Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 5 mai 2012

LE CANETON DEVENU COQ

Petite fable affable

La valeur n’attendrait pas,
Dit un très ancien proverbe,
Qu’on s’approche du trépas.
C’est vrai aussi pour le verbe
Donnant de l’esprit au cœur
Face aux sots et aux moqueurs.

Un matin, une fermière
Glissa dans une couvée,
C’est pratique coutumière,
Un œuf de cane sauvé
Après la mort de la mère.
La poule le couva bien,
Comme s’il était le sien,
Quoiqu’en disent les commères
De son poulailler, pour qui
Cet œuf avait “quelque chose”
Qui n’augurait, c’est acquis,
Rien de bon ni rien de rose.
Qui joue bien mal du palais
Trouvera toujours relais !

Au milieu de ses poussins,
Elle vit la différence
Du rejeton de bassin
Mais, n’ayant pas le cœur rance,
Elle l’aima, l’éleva
Comme ses enfants à elle,
Le protégeant de ses ailes
Contre méchants et divas.
Il apprit donc, à la suivre,
Tout ce qu’il fallait savoir
Et faire, ou pas, pour survivre
Sans jamais la décevoir :
Avec elle, pas de fronde ;
Et poli avec tout le monde.

Se prenant, se croyant poule,
Notre caneton grandit,
Malgré le mépris des foules,
Se moquant de ce qui se dit,
Faisant la fierté de son père.
Le coq, qui régnait ici
En le voyant dégrossi,
Bien que tout autour prospèrent
Médisances et ragots,
Entreprit de lui apprendre,
Bien qu’il soit privé d’ergots,
Tout son métier sans attendre.
« Je serai coq, sans délai,
S’il te plaît, tant qu’il te plaît ! »

Ce ne fut, au poulailler,
À voir “l’autre” qui imite
Le coq, qu’occasions de railler
L’un et l’autre, à la limite
Du malaise, quand “le fils”
Ratait ses cocoricotes,
Paradait sur toute côte,…
Qui leur dit, fier Adonis :
« Sont mes parents qui m’élèvent
Soient-il, ou non, de mon sang.
Par eux, j’ai pitance et rêves
Et j’en suis reconnaissant.
Loin des miens qui vagabondent,
Ma famille, c’est mon monde ! »

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