Petite fable affable
« Les valeurs qui ont la république allumé,
Dans l’Empire, hélas, se dissipent en fumée.
Déjà, partout, le dieu qui a créé les hommes
Contraint tous les hommes qui ont créé des dieux ;
La vertu appelle le soupçon dans tout Rome
Quand, pire, le vice est récompensé. Odieux
Est ce temps aux sages, aux penseurs : nos temps antiques
Sont donc en toc, aux mains de tiques sans éthique. »
C’était ce qu’avait gratté un grave stylet
Sur une tablette auprès d’une lampe à huile.
L’auteur, au style ancien mais en rien ampoulé,
Terminait son pamphlet par ces mots fort habiles :
« Pour moi, Jupiter m’est témoin, un vent mauvais
S’est levé : mon esprit semble prendre la fuite
Et c’est donc à quelque autre d’écrire la suite
Des hauts faits et méfaits en ce monde arrivés. »
« La torche du bon sens éclaire bien ces phrases,
Et le flambeau de la vérité les embrase ! »
Dit la lampe fière que la lumière vint
De ses efforts pour qu’écrivain touche au divin.
« Oh le plaisant falot ! répliqua la tablette
Ce n’est qu'à moi qu’échoit l’honneur de conserver
Ces mots… Ta part ira croupir aux oubliettes.
- Mais c’est moi qui les ai, pour la postérité,
Gravés ! » fit le stylet, gonflé de fatuité.
On sut la teneur de ces propos peu amènes
Et puis on jeta leur père en geôle inhumaine.
Aucun des complices qui l’assistèrent, là,
Ne s’en vantèrent et, de cela, furent soulas.
C’est fou combien, en ce monde, on a de compères
Inopinés quand vont poindre quelques lauriers
Et combien il nous en fault, bien qu’on les espère,
Si notre beau destin, hélas, est contrarié…
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