, ré…Si, fa, si, la, si, ré…
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