Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 juillet 2014

HAÏKU RIEL

Vouloir avoir toujours raison est déraison.

À TOI


Je sais tout sur toi
et si peu de toi,
Toi qui tant châtoie.
Je te sens par cœur,
Mon Aimée, Mon Cœur,
Toi qui me vois nu,
Qui m’as reconnu,
M’as donné un toit
Où je suis à toi,
Où l’Amour festoie…

Je sais tout sur toi
Et si peu de toi,
Toi que je côtoie.
Je te suis par cœur,
Toi, la mieux connue
Des voies de mes nues,
Devenue un toit
Tendre et courtois,
Trop étroit sans toi…

Je sais tout sur toi
Et si peu de toi,…
J’en reste pantois.
Nous formons un chœur,
Mon Aimée, mon Cœur,
Au jour bienvenu,
Aux nuits retenu.
Qu’étais-je sans toi ?
Un macho matois,
Oui, un vrai putois…

LE MALANDRIN & LE MANDARIN

Petite fable affable


Entouré de tous ses sbires
Mafflus, joufflus et fessus,
Dans leurs tissus qui transpirent,
Le vieux juge aussi pansu
Que l’exigent, sans médire,
À Nankin, ses fonctions,
Revenus et pension,
 Reçoit au yamen le pire
Des malfrats qu’on aperçut
Jamais au Céleste Empire.
Cet être ossu et bossu
S’entendit haut et fort dire :
« Tes mauvaises actions
Te valent punition ! »

Mais le fripon, lui, soupire :
« Las, je suis de ceux qui suent
Pour nourrir tous les vampires
Et les plus cossues sangsues… »
On stoppa net son délire.
« Tu dois, vil et vain scion,
N’être qu’abnégation !

Il n’est par nos champs et villes,
En notre époque tranquille,
Que paisibles citoyens
Tremblants, jeunes ou doyens,
Devant la Loi, seul moyen
Pour offrir la paix civile
À tous ainsi qu’à chacun.
L’État est tout, il est un ! »
Fit le juge non sans bile
À cet insolent faquin.

« De ce procès, sans médire,
Je ne doute de l’issue :
Ce sera, bien sûr, la pire.
Car je suis, à mon insu,
Du mauvais côté, sans rire,
De lois qui me font gugus
Et font de toi un Négus.

Mais à tout prendre, le pire
C’est que nous avons perçu,
Tous deux, Cher Pair de l’Empire,
Que vivre bien au-dessus
Vaut le plus beau cachemire !
Si misère est un malus
Qui éloigne des bibus,
Nous faisons, pour ainsi dire,
La même chose. Déçu ?
On est donc chacun, Messire,
D’un côté de lois conçues
Pour que celui qui tapire
Les textes, profite plus,
Aie le plus beau tumulus ! »

mercredi 30 juillet 2014

HAÏKU R’BATURE

Il n'est des traditions immémoriales que parce que
les Hommes ont oublié qui et quand
l’un d’eux les a fait commencer !

mardi 29 juillet 2014

HAÏKU RAILLÉ

La franchise, c’est souvent la méchanceté gratuite érigée en vertu.

LA NOSTALGIE DE LA JAVA


Quand ça grisaille
Ou qu’ça mouscaille,
Où c‘est-y qu’on va ?
En bon’s ouailles
L’ch’veu en brousaille,
On prend Maëva,
Ninon blanch’caille,
Ou un’ trouvaille
Pour faire la java
Loin d’la poulaille,
De la marmaille,
Sur un’ java,
Un’ petit’ java…

Peu chaut et daille
Sifflets d’flicaille,
Témoins d’Jéhovah,…
Qu’au Diable, ils aillent !
On veut, sans faille,
Deux, trois calvas,
Voire un’ chamaille,
Pas d’ bleusaille
Qui se veut louvat,
Chaîn’ en sonnailles,
Clinquant’ quincaille,
Mais un’ java,
Un’ petit’ java !

Si ça ferraille,
Si ça s’entaille,
Pas de canevas !
Si y’a bataille,
Que ça volaille,
On quitt’ les gravats
Muraill’ et paille,
Gredins, grenaille,
De not’ khédivat,
Les représailles
Et la mitraille,
Pour un’ java,
Un’ petit’ java !

Qu’import’ médailles
De ceux qui braillent 
Ou la mod’ qui va :
Fut’ grand’ taille,
Chemis’ qui baille,
À nous les vivats
Et la gouaille,
Pas d’passacaille
Pour buveurs d’calva,
Valse à piétaille
En rob’ de mailles,
Mais un’ java,
Un’ petit’ java !

