Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 29 juin 2023

HAÏKU GÊNANT

Il parait que j’ai perdu la mémoire. Pourtant je n’en ai aucun souvenir !

UN MODÈLE PARFAIT

Petite fable affable

Praxitèle, un beau jour, voulut
Sculpter l’élégance absolue :
Il trouva une jouvencelle
Une Aphrodite, une Artémis,
Un petit bijou de pucelle
Apte à damner père et fils.

Il fallait convaincre ces charmes
De s’exposer nus sans alarme, 
De se laisser graver, ciseler
Dans le marbre le plus célèbre :
« Et de vos formes effilées
On parlera, sûr, jusqu’à l’Ebre,
Comme de vos fiers appâts,
De votre peau d’ivoire si douce,
De sa pure blancheur de rousse.
Héra ne s’en remettra pas ! »

Mais la  nymphette alors réplique
Sur un ton qui n’a rien d’angélique
À ce tout nouveau Prométhée :
« Rien de plus que je ne connaisse :
On m’évoque, m’a-t-on conté,
Jusqu’au gynécée des déesses
Qui, las, me jalouseraient fort…
Et comment donc leur donner tort !
Qu’est-ce que ton art, acolyte,
Peut apporter à ma beauté ?

- Ce qui va lui manquer très vite,
Ma fille : l’Immortalité ! »

mardi 27 juin 2023

HAÏKU TEMPÉRÉ

Entre frilosité de ceux qui ne manquent pas de chaleur et frivolité de celles qui sont d’un abord glacial, le genre humain m’inspire un chaud effroi.

LE DERNIER FIDÈLE

Un portail qui grince. Et puis, des graviers qui crissent.
La brume blanche au ciel drape comme un linceul
Le pas las, le pas lent de celui qui va seul,
Réveille le silence lourd qui s’en hérisse.

Un portail qui grince. Et puis, des graviers qui crissent,
Il sait où il retrouvera le vieil aïeul,
Auprès d’un gros bosquet mêlant cyprès, tilleuls,…
Entouré de jobards, gens de bien et Jocrisses.

Un portail qui grince. Et puis, des graviers qui crissent,
Il apporte avec lui un bouquet de glaïeuls.
Au loin une cloche à la voix triomphatrice.

Un portail qui grince et puis des graviers qui crissent,
Le corps gourd, le cœur lourd, s’avance l’épagneul 
Au sommeil de tombes que l’aurore lambrisse.

lundi 26 juin 2023

À L’HAÏKU’LE

Rien n’est plus difficile à décrypter que des sanglots car il est autant de larmes amères que de pleurs de joie !

dimanche 25 juin 2023

HAÏKU D’ESPRIT

Ce que les gens pensent de moi ?… Peut-on parler de « pensée » pour si peu ?!

P’TIT BILLET D’ÉTÉ 41

C'est dans l'air du temps, ce coup-ci


Las trop impliqué pour vraiment être poétique,
Mon bon Eustache*, tu étais trop « politique »,
Et bien trop de ton temps pour traverser les ans.
Toi, le polémiste courtisan, complaisant 
À ton roi tu n’as guère laissé bonnes fables :
Serviles, elles ne me sont guère affables !


* Eustache Le Noble (1643-1711)


vendredi 23 juin 2023

HAÏKU DONNÉ ?

Restons humble par nous-même, laissons les autres nous élever* !


* aphorisme signé de mon ami Philippe Loupzen quel je lui emprunté en toute modestie.


HAÏKU DE GRÂCE

La vie est une histoire drôle parfois pas marrante, souvent mal racontée dont la chute est toujours mal écrite.

L'ÊTRE À LÀ-BAS

D’après Lettre à France,
Jean-Loup Dabadie & Michel Polnareff

Il y eut une fois,
Tout là-bas…
On n’oublie jamais ça,
Il n’y a pas débat…

Depuis que je suis loin d’chez moi,
Je suis un peu comm’ hors de moi.
Si j’en parle encore tout bas,
C’est que l’on n’y revient pas
Quand on a quitté ce là-bas
Même au prix d’un combat…

L’adolescence
Est récurrences dans chacun de mes émois.
Les yeux toujours à fleur d’eau,
L’esprit et le cœur en fardeau,
Elle n’est que souvenirs… Des photos, chez moi,
Parlent radio et musique,
Spectacles fantastiques,…
Je vis en nostalgique !

