Cycle pyrénéen
Balade au bois brumeux au matin qui s’esquisse
Pour une courte errance où s’enfuient les regrets
Sous le linceul vaporeux du ciel je me glisse
Et redécouvre cette respiration froide
Des frondaisons que le printemps n’a pas gréées
Ces mâts de misère aux lambeaux de toile en rade
Confins confus et formes fondues semblent attendre
La lueur sans chaleur d’un soleil dégrisé
Pour gonfler ces voiles qu’aucun vent ne veut tendre
Des chênes brisés ont couché leur tête hautaine
Épaves échouées ou autels improvisés
Espérant quelque amour céleste ou même humaine
Ramée tamisée cathédrale de lumière
Plus de cent colonnes se sont là érigées
Dressées ou martyrisées mais encore altières
Jusqu’à ces cieux qui là en embrassent les cimes
Voûte-vitrail vibrante d’un bleu si léger
Où parfois bruit le buis de hautbois rarissimes
Et dans ce chœur étal à la pâleur létale
Sous les amples arcs de cette ébauche de bois
Juste troublée par mon pas dont l’écho s’étale
L’âme en paix, l’esprit vide, loin des rues qui grouillent
J’erre d’halliers amis en buissons aux abois
Futaie inanimée aux tons humides et rouille
Le flou enlace et noie ces fûts jusqu’aux confins
À l’heure où lointains les sons assourdis s’éloignent
Où le touffu enfin se fait diffus sans fin
Tantôt mer de duvet tantôt liane liée
Dessinant dans mon esprit battant la campagne
Des nefs magnifiées venues de temps oubliés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire