Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 15 novembre 2025

HAÏKU PERPLEXE

Comment prendre la vie du bon côté alors qu’elle ne se présente à nous que d’une seule façon ?!

PREMIER BAISER

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 12 novembre 2025

Carpo n’avait pas fini de vêtir les nues
Ni de déshabiller la futaie roussissante
Qu’un froid de marbre s’invite, l’air ingénu,
Pour nous offrir, d’un coup, son étreinte glaçante.

Les hommes et la nature sont déjà en deuil
Dans le silencieux et floconneux manège.
Les frimas précoces ne sont pourtant qu’au seuil 
Des jours gelés mis dans un suaire de neige.

Entre les ténèbres ombrées des bois de sapins 
Et l’obscurité des vallons, les heures sombres
Semblent arrêtées quand les vents hurlent un chant lupin.

Ce tombeau maussade, éclatant dans la pénombre,
Sera fleuri de lumières, au Noël proche
Qui embaumera de joies ce blanc sans reproche.



jeudi 13 novembre 2025

HAÏKU NE RIT ?

Nos dirigeants confondent trop souvent mutisme et silence.

SOYONS CONSÉQUENTS

Petite fable affable

Toute la Gaule, hélas, est battue par Rome
Qui y impose ses langue, droit et lois.
Elle y dépêche aussi, en masse, ses hommes
Y instaure sa monnaie de bon aloi,
Y installe ses dieux et enfin son mode
De vie, moins « sévère », surtout plus « commode ».

C’est ainsi, ma foi, qu’agissent les vainqueurs
En terre conquise et ainsi les Gauloises
Et les Gaulois plient tous, mais pas de bon cœur :
Ils se font donc Gallo-Romains depuis l’Oise
Jusqu’à notre Aquitaine… et même au-delà.
Et nul n’échappa aux toges, aux falbalas,…

Installé en notre pays de cocagne,
Depuis belle lurette, un celte étranger,
Vivant là avec ses enfants et compagne,
Qui avait toujours tout fait là selon seul gré
Et à son goût sans que jamais ça dérange,
Lui aussi aux règles romaines se range.

On s’en étonne ou bien on est circonspect
Mais lui, il répond lors sans faire l’anguille :
« Qui, avec les barbares veut vivre en paix,
Et ne pas risquer la peau de sa famille

Devra, las, bafouiller avec qui bégaie

Et clocher avec les boiteux, aux aguets. »

mardi 11 novembre 2025

HAÏKU DES COPINES

Qui est pauvre en vécu est trop souvent riche en conseils.

LE VILLAGE

Dans le petit matin nu, tremblant,
Parmi les ombres crépusculaires,
Les coteaux froids jaunissent à blanc 
Aux feux fanés d’une aube célère
Qui ignore les coins que la nuit
Baigne encore de suie et d’ennui,…

Par les frimas venus l'effeuiller,
Décontenancé, un gros bras d’arbre
Balaie un ciel lointain, endeuillé
Où, vers l’horizon resté de marbre,
Fuit la fumée bistre des toits
Que couvre un hiver blanc, matois.

De bise fouettés, cailloux gris
Des chemins à l’abandon s’effacent,
S’oublient taillis au bois rabougris.
Las, tout ici engloutit nos traces
Et nos vies, à la morte saison
Qui enterre jusqu’à nos maisons…

dimanche 9 novembre 2025

HAÏKU AU CASQUE

Réfléchir ?… Je vais songer à y penser.

MISONS SUR LE BON CHEVAL

Petit fable affable

Dans quelque cité de Grèce d'Orient
Vivait un vieillard qu'on disait fort brillant,
Homme entre les hommes, tout d'intuitions
Mais resté dans son humble condition.
Cet Ancien-là était antiquité
Menaçant ruine mais sa sagacité,
Car il n’était pas un mauvais cheval
Était recherchée, amont comme aval.
Ce sage possédait pour tout savoir
Une vie passée à entendre et voir.

« Mais cette rossinante est un tocard !
Étalons se fient-ils à un briscard
Qui ne fut las qu’un vil cheval de trait
Pour qui le trivium était sans attrait ;
C'est même pas un cheval de retour :
Un vieux bourrin ! » C’est ainsi, sans détour,
Qu’un rhéteur novice, pauvre en vécu 
Mais prou riche en conseils, avait vaincu
L’aura du Vieux auprès des plébéiens
À qui le doyen ne voulait que du bien.

Ce jeune tribun était à cheval 
Sur ses bons principes et si son rival, 
Certes, avait du bon sens, lui il savait 
Les grands auteurs et, chez eux, se servait
Les citant d’abondance ; l’orateur
Était chez ses pairs un maitre étalon.
Ses connaissances en disaient bien plus long
Que ses discours soufflaient ses zélateurs.
Or, un jour une haquenée de bon lieu 
Eut une fièvre de cheval, Grands Dieux.