L’adolescence
Fait référence dans tout ce qui me fait moi.
La mémoire m’est infidèle
Et parfois, las, se fait rebelle
Mais je m’en soucie plus que de mon devenir.
Et alors que filent les mois,
Je retourne là-bas
Chaque fois qu’ça n’va pas.

Il y eut une fois
Tout là-bas.
On n’oublie jamais ça,
Il n’y a pas débat…

Depuis que je suis loin d’chez moi,
Je suis un peu comm’ hors de moi.
Si j’en parle encore tout bas,
C’est que ça allège mon bât,
Tous ces jours que je ne vis pas
Me font penser à toi…

mercredi 21 juin 2023

LIBRE D’HAÏKU

Être esclave d’un autre oblige à rester maître de soi.

LE DOGUE PAS ASSEZ ROGUE

Petite fable affable

Ce dogue est chien fidèle et intraitable
Sauf quand il s’agit de se mettre à table,
Trop gourmand pour, hélas, se raisonner.
Un larron, le sachant, a assaisonné
Sa pâtée de ces gouttes qui assomment
Qui veut faire le plus léger des sommes.

Notre cabot, molosse tout en dents
Fait donc fête au nocturne imprudent
Qui lui offre une ration double
- Qu’il la mérite ou non ne le trouble ! -
Comme il disait : « À gamelle donnée,
On ne regarde point dedans ». Étonnés ?

En deux ou en trois petits coup de la langue
Happée et léchée, sans plus de harangue
La portion ne tarde à faire effet.
Le gardien rejoint aussitôt Morphée
Et le malandrin dévalise son maître
Jusqu’au à ce qu’Aube vienne à naître…

On le réveilla à coups de horions,
On le rossa comme un vil histrion
Pour s’être laissé berner de la sorte,
Pour n’avoir surveillé au mieux la porte
Et pour avoir oublié le dicton
Que transmet depuis le qu’en dira-t-on :

« Méfie-toi donc du présent que l’on t’offre :
Il pourrait hélas te coûter ton coffre ! »

lundi 19 juin 2023

SUR L’HAÏKU DE ONZE HEURES

L’avenir est vite dépassé quand on le voit comme du passé à venir !