C’est l’accordaille
Des blanches cailles
Jouant les divas
Et d’la racaille
Des casanovas
Qu’ont l’air canaille,
Dans la pagaille
D’un air de java,
Cette antiquaille
Qui nous assaille,
Oui, la java,
Éternell’ java…

PENDABLES PANDAS

Petite fable affable

Fort peu satisfait de ce monde et des Hommes,
Dieu, pour tout bien recommencer, en somme,
Donna aux pandas un royaume et des lois
Au beau milieu d’arbres de bel et bon bois.
Car ces braves bêtes, en rien belliqueuses,
Certes bilieuses et, parfois, oui, moqueuses,
Ne pouvaient pas décevoir le Grand Barbu
Qui, par ailleurs, en avait bien assez vu !
Qui dit Roi, dit Cour et dit faveurs. Diantre !
Si certains, ne craignant pour leur ventre,
Firent de Paresse et Médiocrité
Une religion, sans ambiguïté,
D’aucuns travaillaient à rendre un peu prospère
Et plus agréable, à défaut de pépère,
Ce don des Cieux sans esprit de parti ;
D’autres, dans l’espoir fol de contre-parties.

Le manque d’ambition animait, certes,
Les deux premiers groupes, les vains inertes
Et les actifs, alors que le dernier,
Pour son avancement et ses deniers
Professait in petto manœuvres occultes,
Prétention, mépris, arrogance, et culte
De soi-même : jaugeant l’autre et jugeant l’un
Selon leur humeur et leur goût sibyllin,…

Une harpie fort bariolée qui parle
Moins qu’elle n’aboie, un nain toujours marle,
Et grincheux, un penseur barbu et barbant
Un dadais frondeur, grand rameutteur de ban
Et d’arrière-ban plus une furie brune
Qui pensait, à tort, valoir bien plus qu’une prune
Étaient les Maîtres de cette confrérie ;
Les autres, traîtres qu’on ignore et charrie.
Qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage !
Oubliant leurs ménages et, pis, leur âge ;
Ces pandas, comme on peut le subodorer,
Prompts à abhorrer ce qu’ils ont adoré,
À calculer, aimaient à leur roi médire :
Qui ne leur est utile était à maudire ;
Sur qui n’était féal et soumis, on-dits,
Les travailleurs n’ayant droit qu’au discrédit.

Et le monarque leur devint tout oreille.
Lui servant l’amitié pour jus de treille.
Les bouffeurs de bambous son pouvoir volaient :
L’entendement bâillonné, car cajolé,
L’œil aveuglé par leur jeu tout en baloche,
L’ouïe assourdie par un seul son de cloche,
Le pays, tout cafouillis et bredouillis,
Aux rires de la fraternité, faillit…

Qui dirige le destin des bêtes, d’Hommes,
Devient à l’autre un paria en somme :
Point de frairie mais aussi foin de pairie
On doit laisser croupir dans la crasse
De leur médiocrité ces côteries
Qui vous utilisent - et de vous se rient -
Quand trop vous les écoutez, de guerre lasse !

lundi 28 juillet 2014

HAÏKU PET

Quitte à jeter l’argent par les fenêtres,
 essayez, au moins, de viser les miennes !

dimanche 27 juillet 2014

HAÏKU PLAÎT ?

Le tact c’est la politesse de la courtoisie.


LA MODERNE BALLADE DU PROMENEUR SOLITAIRE

Ou les travers d'un pervers

Je me promène et joue les photographes
De papillons qui fourmillent, de fleurs
Auxquelles la Nature les agrafe.
Mais voilà que je ferais plutôt peur
À aller de mon pas lent de branleur,
À regarder ça et là, comme on chine,
À prendre mon temps, à courber l’échine
Devant l’herbe au lieu de courir sans but,
De randonner comme une vraie machine
Contre une montre qui sert de comput.

Je me promène et joue les photographes,
Tout seul, mais apparemment sans douleur,
Sans causer comme jaspe un télégraphe
À d’autres baladeurs de mes malheurs
Ou de mes soupçons, en on-dit râleurs.
Cela étonne toujours qu’on lambine
En solitaire, et pis que l’on fouine.
Et cela se fait gratter fort l’occiput :
Ça cache un truc ou, pire une combine,
Contre une montre qui sert de comput !

Je me promène et joue les photographes
Mais pour d’aucuns je serais violeur
Ou exhibitionniste en carafe,
Pervers plein de travers, cambrioleur
Préparant un mauvais coup ou dealer,…
Oui, la Rousse m’a montré ses babines,
Inquisité, la lippe chafouine,
Vu mes photos, joué en la et ut
Du reproche : tout honnête homme bine
Contre une montre qui sert de comput !

