Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 3 mai 2014

LA CHANSON DU CHEMINEAU

Au fond de ma poche
J’avais deux p’tis sous.
Ma poche est un trou.
Même si c’est moche
J’ai bu mes deux sous.
On n’finit pas saoul
Quand on fait bamboche
Nous, ceux de la cloche,
Avec deux p’tis sous,
Deux tout petits sous !


Vous êt’ peurs et doutes,
Et moi crasse et croûtes ;
Quand t’es rien, t’es ça !
À vous, banqueroute ;
À moi, ciel et route :
Quand t’as rien, t’as ça !

Si t’as le teint perse,
T’es pas un client ;
On te veut fuyant,
Passant comme averse.
Le taulier riant,
M’a dit en criant :
« Pas d’tonneau en perce,
Dedans mon commerce
Si t’es pas client,…
Et un bon client ! »

Vous êt’ peurs et doutes,
Et moi crasse et croûtes ;
Quand t’es rien, t’es ça !
À vous, banqueroute ;
À moi, ciel et route :
Quand t’as rien, t’as ça !

Dans la poussière
Du chemin, brillait,
Au ciel de juillet,
Un beau sou, ma mère.
Moi, j’ai vu, pas niais,
Qu’son éclat inquiet.
J’té en rivière,
Il fut lumière
Tant il a brillé
Dans ce lit douillet !

Vous êt’ peurs et doutes,
Et moi crasse et croûtes ;
Quand t’es rien, t’es ça !
À vous, banqueroute ;
À moi, ciel et route :
Quand t’as rien, t’as ça !

Si j’avais un’ Belle,
Je garderais mes sous :
Fini le vin doux !
Pour mon Anabelle,
Fini les cailloux
Du chemin, ciels, boue,
Haillons et brimbelles
Qui font fuir les belles.
Pour ça faut des sous,
Beaucoup de gros sous !

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