Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 27 février 2022

HAÏKU D’ESTHÈTE DE PORC

En art, aujourd’hui, il est de bon ton d’avoir mauvais goût…

SOLITUDE À DEUX

Tu entres, peu à peu et pas à pas,
Dans un monde autre où je ne suis pas ;
Aux murs hauts et blanchis de platitudes
Ou de silences lourds sous le plafond
De verre dépoli des habitudes,
Un monde clos qui nous éloigne au fond…

Nos cœurs lassés de n’avoir aucun doute
Ou de pouvoir compter sur une écoute,
Et rassurés d’un avenir certain,
Hibernent derrière un grand miroir sans tain,

Où, las, toute passion s’est dissoute…
Et nos âmes si sûres d’être sœurs
Se sont soudées de tendresse, en douceurs,
D’avoir fait, ensemble, tant de route…

Sans nul espoir que ne vienne un mai,
Mais sans qu’éclate orage, ni guerre, 
Je crains que nous sépare désormais
Cet espace qui nous unissait naguère
Car tu te cloîtres, Ma Mie, tant et plus
Dans un monde autre où je ne suis plus…

vendredi 25 février 2022

HAÏKU Y GNOLE

Faire l’imbécile,… c’est idiot !

MAGISTER DIXIT

Petite fable affable

Lynx, potentat local était olibrius
Qui s’imaginait plus brillant que Sirius,
Payant rubis sur l’ongle ce qu’ailleurs on donne
Mais qui offense ni reproche ne pardonne,
Reçoit son voisin et pair, un ours mal léché
Qu’en son versant on redoutait fort de fâcher :
La patte est preste et le croc souvent lui saigne
De rencontrer qui mérite, à son gré, des beignes !

« En venant, Mon Compère, je n’ai entendu,
Sur ton gouvernement, qu'éloges et louanges
Or, on le sait, le roi n’est pas toujours un ange
Face à rebelle, à situation tendue,… ?
Tes mouches et tes censeurs font de la belle ouvrage
Ou serais-tu monarque en avance d’un âge ?

- Je suis pour les miens ce que, Toi, tu es 
Pour les tiens. Et pourtant si quelqu’un me hait,
Il se tait car on craint fort ma bonne personne,
Mes tours renardiers, ma cruauté saxonne,…
Pour qu’opposition te reste au laminoir
À quoi bon user des ciseaux de la censure
Là où règne le biseau de l’auto-censure :
La peur est le meilleur des cabinets noirs ! »

mercredi 23 février 2022

HAÏKU SOCIAL

Rien n'est plus artificiel que de chercher à avoir l’air naturel.

Texte composé le 17 mars 2021 spécialement pour une
photo de Marc-Yvan à qui il est amicalement dédicacé

 Ma vie, aujourd’hui est, ligne droite.
Braquant mon regard vers l’avenir,
Jetant parfois un œil  dans la boîte
Des plus beaux de mes bons souvenirs,
J’y marche, passager de la Lune,
Mon objectif guettant l’opportune
Photo que je prendrais au matin,
À côtoyer des tant de silhouettes
Qui ne me sont, las, que baratins,
Fantômes d’arbres faits girouettes,
Et à rencontrer quelques lueurs 
Qui me guideront vers le meilleur…















Photo de Marc-Yvan Custeau (17 mars 2021, Montréal)  

lundi 21 février 2022

HAÏKU LONG

Une femme de tête a rarement plus d’esprit qu’une autre.

PAS D’EMBARRAS POUR LES TÉTRAS

Petite fable affable

Sous le linceul saisonnier né des nues
Qui pend aussi en cristaux aux branches nues,
Un tétras roucoule d’amour pour sa Belle
Quoique la saison ne soit pas, elle, belle…
Et l’élue, à tout prendre, non plus d’ailleurs.
Mais notre coq des cimes n’a pas meilleur
Goût pour ces choses, hélas, qu’il n’a de jugeote,
Et pourtant on dit jà cette engeance sotte !

On moque donc ces improbables amants 
Aux impensables amours sans grands tourments.
Ces lazzis-là laissent de bois nos deux dindes
De montagnes pour qui la vie n’est que brides :
Les remous futiles d’inutiles chamaillis,
Les clabaudages hostiles,  bredouillis
De jaloux et d’envieux ne leur importent
Quoi que l’écho de nos monts parfois rapportent.
Répondant par l’indifférence au mépris,
Il vont, sûrs de vivre un vrai amour, sans prix.