L’Ancêtre, consulté, préconisa
Un remède idoine mais sans le visa
Du savant que faire ?… Notre cerveau,
Intervint, monta sur ses grands chevaux.
Paraphrasant Caton et Cicéron,
Invoquant Ovide et même Néron,
Il prouva - son dada ! - par « a » plus « b »
Que le mieux à faire, sans regimber,
Était… de ne rien faire. Et la jument
Trouva la mort râlant et écumant…

Fuyons, au loin et en choeur, cette engeance
Qui confond « culture » et « intelligence » !

vendredi 7 novembre 2025

HAÏKU L’ÉTAL

Vis ta vie comme si c’était un miracle non une malédiction.

IL EST DES MOTS…

Dans un monde qui tant change de peau
Faisant brouets spartiates de propos
Il est des mots que l’on voudrait entendre,
Doux mots ou mots d’amour de l’âge tendre,
Au-delà du bon temps, sans trop attendre,
Pour le ressort de nos heures distendre…

Dans un temps qui n’est qu’instants et moments,
Offrant gruaux frugaux de sentiments,
Il est des mots convenus, bienvenus,
Quand on a le cœur cabossé, à nu,
Que les vents mauvais chassent au creux des nues
Nos chansons, et nos plaisirs tant menus…

Pour tous les Hommes astreints à ce ragoût
De langues de bon bois jusqu’au dégoût,
Sont des mots d’espoir jetés en sébile,
Des éclats de soleil indélébiles
Ouvrant des horizons lors volubiles…

Dans une société où est bouillie
Une langue en bafouillis, cafouillis,…
Il est des mots qu’hélas on ne dit plus
Qu’il faut taire et, pire que l’on exclue,
Condamnant l’oreille et l’âme au reflux…

mercredi 5 novembre 2025

HAÏKU POUR COUP

Je ne prête mon oreille qu’à qui me donne la parole.

LA ROME DES HOMMES

 Petite fable affable

Le camp a froid. Le camp a faim.
Même si la nuit vient, enfin,
Elle ne sera pas repos ni somme
Pour la légion de la lointaine Rome.

Elle campent là pour la grandeur
Et la gloire de vains glandeurs,
Vivant dans le luxe et dans la luxure
Sans blessure, eux, mais tout en bouffissure,
Dans des palais défiant les ans
Et que l’on enviera longtemps.
Parmi des oisifs tout à leur service
Ils donnent libre cours à tous leurs vices
Loin des boues des pays atteints,
Des champs de batailles incertains
Car ce ne sont las que des hommes
Ceux qui composent les légions de Rome.

Il est aux civilisations de grands traits,
- Que ce soient mode de vie, belles pierres,… -
Qui, à les voir de près, ressemblent au lierre

Car ils ruinent ce qu’ils semblent parer.

lundi 3 novembre 2025

HAÏKU PARLANT

Les volubiles sont sourds aux silences et aveugles à la nuit.

FIÈVRE ARDENTE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 18 août 2025

Cette année, l’été a le sang chaud et le ciel,
Hémophile, après nous avoir piqué un fard,
Épanche là sa sève de sang, avec art,
Au-dessus de forêts encore encore riches en niels.

Des nuages acajou s’éveillent à ces merveilles
D'un vermillon cramoisi, et dans un air salin,
Les hôtes du lointain, neuf, purpurin, s'éveillent.
Fichées sur la toge pourpre des cieux corallins
Aux nuances carmin, des fibules rubis
Et grenat qu’hélas dégraferont l’opalin
Du petit matin qui se refuse, tout alun,
Aux garance, à l’amarante même en nuances
Qui ourlent de vermeil et de carmin son habit
Comme aux cochenille et cinabre fulgurances.

Cette année, l’été a le sang chaud et le ciel
Et la brise attisent ces braises qui, tout cafard,
S'enfuient au-delà d’un horizon jamais blafard
À cette heure qui se refuse aux tons mercuriels.



samedi 1 novembre 2025

HAÏKU EXISTENTIEL

Il est plus difficile d’exister sans vivre que d’être sans paraître.

LES MATOUS DE MADEMOISELLE

Petite fable affable

Une ménine, pas des vieilles de chez nous,
Mais une infante de l’Espagne sans burnous
Avait deux gros chats blancs. Pas semblables. Identiques.
Nul, hors la donzelle, sans le sain viatique
D’un collier ne pouvait savoir qui était qui
De ces minons, minous, minets. C’était à qui
Y perdrait au plus tôt son latin chez suivantes,
Duègne ou préceptrices en choses prou savantes.

« Elle se moque de vous ! » fit, un jour, la reine
À ces désespérées jetées, las, dans l’arène
De l’ire lassée de sa fille qui disait :
« Me trompes-je, moi ?!… Il faut réfléchir non jaser. »

Sa Majesté même ajouta pour leur complaire :
« Laissez-la donc à ses enfantines colères ! »

La princesse l’entendit : « Qu’est un monde où l’enfant
Sait mieux que l’adulte qui l’éduque en piaffant :
Qui voit les couleurs de tout a bien moins de chance
Que celui qui, grâce à Dieu, perçoit leurs nuances ! »