Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 11 mai 2014

LA SENTENCE DU LOUP


Petite fable affable

À la pique du jour, n’allant pas droit,
Un chien, dépenaillé de la pelisse,
La toison dépiautée par endroits,
Rencontre Sire Loup, tout en malice,
Qui, imbu de son rang et de son sang,
Lui interdit l’entrant des bois qui cachent
Sa misère et le malheur florissant
De bêtes que les chiens, sans fin, s’attachent,
Las, à traquer le faible et l’impuissant.
Là, le loup est roi même maigrissant.

Face à lui, le molosse, épuisé, pleure :
« J’ai été chassé, contraint l’exil,
Car tu embouchais l’agneau, à toute heure,
Plus que tu ne pouvais - sous le grésil,
La nuit,… - avaler et tu me refuses
Asile, aide ou même compassion ?!
Par ta faute, je suis seul, sans excuse,
Faible, et vais,  portant l’humiliation
Par les chemins, les combes et les cluses
Vivant mal de rapines et de ruses. »

« Ah crois-moi, fit le loup, quoi qu’il en soit : 
“Il n’est de remède ni dans le blâme
D’un autre ni dans la plainte sur soi !” »
Le chien pousse un râle à fendre l’âme :
« Alors tue-moi, par le feu ou le fer :
Inutile à moi et nuisible aux autres,
C’est pour moi pire qu’effroi de l’Enfer !
- Je préfère, dit le loup, Cher Apôtre,
Te laisser en divines mains de fer
Qui, las, valent celles de Lucifer… »

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