Ami, évite donc marche, pruine
Et photo, activité sagouine :
Les bonnes gens jouent vite d’un vain luth
Quand ton pied ne va pas, sous la bruine,
Contre une montre qui sert de comput.

LE CHAT UN PEU CHIEN

Petite fable affable

La fesse lasse et la face lisse,
À cette heure, sept heures, il revient.
C’est un chat laid qui fuit et glisse,
Pattes poissées de sang - pas le sien ! -,
Corps souple à la miteuse pelisse,
Dans un recoin de ce vieux grenier
Qu’aucun rat n’ose lui picanier.

Un jour il mendie, un jour il fauche ;
S’il fait faim, s’il fait froid. C’est son lot.
Chaque fois qu’il agit c’est débauche
De gnons et pains donnés au kilo :
Il est plus hideux, l’œil tout croche,
Par ce qu’il fait que par ce qu’il est
Et qui le croise peut se biler.

Il s’en prend surtout à tout insecte
Qui croise, par hasard, son chemin :
Son minois de minet, lippe infecte,
Dit trop qu’on ne verra pas demain !
Comme il embouche la mouche abjecte
Et pousse toujours la mante à l’eau,
Désaile le papillon falot,… !

Alors qu’il éventre un ver de terre,
Une vielle blatte vient à lui :
« Pourquoi crois-tu être sur la Terre
- La Nature m’a fait ce que je suis ! »
Par lui saisie, l’autre déblatère :
« “On ne peut guère sur sa beauté 
Mais tout sur sa laideur”*, empoté ! »

* Victor Hugo, L’homme qui rit, 1869.

vendredi 25 juillet 2014

TOMBÉ SUR L’HAÏKU

Je me fatigue à trouver comment ne rien faire.

LE FRELON FANFARON

Petite fable affable


Au pays des noirs cyclones,
Un frelon bien freluquet,
Félon, fuyait sa frelonne
Qui, la face fort stuquée
(C’était, là, la mode qui trotte)
Et le chef emperruqué,
Était sans rien vous truquer
Du genre auquel on se frotte
Quand on veut être piqué.
Et lui en était toqué !

Il l’aima comme une icône,
Et à peine reluquée
Cette trombe noire et jaune,
L’Amour l’a tout ensuqué.
Il en devint la marotte
Quoiqu’elle aimât le bucquer,
Au risque de l’énuquer,
Le traitant pire que crotte.
Il lui a tout abdiqué
Mais ne l’a jamais coquée !

Chacun le moquait à l’aune
De son savoir : l’éduqué
Lui faisait sermon ou prône,
Et le plus mal embuqué
L’insulte toujours en glotte,
Traitait de vil barbuquet 
Ce frelon bien freluquet,
Fuyant comme une fiotte,
Car c’était pas du chiqué
Quand, las, elle le choquait !

« Fuir, moi ?… Quoi et pourquoi ?
Disait-il. La belle affaire
Mes chers voisins et confrères :
J’ai bien moins peur de moi,
De ce que je peux lui faire
Quitte, amis, à vous déplaire ! »
Quand l’honneur est en émoi
On dit bien n’importe quoi !

SONNET TOUT EN RONDEURS

De grâce, aimons les formes !

Je veux faire un sonnet aux plus pleines des lunes,
À ces gorges et ces poitrines dont Boudin
Peignait débordements et, mieux, bonne fortune
Qu’on voudrait attributs de boudins.

Je veux chanter la gironde en cette tribune,
Cette boulotte pour qui on n’a que dédain,
 Dodue, replète mais pas lourde, en paladin,
La ronde méprisée, là, sans vergogne aucune.

J’adore les formes pulpeuses, c'est humain !,
Et l’ample qui s’offre à l’œil, pour pas une tune,
Que le bon Don Juan laisse au bord du chemin !

La générosité, qualité opportune,
Est, ici-bas, mise au ban voire en examen.
Non à ces squelettes plats comme une main !

mercredi 23 juillet 2014

HAÏKU PIS ÂGE

De nos jours, la science est addiction,
la technique aliénation.

UNE GOUTTE D’EAU

J’ai l’émotion au ras des cils.
Tu romps liens et fil,
Car là tu dis que tu me quittes
Que notre foyer est faillite,
Et notre couple est en péril,
C’est là affirmations gratuites,
Inutiles souffrance et gril.
Nos amours se sont déconstruites ;
Pas de poursuite !