Mais s’il faut ferrailler quand vient l’outrage,
Dire sa râtelée, sans qu’éclate orage,
Campant sur ses ergot, il va déclarant :
« Ici bas, tout est beau dans celles qu’on aime,… » ;
Elle ajoute, avec l’oeil cruel d’un varan :
« Et ont toujours assez d’esprit ceux que l’on aime ! »

samedi 19 février 2022

HAÏKU DE GRÂCE

Quand le prêtre conclut la messe par « Allez en pets ! », c’est pour que ses fidèles finissent en odeur de sainteté ?!

VIRÉE DANS L’HIVERNALE LIVRÉE

Dans la quiétude d’un hiver devenu ivre,
Prisonnier d’un bref instant de sérénité ,
J’observe cette mantille en résille de givre
Et de gel qui trame d’une fraîche dignité
Des branches au bois dormant, qui écrivent en cent paraphes
Les voix nues des vents venues des bleutés du ciel,
Et en arabesques le chant d’un temps qui agrafe
La saison à nos peaux vêtues d’artificiel…
C’est un temps grelottant certes, tout drapé de neige,
Marée glacée aux remous figés s’ourlant de noir,
Mais il fait bon s’y perdre, errer, comme en promenoir,
L’œil aux aguets, l’oreille glacée prise au piège…

Sous les pampilles des arbres frissonnants de froid,
Sur cette sente assoupie dont jà gèle l’écume,
Je vais seul au sein de sons assourdis, seul beffroi
De ce désert blanc qui s'est déshabillé de brume,
Un chemin incertain de collines qui ondoient 
En dolines qui chatoient, sans béton ni bitume,
Le coeur fort content et l'âme en paix comme il se doit
Avec mon chien si fidèle et… ce p*** de rhume !

jeudi 17 février 2022

HAÏKU DANS LES GENCIVES

Ce n'est pas parce que je suis un mordu dans bien des domaines que j’ai les dents longues.

LE BLAIREAU PARASITÉ

Petite fable affable sur une idée de Marielle

Au royaume des animaux des bois
On élit, matin, un blaireau pour roi.

Dans leur majorité les sujets, bêtes,
Ont cru ses cris, aimé sa hâblerie,
Ses vanteries comme sa flagornerie
Sans voir qu’il avait autant d’esprit 
Que le pire des vains bouffeurs d’herbette !

Il officia, tant et si bien,
Ce gras lard, qu’il divisa les siens,
Gens mécaniques comme des fils de glèbe :
Ce fat avait donc mille zélateurs
Et tout autant qu’il eut de détracteurs
Qui, hélas, eux aussi sont électeurs.
Le remercia, un soir, cette plèbe.

Il hurla, rougeaud, à la tricherie,
Tout en incitant à la lècherie
Ses séides qui se firent ses tiques,
Ses puces et ses poux pour revancher
Ce gourou battu, quitte à enclencher
Un coup d’État : sus aux vils emmanchés
Qui osent faire de la politique !

Boutés ceux qui n’aiment pas l’insuccès.
Débouté, le blaireau dans ses procès
Pour faire annuler, au plus tôt, le vote.
Les morpions réintégrèrent la peau
D’un maître qui remet les oripeaux
De l’animal politique. Pas d’pot,
Lui a tout oublié… dont ses hôtes !

Pour se refaire une virginité,
Le blaireau sur le retour, vanité
Pour bannière, plonge dans la mare
Et livre ses amis au cauchemar
De la noyade, quand ces zigomards 
Risquaient judiciaire braquemart,
Car pour réussir point de telles amarres !

Qui, dans le monde de nos dirigeants,
 Veut aller loin, ménage sa nature
Mais qui veut y retourner, d’aventure,
Doit faire du Bien un indigent !

mardi 15 février 2022

HAÏKU PÉ

Qui vit en pets avec lui-même n’est point en paix avec les Autres.


LE NOUVEAU ?… SANS FAÇONS !