MOT À MOT

               Mes amis, juste un mot. Le dernier. Plus beau que le premier. Mot d’enfant bien sûr. Je voudrais un mot de la fin, bien évidemment fin, et juste aussi, que je ne voudrais pas savoir ultime : celui de Cambronne étant à proscrire, son frère à double-sens aussi, ce sera assurément un mot pour rire mais qui ne prête pas à rire. Alors lequel ? Je ne suis pas sans merci et donc ce ne sera pas celui-ci. C’est déjà ça de pris diront les grimauds qui aiment à vous prendre au mot.
     Rien qu’un mot, s’il vous plaît donc, mais un qui ne soit pas bien grand ni trop gros quoiqu’entier, parler à demi-mot me déplaît, on le sait. En un mot, un petit mot qui fait plaisir pour énoncer une grande idée peut-être. Donc il me faut trouver un bon mot, et non un bas, mais il est vrai que je n’aime pas avoir en bouche un mot qui soit plus haut que l’autre. Un mot usuel, de mon crû qui ne soit pas cru et ne ne me reste pas sur le bout de la langue ; un qui soit de bonne famille - étymologiquement parlant - car le fait qu’il soit d’ailleurs m’importe peu. Au contraire : je suis, non comme le premier glossaire venu, moi, un spécialiste de la conquête du Lexique (1519-1521). C’est bien le moins. Le mot, pardon ! De ceux qu’on se donne ou se passe ?
     Mot pour mot, prends donc un synonyme me direz-vous, chameaux. Cela ne m’aide pas plus, le préférerais un mot-clé car ceux qu’on dit valise me paraissent trop lourds, et un mot sage… je me méfie des mots de passe, souvent inconvenants et tout aussi sots repartant car ils fichent le bordel : un mot d’ordre conviendrait donc à ce mémo plein de grumeaux à défaut de chiffres décimaux. Bref, faute d’émaux, je veux un mot d’esprit qui vienne du cœur, rare et précieux, mais un mot aussi singulier que simple - ceux que l’on dit « composés » ont des pluriels trop alambiqués - un mot de liaison qui nous rassemble et me ressemble. S’il était de bon lieu, un dictionnaire par exemple, et s’écrivait comme il se prononce, quelque accent qu’on ait, ce ne serait que mieux
     Je vois que vous ne me soufflez mot alors que moi je n’arrive point à piper celui que je voudrais. Les mots vous échapperaient-ils à vous aussi, ces traîtres-mots qui vous lâchent quand on veut les placer à son répertoire à la kermesse du hameau quand on est marmot ?
     Gens normaux, ne vous méprenez pas, sans mot dire, sur mon silence à maudire. Si on prétend chez qui aime à se donner le mot que « qui ne dit mot consent », en l’occurence moi j’ai perdu les miens et donc, là, je vous l’affirme « qui ne dit le con sent » ! Peut-être pour sauver la mise devrais-je, ayant incidemment perdu mes moyens, en toucher un mot à quelqu’un afin de séparer la paille des mots du grain des choses et donc, au lieu d’un mot, vous dire quelques mots qui ne soient animaux - pardon « bêtes » ! - avec, dans le cul, un plumeau et à la bouche un chalumeau. Un comble pour un eskimo - ah, l’exquis mot ! - natif du signe du Gémeau en promo’.
     Je n’ose pas, car je l’avoue je viens déjà à vous l’âme à nu mais à mots couverts et vous entend, jongleurs comme vous êtes, jouer sur les mots mystérieux, mêlés ou cachés que je n’ai pas… que je n’ai plus. Mais que vous avez ou aurez croisé, vous, n’ayant pas peur comme moi des mots pour le dire. Oui, sans jeu de mots, quand les mots me manquent, en un mot comme en cent, ils me font souffrir les pires maux et croyez bien que je les retournerai, quand je les retrouverai, sept fois dans ma bouche pour le mieux mâchés me soient-ils déjà sous comme un nuage d’eux-même ; doivent-ils me rester en travers de la gorge. Je savais qu’on pouvait ne plus trouver ses mots, qu’il arrive qu’on les perde à trop les peser parfois, mais je ne pensais pas que cela m’arriverait et que je devrais, un jour, vous payer de mots… sans un mot, en ce Dimanche des Rameaux où j’aurais dû vous en toucher un mot car j’en avais finalement deux à vous dire, en un mot commençant !

dimanche 18 juin 2023

HAÏKU DU 18 JUIN

Avis aux têtes de pioches et aux bêcheurs, pour répondre au mieux à l’appel, il faut ratisser large et creuser profond !

BONNE FÊTE À TOUS LES PAPAS

Bonne fête aux papas du passé, d’aujourd’hui,
À ceux qui le seront au-delà d’une nuit ;
Aux papas d’ici ou d’ailleurs, et de demain
Toujours prêts à donner non du poing mais la main ;
À ceux que je sais et que je ne connais pas 
Méritant qu’on mette ses pas dans tous leurs pas.

Pensées aux papas seuls, les papas par l’esprit,
Par intermittence ou hasard… et à tout prix ;
Aux papas à qui manque un enfant aux côtés,
À tous ceux qui donnent d'eux même le meilleur,
Tous discrets sans être distants, l’œil prou rieur.

Enfin tendre clin d’œil, sans fauter, rassoter,
Aux papas qui, trois fois hélas, ne sont plus là
Mais que l’on n'oublie mie, soit-on et mal et las.



samedi 17 juin 2023

BRUITS D’HAÏKU LOIR

L’homme est souvent mesquin dans ce qu’il recherche et peut être grand par ce qu’il trouve.

POUR LE CAS OÙ…

Petite fable affable

Pour garder ses glands, ses noix, ses noisettes,…
Bref toutes ses automnales emplettes, 
Un écureuil, encore à ses commissions,
Pour bien protéger ses bonnes provisions
Des rôdeurs et des larrons en grand nombre
Par les bois, en appelle à un loir, un ami.
C’est ainsi à l’esprit s’ôter une ombre
Et, mieux, faire preuve, ma foi, de prud’homie.

