Petite fable affable
Un pouilleux croisa un brave bourgeois :
« J’aurais pu avoir ta soie et ta joie
Si sur mon lit s’était penchée la Chance ;
Je n’ai eu qu’aléas en abondance ! »
L’autre répliqua : « Mon père me laissa
Son maigre bien, c’était - sûr ! - déjà ça :
Le faire fructifier m’a fait prospère
Quand tant d’autres attendent et espèrent ! »
Sur ce, il reprit sa route, fissa.
Le pauvre hère passant par les champs
Morgua un bon laboureur, l’air méchant :
« Si Dieu l’avait voulu, j’aurais des terres,
Moi aussi, plus riches que ton parterre ;
Mais je suis fils de rien ! » dit le daubeur.
« Pareil ! reprit l’autre. De mon labeur
Acharné, c’est le fruit que tu dénigres :
Ici-bas, naître ne suffit pas, bigre ! »
Sur ce, il planta là le regimbeur.
Le frère de la cloche voit un loup
Et se plaint, aussi, à lui pour le coup
De l’injustice du sort qui est sien.
« La Nature, Mon Jeune Paroissien,
Ne m’a rien donné d’autre que crocs et griffes.
C’est peu pour vivre, même aux escogriffes,
Pourtant je vis dans la paix de la peur
Que j’inspire même aux plus fiers trappeurs.
Pleurer et toiser devient vite un rite
Pour qui ne sait user de ses mérites ! »
Sur ce, il déchira notre campeur.
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