Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 31 août 2011

HAÏKU PAIX

À courir les routes, on passe parfois de vie à très plat !

LE LOUP CHENU EN ACCUSATION

Petite fable affable
À Marcel Aymé

Même affaiblie la bête est dangereuse :
Lui faire confiance est chose malheureuse
Causant de périlleux rapprochements.
Pire, si on la pousse en ses retranchements !

Un loup, décrépit, s’en vint un peu trop près
D’un clos où paissaient des brebis. Messire
Le chien, gardien prêt à occire,
Le vit d’un très mauvais œil venir en son pré
Et s’interposa pour protéger le troupeau :
« Du balai, noble et triste Sire, 
Si tu tiens à ta vieille peau !
- Pourquoi tant de haine ? lui demande le loup.
Vois donc mes dents rognées par l’âge,
Mes ongles qui ont besoin d’affûtage !
Tu risques bien moins de moi que du gabelou !
Je suis moins dangereux que tes agneaux.
Je souhaite juste un coin de paillage
Pour passer la nuit à l’abri des chemineaux. 
- Pour qui me prends-tu, Scélérat ?!
Me croirais-tu sans mémoire ou stupide ?
Je saurai me faire intrépide
Pour te faire engraisser champ ou guérets.
N’est-ce toi qui, près de l’onde pure, croqua
Un agneau, après un procès rapide,
Juge et partie en tes arrêts ?!
- J’étais jeune : à faire gras, je ne balançais !
Mais, aujourd’hui, la chance se détourne 
Et, quel que soit l’endroit où je séjourne,
Je fais face aux pierres lancées,
Par ceux qui me craignaient et qui de peur tremblaient…
Je ne l’ai pas volé. C’est ainsi : la roue tourne.
À mon tour d’être proie traquée ! »

Las, le chien mordit le jarret du loup
Qui s’enfuit à travers les ronces,
Après ce tout premier coup de semonce,
Vers une métairie sans gardien ni pastou.
Là, un bélier le reçoit de ses cornes.
Plus loin dans le soir, Ysengrin s’enfonce
Pour trouver un logis, sans compter pas et bornes.

À la mi-nuit, il vit taudis ruiné
Dont Corbeau et Furet avaient fait domicile.
Ils se firent dociles,
L’accueillirent. La nuit bruinait.
Avant de savourer un repos mérité
Le loup discute - il est facile ! -
De sa splendeur passée, tout dépité.

« Et le Chaperon Rouge ? fit Corbeau.
- Vous en êtes encore à ce vieux reproche ?…
Il est vrai qu’alors, j’aimais l’anicroche ;
En ce temps-là, j’étais fort et encore beau,…
Je n’ai pas réfléchi… Cela m’a coûté cher !
On ne me reprit plus à telle approche
Car vous savez combien j’en ai souffert ?!

- Blanchette, tu l’as bien croquée ?!
-  Cette affaire provençale est bien triste.
Certes, je ne jouais pas là à l’herboriste
Mais c’est bien elle qui m’a attaqué
Et, toute la nuit, m’a chargé !
- En Gévaudan, dit-on, vous fûtes terroriste ?!
- On a exagéré :… j’étais déjà âgé !

- Delphine et Marinette… ? » dit Furet.
- Jamais je n’ai voulu tromper ces sottes…
Je les aimais bien, moi : j’aurais léché leurs bottes !
Alors, je commençais à changer. Vrai !…
Mais leur petit jeu a bien mal tourné…
Pourquoi décompte-t-on toujours mes fautes ?!
Pourquoi le couteau en plaie retourner ?!
Et Marlaguette ?!… On l’a vite oubliée !
De cochons, biquets, agneaux,… on me parle 
Comme si j’étais le seul à en croquer, Charles !
On oublie mes bontés ou combien j’ai expié !…
N’ai-je pas droit d’avoir la paix, moi aussi ?!…
Or, ça me fatigue que de moi on déparle,
Mieux vaut croquer que se justifier ainsi ! »… 
Ce qu’il fit,
Déconfit  !

mardi 30 août 2011

CARNAVAL DE HOT SAMBAS

L’envie nous revient à la vie ;
L’ennui se dissout en sons saouls
Quand la cité ravie convie,
Absout le « sens dessus-dessous »

La fête est servie, poursuivie
De tire-sous, de grippe-sous,…
La rue asservie se dévie,
S’absout en « sens dessus-dessous ».

