Mes amis, juste un mot. Le dernier. Plus beau que le premier. Mot d’enfant bien sûr. Je voudrais un mot de la fin, bien évidemment fin, et juste aussi, que je ne voudrais pas savoir ultime : celui de Cambronne étant à proscrire, son frère à double-sens aussi, ce sera assurément un mot pour rire mais qui ne prête pas à rire. Alors lequel ? Je ne suis pas sans merci et donc ce ne sera pas celui-ci. C’est déjà ça de pris diront les grimauds qui aiment à vous prendre au mot.
Rien qu’un mot, s’il vous plaît donc, mais un qui ne soit pas bien grand ni trop gros quoiqu’entier, parler à demi-mot me déplaît, on le sait. En un mot, un petit mot qui fait plaisir pour énoncer une grande idée peut-être. Donc il me faut trouver un bon mot, et non un bas, mais il est vrai que je n’aime pas avoir en bouche un mot qui soit plus haut que l’autre. Un mot usuel, de mon crû qui ne soit pas cru et ne ne me reste pas sur le bout de la langue ; un qui soit de bonne famille - étymologiquement parlant - car le fait qu’il soit d’ailleurs m’importe peu. Au contraire : je suis, non comme le premier glossaire venu, moi, un spécialiste de la conquête du Lexique (1519-1521). C’est bien le moins. Le mot, pardon ! De ceux qu’on se donne ou se passe ?
Mot pour mot, prends donc un synonyme me direz-vous, chameaux. Cela ne m’aide pas plus, le préférerais un mot-clé car ceux qu’on dit valise me paraissent trop lourds, et un mot
sage… je me méfie des mots de passe, souvent inconvenants et tout aussi sots repartant car ils fichent le bordel : un mot d’ordre conviendrait donc à ce mémo plein de grumeaux à défaut de chiffres décimaux. Bref, faute d’émaux, je veux un mot d’esprit qui vienne du cœur, rare et précieux, mais un mot aussi singulier que simple - ceux que l’on dit « composés » ont des pluriels trop alambiqués - un mot de liaison qui nous rassemble et me ressemble. S’il était de bon lieu, un dictionnaire par exemple, et s’écrivait comme il se prononce, quelque accent qu’on ait, ce ne serait que mieux
Je vois que vous ne me soufflez mot alors que moi je n’arrive point à piper celui que je voudrais. Les mots vous échapperaient-ils à vous aussi, ces traîtres-mots qui vous lâchent quand on veut les placer à son répertoire à la kermesse du hameau quand on est marmot ?
Gens normaux, ne vous méprenez pas, sans mot dire, sur mon silence à maudire. Si on prétend chez qui aime à se donner le mot que « qui ne dit mot consent », en l’occurence moi j’ai perdu les miens et donc, là, je vous l’affirme « qui ne dit le con sent » ! Peut-être pour sauver la mise devrais-je, ayant incidemment perdu mes moyens, en toucher un mot à quelqu’un afin de séparer la paille des mots du grain des choses et donc, au lieu d’un mot, vous dire quelques mots qui ne soient animaux - pardon « bêtes » ! - avec, dans le cul, un plumeau et à la bouche un chalumeau. Un comble pour un eskimo - ah, l’exquis mot ! - natif du signe du Gémeau en promo’.
Je n’ose pas, car je l’avoue je viens déjà à vous l’âme à nu mais à mots couverts et vous entend, jongleurs comme vous êtes, jouer sur les mots mystérieux, mêlés ou cachés que je n’ai pas… que je n’ai plus. Mais que vous avez ou aurez croisé, vous, n’ayant pas peur comme moi des mots pour le dire. Oui, sans jeu de mots, quand les mots me manquent, en un mot comme en cent, ils me font souffrir les pires maux et croyez bien que je les retournerai, quand je les retrouverai, sept fois dans ma bouche pour le mieux mâchés me soient-ils déjà sous comme un nuage d’eux-même ; doivent-ils me rester en travers de la gorge. Je savais qu’on pouvait ne plus trouver ses mots, qu’il arrive qu’on les perde à trop les peser parfois, mais je ne pensais pas que cela m’arriverait et que je devrais, un jour, vous payer de mots… sans un mot, en ce Dimanche des Rameaux où j’aurais dû vous en toucher un mot car j’en avais finalement deux à vous dire, en un mot commençant !
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