Petite fable affable
Plus bruyants que brillants, des loriquets en bande,
Très haut dans les branches, pépient à plein caquet.
Les voisins, les passants fuient cette sarabande
De bons mots, de lazzis, d’ironie,… par paquets :
Nul ne peut échapper aux moqueries critiques,
Au point que l’on finit, souvent, par s’écharper
Parmi ces oiseaux-là, de cris en ris harpés ;
Rire de tous, ici, est une politique !
Passe un ornithorynque au pas un peu pressé.
Aussitôt, il lui pleut des brocards, des sarcasmes,…
Le voilà la risée de qui aime agresser,
Juger qui doit déchoir, tout secoué de spasmes.
« Juchés sur vos perchoirs, vous voilà courageux ;
Cachés sans peur de choir, le nombre vous protège
De toute réaction qui, un beau soir, abrège
Vos jours si, d’aventure, il vient un ombrageux !
Mammifère pondeur, sourd et, bien pire, aveugle
Quand je plonge en mare, moi, le si bon nageur,
On raille mon gros bec de canard et on meugle
Pour imiter mon cri ; On voit, Vains Tapageurs,
Qu’avec pattes palmées, griffues, j’hésite en sentes
Et suis ridicule avec ma queue de courtaud.
J’entends les quolibets, quoique bête et pataud,
Et votre dérision, jamais bien innocente…
J’en ris quand je vous vois, vous et vos vies, Compères :
On est moins malheureux, Pipelets, qu’on ne croit.
Non. Ni aussi heureux qu’on ne veut et espère.
Je suis laid et alors ?!… Chacun porte sa croix.
Les miens m’aiment. Ça me suffit. Mais qui chansonne
Jusqu’au saint nom des siens qu’a-t-il donc en surplus ?
L’être à qui personne ne plaît est, ma foi, plus
À plaindre que celui qui ne plaît à personne ! »