D'après "Amsterdam" de J. Brel
Dans ce port, Messieurs-dames,
Entre illusion et leurres,
On boit, on joue, on trame,
Jour et nuit, à toute heure…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Y’a des vents qui caressent,
Dans un’ nuit sans sésame,
Les étoiles qui paissent…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Y’a pas de joie sans femme
Qui n’jouent pas les Madames,
Qu’un regard déshabille…
Dans ce port, Messieurs-dames
Y’a des gars, des carcasses,
Des faiseurs d’épigrammes
Qui, d’un bon mot, vous cassent…
Sur les quais, cohabitent
Des bars qui vous invitent
À oublier tout, vite…
Des accents les habitent
Et, venus de perpète,
Parlant comme on trompette,
Ils chantent l’indécence
Et toutes les jouissances…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Pas de saint et pas d’ange,
Le troc est au programme,
On vend comme on échange…
Car dans c’port, Messieurs-dames,
On se fait des fortunes,
En reniant Neptune,
En priant Notre-Dame…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Y’a de l’or qu’on dépense
Et de la blanche au gramme,
Des filles, du suspense,…
Dans ce port, Messieurs-dames,
On oublie les machines
Et la mer, toute en lames
Qui font ployer l’échine…
Gras comme des donzelles,
Légers comme zéphyre,
Arborant un sourire,
On danse, on s’échevelle,
Quoi qu’on dise, qu’on bave,
Fiers comme des langraves,
Au bout de quelques bières
Ou de jus de tourbière…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Y’a des marins qui doivent,
Sans que personne brame,
Une ardoise hambourgeoise…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Sur un rien on chansonne,
On geule à fendre l’âme,
Après que minuit sonne…
Dans ce port, Messieurs-dames,
Y’a des robes qui mentent,
Causent mélos et drames
Dans la brume fumante,
Dans ce port, Messieurs-dames,
Quand le jour les transforme
En marins polygames
Au splendide uniforme…
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