Qu’est-ce que j’ai au coin de l’œil ?
C’est peut-être une goutte d’eau,
Je l’avoue, tant pis pour l’orgueil,
La pluie, pour l’heure, aura bon dos,
C’est peut-être une goutte d’eau…
Une goutte d’eau…

Je tourne autour de mon nombril.
Suis égoïste et puéril,
C’est pour cela que tu me quittes.
Et puis, dis-moi, quoi d’autre ensuite ?!
Je sais que je suis pas subtil
Mais je peux pas vivre en ermite.
Je froncerai pas les sourcils,
Ton départ, oui je le mérite,
Va et fais vite !

Qu’est-ce que j’ai au coin de l’œil ?
C’est peut-être une goutte d’eau
Je l’avoue, tant pis pour l’orgueil,
La pluie, pour l’heure, aura bon dos,
C’est peut-être une goutte d’eau.
Une goutte d’eau ?
Oh oui, juste une goutte d’eau…
Une goutte d’eau…

J’ai l’émotion au ras des cils.
Mes cœur bat, ne tient qu’à un fil,
Parce qu’enfin, oui, tu me quittes :
À moi sortie et inconduites,
Finis ta loi et mon exil.
C’est inespéré, cette fuite !
Merci !… Même si ça fait vil,
Je vais me payer une cuite…
Tiens là, de suite !

Qu’est-ce que j’ai au coin de l’œil ?
C’est peut-être une goutte d’eau
Je l’avoue, tant pis pour l’orgueil,
La pluie, pour l’heure, aura bon dos,
C’est peut-être une goutte d’eau.
Une goutte d’eau ?
Oh oui, juste une goutte d’eau…
Une goutte d’eau…
Une goutte d’eau !

LE MÉNAGE DE LA DINDE & DU PAON

Petite fable affable

Avant de finir en suce-goulot,
Las, à la fortune de La Fontaine, 
J’ai puisé une fable de belle eau
Venue du vieux temps futé des futaines
Où l’or, l’argent commandaient au destin
Au lieu de leur obéir d’instinct !

Dans quelque fermette joliette,
Une dinde aux idées bien arrêtées,
Comme une montre au siècle passé,
Plus sotte et crédule qu’une caillette
Prônait haut, le verbe en baïonnette,
Sa foi fanée, des valeurs éventées
Ou bien des traditions trépassées,…
En bref, toutes ces choses sur lesquelles
Cette époque que l’on dit « actuelle »
S’assoit bien dessus, façon convaincue
De nous dire qu’elle se les fout au cul !

Pour s’assurer un grand destin étatique,
Elle s’allia avec un vil paon,
Ridicule seigneur de pleins arpents
Qui entra lui aussi en politique
En insigne saigneur, en vile tique :
L’homophobie et la xénophobie
Lui servaient de programme et alibis.
Comme notre dinde, il voulait la peine
De mort pour les uns ; aux autres, les chaînes
Et le boulet ; il abhorrait Hugo,
Cocoriquant comme nasille un goth,…

Cette union si peu contre leur nature
Fit jaser un peu et ressasser
Quelques affaires et certain passé.
On mit le journaliste à la pâture :
La dodue d’un sien cousin germain
Était l’épouse ; pour qui dit amen
Cet hymen fait tâche. L’autre, fertile
Faiseur de progéniture inutile,
A un beau rejeton qui viola
Son frère. Bel exemple que voilà !

Ils auraient dû se souvenir à temps
Qu’une maxime venue du fond des âges
Dit : « Quand on prétend faire le ménage
Chez les autres - « ménage de printemps »,
Simple dépoussiérage,… - il importe
De balayer d’abord devant sa porte ! »

mardi 22 juillet 2014

lundi 21 juillet 2014

HAÏKU CINÉ

Certains n’ont eu, n’ont et n’auront d’ouverture d’esprit
qu’après une fracture du crâne !

LE DESMAN TOUTOU

Petite fable affable

Un desman, taupe des monts et des vaux,
Se prenait pour un bon chien de berger ;
Il est bien des bipèdes enragés
Qui se disent des hommes et non pas veaux.
Son assiette, en effet, s’ennuyait
Quand il était tout seul pour l’essuyer,
 L’animal aimait fort la compagnie
Des ovins de son hostile pays.

À l’estive, il les gardait, les menait
Où l’herbe abondait entre les genêts.
Son lit s’ennuyait de lui tout l’été,
Bien plus que lui de son lit, occupé
À son labeur de pastou qu’il était.
Or, un soir noir où la lune avait fui,
L’ours survint, détruisant à grands bruit
Ami, si tu te charges d’un travail
Pour lequel tu n’es pas taillé : pagaïe !

