Petite fable affable
Plus excité que puce et plus méchant que teigne,
Frère Pou s’invita chez ses amies fourmis.
Se voyant au-dessus bien plutôt que parmi,
Se faisant plus piquant que bogue de châtaigne,
Il s’imposa à elles et, tout haut, leur promit
De réformer leur vie afin donc qu’elles atteignent
Performances et succès, de peur qu’elles s’éteignent ;
Puis jeta l’interdit, décréta le permis.
Notre parasite, malgré son allégeance
Aux règles ancestrales qui guident les fourmis
Et à leur souveraine à qui il se soumit,
Fit sa révolution en toute diligence,
Régentant va-et-vient, traquant les insoumis,
Façonnant son monde sans la moindre indulgence :
Réclusion, expulsion, répression pour l’engeance ;
Culte à sa personne pour les âmes endormies ;…
La police en nervi servit cette Régence
Pliant la populace aux appétits du pou :
La grouillante cité n’avait plus d’autre pouls !
Pourtant aux yeux des gueux, il commit négligence
Quand, de l’auguste reine, il se voulut l’époux…
Au regard de leurs mœurs, quelle inintelligence !
Il y eut branle aussi pour bien d’autres exigences…
Rien ne sut, ne vit ni ne comprit notre pou
Quand les manants, proscrits, mirent fin à sa messe.
Saoulé par sa gloire, ô délice de Capoue,
Il négligea ce feu qu’il aspergea - le pou ! -
Avec une rosée de ces vaines promesses
Engageant qui les croit, de l’idiot au Papou.
D’une patte aux fesses s’acheva la kermesse :
Adieu les déraisons, terminées les grand-messes.
On reprit donc en main son destin… Fi du pou !
Gardons-nous des bêtes qui flattent les nations,
Sécurisent leur vie avec ostentation,…
Saigner qui la supporte est leur seule ambition ;
Régner en seul maître, leur trop vraie tentation !