Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 25 novembre 2011

LE PUMA ÉDENTÉ

Petite fable affable

Aux vagues confins latinos

De l’altiplano andino,
Un vieux puma blanchi, végète
Comme une bête qu’on rejette
Parce qu’elle ne tient plus son rang.
Or, notre animal était grand
Fauve et le roi en sa province.
Mais voilà qu’avec l’âge, il grince.
Griffes limées et dents rognées,
Il a du prendre un associé,
Un condor aux serres tranchantes,
Le bec retors, la vue méchante.
La faim justifie les moyens !
C’est pis-aller pour le doyen ;
L’autre buse lui chante pouilles
Et, malgré cette collusion,
Rêve de bâfrer sa dépouille…
Bien qu’elle ait peur des contusions.
Si, pour l’heure, elle s’agenouille
Quand, enfin, viendra l’occasion,
Quand manqueront les provisions…
En attendant, on s’accommode,
Même si ce n’est pas de mode.
Et nos alliés ont du pot : 
Le puma lève ; son suppôt
Course la proie. Dans une gorge
Poussée, elle est, comme orge,
Broyée par une grosse roche
Jetée par le fauve tout proche.
Les deux lascars, à l’unisson,
Toujours, se font bonne moisson.
Repus de repas, de repos,
Ils ont les os loin de la peau !
Vint le temps de sucer des pierres.
L’emplumé voulut mettre en bière
Le fauve, un jour qu’il sommeillait
D’un œil. L’autre, d’un coup de patte
Le cloua au sol comme une blatte.
« Tu te goures !… » a-t-il bredouillé,
Babillant des excuses plates.
Le puma dut le zigouiller
D’un coup de caillou écaillé.
Des quidams de la pire espèce,
Parce qu’ils volent plus haut que vous,
Vous toisent, et jamais, n’avouent
Qu’ils vous prennent pour cons ou fèces.
Sachez les laisser venir
Pour mieux les circonvenir.

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