SKETCH EN ROBE NOIRE

En pensant à Jérémy Ferrari


« Non M’sieur l’juge, je ne comprends pas
C’que j’fais d’vant vous à l’heur’ du repas…
Comment ?!… Que j’aurais forcçé cett’ fille ?!
Eh, j’suis beau et pour la chos’ pas un’ bille !…
D’mandez à toutes les femm’, mêm’ mariées :
J’sui un bon coup ; pas un maq’ avarié !
Pas besoin d’les draguer, just’ j’les regarde
Et elles fond’ sur moi, et pas par mégarde !…
Non, non, M’sieur l’juge ne la croyez pas :
Elle s’veng’ parc’que c’est moi qui voulais pas !

Croyez pas, M’sieur l’juge, que je me dérobe,
Mais, comm’ vous, elle portait bien la robe
Et avec rien dessous, comme il se doit.
Alors c’est du "racolage actif” pour moi.
 Et puis les sens, ça s’enflamme si vite…
Mais, juré, ell’ m’invit’ plus qu’ell’ m’évitent !

Encor' non, M’sieur l’juge, ça, ça tient pas !
Elle en a pas dix-huit ?… Ell’ les fait n’c’pas ?!
J’vais pas aller d’mander à chaqu’ frangine
Qu’j'culbut’ son curriculum. Imagine ?!
Le début du mot m’suffit ; ell’ l’ont compris
Et bien pris…  Jeu de mots !… Quoi, non ?!… con-pris…
Vous avez pas d’humour dans les prêtoires !…
Quoi outrag’ ?! J’ai pas sorti “mon” pétoire !…
Non M’sieur l’juge, sûr ça, n’la croyez pas :
On n’est plus vierg’, quand on a tant d’appâts !

Croyez pas, M’sieur l’juge, que j’me dérobe
Et puis qu’est-ce qu’un mec portant un’ robe
Y connait aux femm’, aux fill’, dîtes-moi ?!
Et puis, après deux packs, la bièr’ je crois,
Fait souvent qu’on sait plus où c’qu’on habite
Et encor moins où qu’on fourre sa bite !

Non M’sieur l’juge, là, là, moi j’vous suis pas :
Ça serait ma fill’ ?!… Celle à son papa ?!…
Mais bien sûr que je la connais ma fille !
Que j’lai mêm’ reconnue à c'te brindille
À sa naissanc’, sans l’avoir jamais vue
Avant !… Et depuis ce jour, j’suis d’la r’vue
Vu qu’sa mèr’ s’est barrée avec le maire
En m’laissant avec c’te chiare amère…
Et, M’sieur l’juge, croyez moi ou pas,
Mais j’t’lai dressée aux coups, la lupa !

Croyez pas, M’sieur l’juge, que je me dérobe
Mais, M’sieur l’curé, un autr’ qui port’ la robe,
Y m’dit d’l’éduquer ma goss’. J’y pourvois.
Elle en est devenue gross’, comm’ ça s’voit.
C’est pas ma faut’ : j’ai fait qu’mon devoir, dites,
Et gratos, et elle s’plaindrait, c’te maudite ! »

samedi 19 juillet 2014

HAÏKU REND

Une gifle est une fessée retenue.

LA PAIRE D’ÉPEIRES

Petite fable affable

Un soir, deux épeires discutaient.
« Au boulot, t’es bulot et boulet !
Disait haut l’aînée, très remontée
À sa jeune sœur qui déboulait
Chez elle pour se faire une toile.
Retourne à l’école ou mets les voiles,
Car tous tes collègues en ont assez :
Lacunes et bêtise entassées
Te font pis que cucurbitacée
Et juste bonne à te prélasser !

- L’éducation coûtant fort cher,
J’ai essayé l’ignorance !… Aussi
Pour m’ôter cette crasse un Kärcher
N’y suffirait point. Bah, c’est ainsi !
 Des vains voudraient se faire l’épeire ?!…
Laissons causer consœurs et compères
Qui râlent, jusqu’à l’heure du thé,
Contre l’ignorance qui fait, Té,
Sots résignés ou ânes bâtés
Quand l’école fait des révoltés !

- C’est la fête d’épeires avec toi…
Car ta balourdise rejaillit sur moi :
Nous sommes nées sur le même toit,
Toi, plus inculte de mois en mois…
- Le seul vrai remède à l’ignorance,
Ma sœur au cœur et à l’âme rances,
Est le savoir, non pas le discours !…
Ne le sais-tu, toi qui me fais cours ?
Alors je t’en supplie, fais plus court
Ou a tes mots donne un autre cours ! »