Mais le croque-pommes, quand il ne ronfle,
Est un goinfre qui panse et bajoues gonfle.
Choisir pareil commis fut-il judicieux ?
L’angoisse hante alors notre brave astucieux…
Il demande au rat gîtant dans son chêne
D’épier le dormeur, puis au blaireau
De guetter raton et à frère ours, à la chaîne,
D’espionner les deux autres héros.

Ainsi était surveillées jusqu’aux plus secrètes
De toutes ses planques, de toutes ses cachettes
Et surtout leurs vigiles qui, à la fin
Dévorèrent plus par ennui que par faim.
Le réserves du jacquet, déconfit, se retrouvent,
Vides avant que ne vienne l’hiver.
Il ignorait que, pour garder son bien, il ne se trouve
Meilleur dragon que soi, sous nos couverts…

jeudi 15 juin 2023

HAÏKU DE RAISONS

Pour chacun, « le bon sens » ne peut-être que sien propre !

COMPLAINTE

D’après Rutebeuf (1245-1285)

Qu’est Démocratie devenue
Que nous avions si bien connue
Et acclamée ?!
Nos dirigeants, sans le clamer,
L’ont dévoyé ou l’ont crottée
De mille sortes.
Et puis ils l’ont mise à la porte
Pour que la colère l’emporte,
À volonté.

Pour une loi qui, là, écueille
Sans fin, ni ambages, on l’effeuille,
La met au vert…
Ou pour le peuple faire taire,
Et sans façon le mettre à terre,
Sans gros travers.
Conviendrait-il que je vous conte
Que tout cela se fait sans honte,
À découvert ?!

Qu’est Démocratie devenue
Que nous avions si bien connue
Et acclamée.
Nos dirigeants sont à blâmer :
Ils l’ont dévoyé, l’ont crottée
Au débotté.


Ce sont nos espoirs qu’on défeuille
Et nos demain qu’on encerceuille,
Qu’on livre aux vers.
Quand vos droits, partout, on évente
Et des devoirs on vous invente,
Vous vient l'hiver.
Car oui, ils l’ont mise à la porte
Pour que votre colère apporte
Bien des revers.

mercredi 14 juin 2023

HAÏKU CÂBLÉ

Quand tout ne tient plus qu’à un fil, qui tire les ficelles n’aime pas qu’autrui le fasse, lui, trop sur la corde.

mardi 13 juin 2023

HAÏKU DE PRÈS

Avec mes proches comme mon prochain, l’amour est dans le près.

LE PAON PITEUX

Petite fable affable après et d’après Jean de La Fontaine, 
Le paon se plaignant à Junon  (Fables, II, 17)

Le paon, las, revint à Junon :
« Bonne Dame, ma traîne de plumes est un don
Dont je vous sais gré, je l’assure,
Mais mon vol pataud, et pardon
Mon cri,… l’ensemble dénaturent.
Ne puis-je sans froisser votre bonne nature
Être sur ces plans aussi épatant
Que mon plumage est éclatant ?! »

Notre déesse le fit taire
En lui redisant que sur la terre
On ne peut tout avoir. Un simple survol
Des uns ou des autres, portant ou non licol,
Devrait appeler à l’humilité, au quant-à-soi,… :
« Ta vaine insistance, ma foi,
Mérite plus qu’un blâme, Oiseau audacieux ! »
Elle transforma le contestataire
En dindon : vol disgracieux,
Voix au ridicule exemplaire,
Plumes ternes et tristes, queue sans vitalité,…
Qui rend fort grotesque ses roue et vanités.
« Ton obstination, que tu croyais courage,
Est pour ma libéralité plus qu’un outrage ! »

Les bêtes ont compris le message
Préférant le silence au risque du punir,
Contents de peu, rendant hommage
Pour le rien qu’ils ont : c’est un bien à bénir
Quand on risque le dépaillage !

dimanche 11 juin 2023

HAÏKU SUR UNE PIQUE

Combien d’ « êtres supérieurs » ne sont que vanités de privilégiés ?

NOM DE DIEU !

