Petite fable affable d’après Luis de Sepúlveda
Les Indiens d’Amazonie,
Pour chasser le plus malin des singes,
Gîtant jusqu’au Maroni,
Ne se sont pas creusés les méninges :
L’animal est très curieux
Mais surtout avide autant qu’avare.
Je sais, chez nous, des furieux
Qu’on prendrait, ayant les mêmes tares,
D’une semblable façon.
Cela leur vaudrait leçon !
Le vrai chasseur choisit et évide
une vraie noix de coco
Dont l’écorce est bien dure et solide.
Il introduit illico,
Quelques petits cailloux dans sa panse
Et suspend son maracas
À une branche, comme on le pense.
La bête, dans son fatras
De feuilles, a regardé faire l’homme ;
Elle est pourtant intriguée
Et se porte à la noix pour voir, en somme,
Pourquoi on laisse vaguer,
Au lieu de le serrer, cet ouvrage
Qui a demandé travail et courage.
Elle touche et secoue
La noix et l’entend, ô stupeur, bruire.
Elle croit flairer bon coup,
Qu’un trésor à l’intérieur doit luire,…
Puis, elle introduit sa main
Dans son ventre et comme elle referme
Son poing en un tournemain
Sur les cailloux pris, que l’antre enferme.
Ne pouvant ressortir son poing
Elle refuse de lâcher prise
Par peur que, venant à point,
D’autres la lui prennent par traîtrise.
Elle reste plantée là,
Jusqu’au grand jour du retour…
De qui lui joua ce tour !
Il est un conte bouddhiste
Qui dit que d'autres singes, en Asie,
Sont tels que ceux qui existent
dans la Selva, tares et fantaisie,
Et que tout aussi curieux
Que leurs cousins, on les prend de même !
La morale sous ces cieux
Veut que pour être libre, ou soi-même,
Il faudrait savoir « lâcher
Prise » et, cela, sans tricher !
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