N’étant, dit-on, que T.I.C. et que T.O.C.
Il n’est dans mes habitudes, had hoc,
De faire dans la routine ou, pis, dans les rites
Le mécanique train-train, les scies, les redites,…

Parce que lorsque l’on n’est que T.I.C. et que T.O.C.
On vit à l’ordinaire sans aucun accroc
Ayant pris des plis dans sa vie quotidienne
Faite de manies, de marottes, d’antiennes…

Mais comme je n’ai que des T.I.C. et que des T.O.C.
Je ne goûte guère aux soudains électrochocs,
Leur préférant le ronron coutumier des heures
Et les moeurs simples et rangées de ma demeure.

C’est mon usage et il est fort sage et pratique
Quand on n’y est accoutumé : l’anecdotique
Et le neuf ça me fait, sans doute, faire au froc.
Mais que veux-tu je ne suis que T.I.C. et T.O.C. ?

dimanche 13 février 2022

HAÏKU IMBERBE

C’est étrange que la plupart des filles qui se mettent à poil n’en ont pas un seul !

LES HAILLONS DU POÉTAILLON

Petite fable affable

Un rossignol s’était fait, un jour, troubadour
Pour enchanter toutes les cours de l’Adour.
Moins vêtu de lin que, las, de laine, 
Il allait, tout seul, de vers en vers.
On le prenait pour un tire-laine
Traversant un éternel hiver,
Moqué de passereaux qui bien paraissent
Et de leurs cousins qui beaucoup paressent.

Notre appeau avait certes quelque talent,
Mais à venir, parfois, le renom est lent :
D’autres pipeaux que des imbéciles,
Faiseurs d’opinion prétendant
Refléter celle-ci, en conciles,
Furent faits maîtres… quoique stridents.
Qui est, ma foi, de leur vile clientèle
A du succès comme d’autres ont la gratelle !

Se refusant à être manoeuvrier,
Philomèle sur d’autres demain pariait…
Plus - Est-ce vain ?! - que sur l’incurable
Futilité du “public averti”
Qui, un matin , vous fait noble et vénérable
Mais, au soir, par ronces et orties
Vous jette comme le premier malpropre
Venu, vous couvrant tout aussitôt d’opprobre.

« Comme il est de bon ton et, las, de coutume,
Ma renommée sera, sans doute, posthume,
Même si cette postérité 
Qui nourrit mes espoirs plus que moi,
Ne fera pas ma prospérité ! »
Et pourtant, bonnes gens aux abois,
L’étendue de son si riche répertoire,
Perdu depuis, ne pâme nul auditoire.

vendredi 11 février 2022

HAÏKU DE BLUES

Qu’importent les yeux humides aux cœurs secs…

AUBADE

Dans les ombres bleues de l’aube,
Quand la nuit se dérobe,
Que notre lune n’est plus d’argent
Les étoiles que points émergents,
Avec l’encre de l’aurore,
J’écris quelques vers encore…

Vers pour un nouveau levant,
Pris dans les cheveux du vent,
Pour un jaune horizon qui s’esquisse
Enfin, effaçant les noirs abysses,
Entre espoir et renouveau,
Au journal d’un jour nouveau…

Dans les ombres bleues de l’aube,
Quand la nuit se dérobe,
Entre espoir et renouveau,
Au journal d’un jour nouveau,
Avec l’encre de l’aurore,
J’écris quelques vers encore…

mercredi 9 février 2022

HAÏKU D’HIER ?

Très vite, le progrès manque de modernité.

D’UN COUP DE VENT D’AVANT

Petite fable affable sur une citation que m’a fait connaître Geno…

C’était en ces temps anciens, laborieux
Où nos aïeux semblaient, malgré tout, heureux
 Quoique prou pauvres et, pis, otages des cieux,
Et de devoirs parfois lourds, souvent douloureux.

À cette époque donc, un faisan épousa
 Pour le mauvais et pour le pire, peut-on dire,
Une donzelle qu’il traitait, à la maudire,
 De “gourgandine” qu’elle sourît ou jasât,
De “bonnet de nuit” si elle préférait se taire,
De “feignasse” quand, hélas, elle s’asseyait
 Et de “lente” quand elle s’activait sans ciller,…
Bref, notre oiseau était de ces verrues plantaires
Que l’on enverrait fort bien paître, et au plus loin,
Chez les Grecs, au diable,… Plus, pour ce rabouin
« Qui discute recule ; et abdique qui recule ! »
Mais elle aimait son violent, cette crédule :
Pourquoi palabrer quand point perdu vaut gain en poings ?