Après Annecy, 8 juin 2023

Dans un site imprenable
Radieux, insoupçonnable,
S’est déchaîné un insidieux,
Qu’on dit déraisonnable.
On est en excuses dispendieux
Pour le divin vérécondieux…

Au prétendu saint nom de son dieu,
Il a commis, là-bas, l’odieux.
Oui quelque abominable
Rage l’a conduit, compendieux,
À l’acte impardonnable
Et le plus condamnable.

Face à l’insoutenable
À l’inimaginable
Reste-t-on miséricordieux ?
À tous ces cieux minables
Comment ne pas dire un adieu.
À jamais. Et partout. Tudieu !?

samedi 10 juin 2023

vendredi 9 juin 2023

LA PRINCIPAUTÉ DE MON HAÏKU

Certaines mamies font partie du paysage car, comme les montagnes, elles sont plissées mais rien ne semble les éroder…

UN COURTISAN À L'ACADÉMIE

Petite fable affable

Attifé comme un paon, un âne fait sa cour
Pour obtenir des suffrages tout alentour,
Afin d’entrer dans l’assemblée si mortelle
Des Immortels. Alors cette mortadelle
Plie l’échine comme un baudet trop bâté,
Fait des courbettes comme un chien trop gâté,
Rampe comme un ver,  amuse comme un singe
Et change d’idée plus souvent que de linge.

Tout ça pour offrir un fauteuil à son cul quand
Un tabouret aurait suffi à son talent :
L’animal ne se fait bête, en somme,
Que lorsqu’il veut s’élever au rang de l’Homme !

mercredi 7 juin 2023

HAÏKU VERT

Un paysagiste est un jardinier qui cultive la Nature à coups d’artifices.

SANS REPENTIR, NI REPENTANCE

D’après des vers de Verlaine (*)

C’était dans le temps peu tentant de mon enfance,
De la saine innocence, de la sainte ignorance,
Où j’étais bien avec ma vie, pas dans ma vie,
Bien qu’il me soit avis que nul ne me l’envie
Aujourd’hui :
De la foi, pain et sel et manteau pour la route
Si déserte, si rude et si longue sans doute*,
Nous allions d’église en caté’ qui gâtait
Pour ne pas finir damnés comme ânes bâtés.

C’était dans le temps peu tentant de mon enfance,
Où sans être bigots, juste chrétiens de France,
On vivait d’autre vie, loin du vice et du vit,
Aux psaumes, aux chants et prières asservis,
Fleurs sans fruits :
Au grand théâtre de la messe, on louait la fable
De l’étable, on contait d’autres cènes à sa table,…
« Ça ne fait pas d’mal si ça faisait d’bien ! »
Pour s’éviter de finir paillard ou païen.

C’était dans le temps peu tentant de mon enfance,
Où je rêvais bien cierges, sans faire offense,
Mais pour d’autres vierges que j’aurais bien suivies,
D’autres fièvres et d’autres lèvres servi,
Même éconduit :
Pas cagot, sur tout cela, je restais muet,
Péchés cachés au tréfonds de sens remués
Qui étaient pourtant, lors, « tellement de mon âge »,
Qu’on sentait au tapage des pèlerinages.

C’était dans le temps peu tentant de mon enfance,
Entre incantations et processions, rance,
Où j’égrenais à confesse des maux véniels
Alors que cons, fesses faisaient déjà mon miel
Mes sauf conduits :
Lassé des saints, à dessein, je devins poète
De l’essaim des seins et de fleurs à la cueillette,
Ai fui l’ Église et, surtout, un caté’ gâté
Qui fit de moi, à jamais, un pieux athée…

lundi 5 juin 2023

HAÏKU DE TABAC

Je suis, en général, très remonté contre les condescendants !

LE CHIENCHIEN À SON MAÎMAITRE

Petite fable affable d’après Le chien &  son maître
 de J.-F. Guichard (Contes & fables…, tome 1, 1808, fable 8-XVIII)

Un yuki tout mouillé, tout crotté,
Retourne à la brune à ses pénates,
Jouant de toutes ses petites pattes
Sur la porte d’entrée, culotté.

Au bruit de ce labeur son bon maître 
Adoré lui ouvre. Joies sautées
Et plaisirs jappés, au débotté,
Il se porte au jabot de cet être
Aussitôt tout mouillé, tout crotté.

