Petite fable affable
À Pablo Neruda
Sur l’altiplano et dans la pampa
Privés de repos comme de repas,
Les lapins cuivrés et leurs frères argentés,
Fuyaient le ciel tentant car il était hanté.
L’œil sombre des condors les fixait, depuis l’aire,
Veillant aux rixes et aux risques similaires :
Ces rongeurs avaient perdu la raison,
À force d’espoir, à coups de chansons,
Gangrenés, disait-on, par la myxomatose.
L’envol des vautours a imposé la pause,
Avec l’aide des mouches, des corbeaux.
L’ordre régnait à nouveau. C’était beau !
L’Aigle du Nord qui tant prêche pour des cieux libres
Et le coq, grand apôtre en droits de ce calibre,
Les avaient encouragés, appuyés,
Tout en feignant bien d’en être ennuyés.
Les lapins cuivrés et leurs frères argentés,
De garenne effrayée en guéret tourmenté,
N’étaient plus que des proies que tant de serres,
De becs déchiraient plus que nécessaire.
On se taisait à leur soudaine apparition ;
On se soumettait, par peur des disparitions
Car fut saignée cette terre contrainte.
On se terrait, trou ou terrier, par crainte ;
Les rongeurs eurent des nuits noires agitées,
Connurent des matins bruns qui font cogiter.
Mais l’Aigle du Nord, le coq, les corneilles
Aidaient toujours les condors dans leur veille.
Les seules valeurs que l’on défende vraiment
Sont cotées en Bourse, le reste est boniment :
Bien des hérauts de la Liberté, d’aventure
Furent fondations et piliers de dictatures !
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