Or matin, le ciel aux incertaines couleurs, 
Hésitait entre nuit humblement finissante 
Et neuve journée modestement commençante, 
Frémissant sous ses esquisses de nuages en pâleur…
Une bourrasque révéla la male humeur de l’aube :
Un grain arrivait en rafales, avec des accès
De colère inattendus qui, cruel succès,
Effrayèrent la faisane qu’encor' son époux daube :
« Sotte pécore, ce ne sont là que vent et eau !
Mais que tourmente et tumulte réveillent oiseaux
Est inadmissible. Je vais causer à l’Olympe ! 
Ils vont se calmer dans leurs toges et leurs guimpes…»
Il sortit en trombe… et l’une d’elles l’emporta.
Ce malfaisant quitta ainsi sa vie avec son galetas
Sans que cela n’émût ses bons voisins… ni l’Olympe !

L’oiselle pleura le cher disparu mais sa voisine,
Chouette qui ne l’était pas vraiment à son goût,
Pour la consoler, lui montra avec son bagou,
Ce qu’elle gagnait en l’occurrence : « Mais Cousine,
Malheur des uns ne devrait-il faire Douleur
Des autres ? » répliqua vertement la jeune veuve.
L’autre lui fit part d’idée autrement neuve :
« Toutes les tempêtes ne gâchent notre vie ;
Certaines nettoient la route par nous suivie ! »

lundi 7 février 2022

HAÏKU : SON OR

Il n’est de quête con si elle débouche sur une conquête…

HAÏKU DU DESTIN

Le propre de l’Homme apparaît bien sale aux femmes.


FATALE INERTIE

Dans son écrin de neige, la forêt plus nacrée que perle,
Plaquée contre un ciel gris qui lui colle à la peau,
Ne nous offre que fûts fantomatiques au chant des merles,
Troncs d’âmes au blafard costume, au blêmes oripeaux.

Parmi eux, sillonne une esquisse de sente aussi blanche
Que cendres, pareille à une pâle ligne de vie
Qui, là, nous invite, quelle que soit notre envie
À rejoindre ce monde peuplé de qui, hélas, calanche.
L’espace du silence opalin est habité
Du calme éternel qui attend tous les cœurs livides,
Du repos glacé qu'espèrent des corps vivant à vide.
Dans ce monde d’esprits devenu un bois obité,

La mort n’est qu’un fort mauvais songe, un hiver sans fin
Figeant en nous de tels paysages d’outre-tombe
Où les ombres prennent corps avec gel et givre, enfin,
Et, sous les flocons, les spectres ont du relief en leurs combes…

samedi 5 février 2022

SOMBRE HAÏKU

Les Grands ne sont pas si grands que cela puisqu’un rien leur fait prendre ombrage !

LE FAUVE HUMANISÉ

Petite fable affable

Un loup qui était la terreur des troupeaux,
Et pour les bergers véritable fléau,
Désirait que sa progéniture hérite
D’un autre métier ayant le mérite,
On ne peut que lui en tirer le chapeau,
De lui garder la culotte
Au plus loin du bren et des crottes.

Voulant imiter l’humaine éducation,
Il pourvut son fils, tendres attentions,
De tout ce que désire en son enfance,
Avec force cris et à très brève échéance,
Un bambin refusant l’abnégation,
Toute idée de délai, d’attente,…
Désirs étant lettres patentes.

À lui donc hochet, bimbelot, toton,…
Sitôt vus, aussitôt offerts. L’avorton,
Las, abandonnait, comme on jette miettes
Mollement à quelque moinelle, aux oubliettes
De sa courte mémoire, Jarnicoton,
Ces tocades et ces caprices
Peu après. L’humeur prédatrice
De ce loupiot ayant quelque autre objet
À quémander, l’esprit un autre sujet
De colère à faire exploser aux heures pâles
Où son père, qui pourtant fort grogne et râle,
Veut satisfaire tous les enfantins projets.
Cessa vite l’expérience
Dont Ysengrin tira science !