L’homme, endimanché, n’est en rien flatté
Par ces démonstrations badines
Et spontanées d’une humeur câline.
Il ne peut comprendre, âme gredine
Ou esprit buté d’âne bâté,
Que si, vrai, le ton fait la chanson,
La forme hélas ne fait pas le fond…

dimanche 4 juin 2023

VUE D’HAÏKU

Longue réflexion n’apporte rien aux courtes vue.

BONNE FÊTE À TOUS LES MAMANS

Bonne fête aux mamans d’hier et d'aujourd'hui, 
Qui ne sont que tourments, et le jour et la nuit ;
Aux mamans de demain, d'ici et d'ailleurs 
Qui n’ont mie un moment à elles, pour le meilleur
Ou, las, parfois le pire ; aux mamans que je sais
Et à celles que je ne connais pas. Pensées…

Pensées aux mamans seules, aux mamans par l'esprit, 
Aux mamans par hasard, à celles qui payent le prix
De n'avoir pas ou plus d’enfant en vis-à-vis 
À celles qui le sont par substitution,
Qui n’ont pas rechigné à une adoption,…

N’oublions pas celles qui nous ont donné la vie
Et dont l'amour tendre éclaire chaque pas las,
À chaque heure du. jour, mais qui ne sont plus là…



samedi 3 juin 2023

HAÏKU ENGAGÉ

Mes doutes t’inquiètent ; tes certitudes m’effraient.

À CERTAINS MILLENIALS

D’après Aux modernes de Charles-Marie Leconte de l’Isle (1818 - 1894)

Vous vivez sans soucis, sans trêve ni dessein,
Faisant de chaque jour un tas d’heures infécondes,
Critiquant le boomer fourbe, faux ou malsain, 
Qui vous paie vos gadgets accrochés à des ondes.

Vous regrettez qu’hélas le temps soit assassin
Et qu'on vous ait fort souillé ce pauvre monde
Auquel vous ne voulez adjoindre un crapoussin
Qui soit issu de vous, tant tout vous est immonde.

Vous ne vous voyez qu’en reine ou roi de la nuit,
Noyés dans le néant béant de votre ennui, 
Et à vous remplir, sans aucun effort, les poches.

Avec plus d’écrans que de cran, il n’est pas loin
Votre règne tout en machine et baragouin
Qui nous mettra, nous si cloches, six pieds sous roches.

jeudi 1 juin 2023

HAÏKU LOTTÉ

À l’école de la vie, les classes laborieuses ne quittent leur couche populaire que pour le string minimum face aux bas bleus qui porteront toujours la culotte !

L’OISELLE BERNÉE

Petite fable affable d’après Le paysage & le pigeon
 de J.-F. Guichard (Contes & fables…, tome 1, 1808, fable 8-XV)

Zeuxis peignit à fresque un paysage 
Champêtre des plus charmants et des plus sages
Où tout vibrait, où tout semblait vivre en vrai.
« C’est Artémis dans sa plus belle livrée ! »
S’écriaient tous les badauds de passage.

Son créateur d’orgueil pouvait s’enivrer.
Rien ne manquait du ciel et des nuages
Qui, tant ils trompaient l’œil, frémissaient au vent
Soufflant sur un coteau arboré d’un autre âge.
L’herbe tendre et le vert gazon, au devant,
Invitaient au badinage, au lutinage,
Parmi les fleurs, et dans l’ombre, connivent
Coulait un ruisseau si clair, ni net, si limpide
 Qu’on croyait l’entendre courir, intrépide.

Une alouette avait vu l’artiste œuvrer,
Avait apprécié le voir manœuvrer
Et donc des couleurs et du pinceau vu naître
Ce sommet du talent du plus grand des maîtres.
Mais la soif la dévorait. Toute au désir
De s’abreuver, savourant jà son plaisir,
Elle se précipita dans l’onde tentante
Et donna de la tête contre le mur.
La compagne de l’artiste, lors mourante,
Dit qu’on ne l’y reprendrait plus. Ça c’est sûr :
On ne s’abuse aux trompeuses apparences
Que floué au miroir de ses espérances !