Vouloir une chose qui perd aussitôt
La valeur qu’elle avait eut un peu plus tôt
Quand elle nous échappait… mais qui, misère,
Est loin de valoir ce qu’elle coûta, ma mère,
En peine et et pleurs, c’est là, non sans vibrato,
En résumé, la trajectoire
Qu’a suivie notre humaine histoire…

jeudi 3 février 2022

HAÏ(kabé)KU

Qui se perd les chèvres… vous rend chèvre. Mais ça ne l’aide pas à mieux s’y retrouver !

LA POÉSIE C’EST LA VIE

Comme soupir de Zéphyr, qui est tout,
La poésie est un souffle céleste
Passé par nous, venu d’on ne sait où,
Pour poser ses harmonies modestes
Sur quelques frêles branches dessinées 
Sur feuille blanche, à elle destinée.

Air en suspension qui nous arrive
Ou mots des muses tombés des cieux
En mélodie qui, jusqu’à vous, dérive,
Don d’un vieux dieu audacieux,
La poésie est donc une harmonie preste,
Bouffées ou flux ne voulant être en reste.

Dépassant les bornes, se jouent d’hier
Ses sons, son rythme, ses vers et ses rimes ;
Passant les limites, d’un air fier,
Elle voile nos nuits, nos jours grime :
Nous guide sur ce chemin d’aujourd’hui
Vers d’inspirants demain sans ennui.

De l’infini grandi de ses possibles,
La poésie est souffle indéfini
Qui fait flots, balayant l’inaccessible
Pour nous extraire d’un monde fini, 
Une respiration chassant, Dame,
Tous les vents des temps présents de notre âme !

mardi 1 février 2022

HAÏKU’DILLOT SONT LOURDS

Il est des pluriels bien singuliers.

LA SOURIS & LE RAT

Petite fable affable

Une donzelle s’éprit d'un vieil avare,
Enfin, on l’entend bien, de son magot
Ce qui qui n’a jamais condamné au fagot
Et, n’est en rien, Amis, faiblesse ou tare.
Surtout que ce grigou avait fait de gros gains
Durant ces grains qui ont fait chavirer barques
Ou canots de ses contemporains, les Parques
Ayant parfois un tempérament sanguin.

Avec art et fards, et sans compter pleurs ni heures,
Elle sut minauder pour amadouer
Les mesquins penchants du grippe-sou roué.
Elle le subjugua en jouant, c’est gageure,
Les désintéressées quand pour l’autre “tout”
Était “peu” - et “peu”, “rien” ! - c’est là dire
Combien ce rapace était ladre à rire…
Sauf si, las, dans ses griffes tombait votre toue.

Ce bon harpagon se disait économe, 
La péronnelle vertueuse à souhaits
Quand calculatrice, elle en faisait son jouet ;
À chaque défaut sa belle excuse, en somme,
Ou bien son faux prétexte sciemment
Tu. Donc de sobres épousailles conclurent,
Sans contrat, une cour sans guère d’allure :
Les tabellions sont des larrons déments !

Or, quand notre fesse-mathieu, Peste,
Crut fretin fretailler avec l’épousée
Elle le repoussa quoique bagousée.
Voilà notre mari marri et en reste !
« Malepeste ! Pourquoi m’éconduire ainsi.
Femme, tu dois respect et obéissance ! »
Clama ce grossier qui, condescendance,
Trouvait “vulgaire” le commun, si rassis,
Des mortels alors que “mortel”, notre pingre
L’était tant et plus, ennuyeux en tout point. 

« Et toi égards et attention… mais non point
Au singulier, Oh sombre cœur malingre !

- Oh la pierreuse ! M’aurais-tu berné ?

- Comme on le ferait, râleux, d’un nouveau-né !
Étant désormais ta moitié, tout chiche
Que tu sois, me voilà, à ton égal, riche !
Ah, tu croyais t’en sortir en me faisant
Manger le rôt à la fumée et accroire
Qu’en m’offrant peccadilles comme pourboire,
Aujourd’hui, tu m’accorderais, Faisan,
Beaucoup demain ? Me prends-tu pour une pomme ?
Ne sommes-nous, tous deux, arrivés à nos fins ?
Femme n’est point aussi sotte que le veut Homme,
 Et ce n’est point son privilège d’être aigrefin ! »