On loue des filous qui vous jouent les Dupanloup jaloux ;
Des Loulou en d’ssous de pilou la clouent à des marlous,
De jeunes loups et des gabelous crient comme zoulous,…
On travestit de confettis,
De frous-frous, les tourlourous,… Plus de verrou ni d’écrou, :
On s’ébroue, peu ou prou : en kangourous les grands gourous,
Quand la cité ravie convie,
Absout, le « sens dessus-dessous » !

La vie nous rend la joie, l’envie ;
La nuit dissout nos sens fins saouls
La cité nous ravie, convie,
Absout le « sens dessus-dessous ».

La fête à l’envi est suivie
De sans-le-sou, de grigous saoûls,…
La rue assouvit sa survie,
S’absout en « sens dessus-dessous ».

Boubous et hindous ne risquent plus bambou ni gadoue ;
Plus de tabou, peu de bagout on court le guilledou
Avec un tatou, un caribou, un hibou,… Pompidou ?!
On habille de cliquetis,
De chants de sapajous, de danses et de roudoudous
La ville et ses bajoues, la vie et son joug aigre-doux,…
La rue asservie se dévie,
S’absout en « sans dessus-dessous ».

La ville revient à la vie,
Un ennui flou pour garde-fou,
Quand, dans la cité ressaisie,
Finit le « sens dessus-dessous ».

Avis : la fête desservie, 
Ce sont les fous que l’on bafoue
Et qu’on asservit s’ils dévient,
Rêv’ d’un grand « sens dessus-dessous »…

lundi 29 août 2011

HAÏKU COURDE

On est prié de ne pas railler le Parquet !

APRÈS L'HEURE, C'EST PLUS LEURRE

Pour l’émoi d’aimer, pour le mois de mai,
Moins languide que lascive, enlaçante,
S’apprête pour la juvénile acmée
Une Eva naissante, toute évanescente…
Fini de rester sur son quant-à-soi,
Elle le fera enfin le don de soies,
Toute aréolée, toute efflorescente ;
Son enfance s’est enfouie à jamais.
Elle fourbit ses charmes pour un bellâtre
Qu’elle a désormais vraiment désarmé,
 Et prête à se battre enfin pour s’ébattre.

Elle est blé en herbe, mais folle, et pis,
Joue à la Catherinette en goguette
Pour quelque flapi aux sens assoupis
Un guerrier d’échauguette et de guinguette.
Elle s’est éprise d’un cro-magnon
Dont elle vous dit qu’il est “trop mignon”,
Un “vrai chef” qui “l’amène à la braguette
Et “saura la saveur de ses faveurs”,…
Ah, elle l’aime son homme des casernes
Ce serveur sans ferveur, viveur, buveur,…
Bien sûr, bête à bouffer de la luzerne !

Jeune fille en fleur s’ra bientôt en pleurs !
Pétulante et pétillante pépette,
Croyant que ce serait là le bon heur
Tu te la pètes et joues les harpettes !
Mais quand on s’égaille, même émerveillée,
On égaye bien vite les veillées
Des désastres des astres. Tu tempêtes :
Oui, il est à toi, avis et envies,
Ton horoscope du jour te l’affirme ;
Et tu es à lui, en vie et à vie,
Les cartes, le marabout le confirment !

Mais à l’aube blême d’un matin froid,
Ma petite péronnelle de tonnelle,
Se peut qu’il te souvienne avec effroi
Bien de ces vains mots, innocente agnelle.
Louve partie pour délicieux délit
Finit vite en indécente de lit !…
Il est une fin aux fables charnelles,
Comme, au jeu du je, la nuit suit midi,
Car on chavire plus qu’on ne chancelle
Sous l’édit des on-dit et des non-dit,
Chère jouvencelle de balancelle !

dimanche 28 août 2011

POÈME AÉRIEN

Cycle toulousain
Sur les ailes de Caravelle,
De Concorde, aigle fuselé,
Mes rêves se sont envolés.

Enfant, je me faisais la belle,
Aux commandes remodelées
De Concorde, aigle fuselé,
Sur les ailes de Caravelle.
Je voyageais, dans ma cervelle,
Sur une carte déroulée,
Franchissant, tout déboussolé,
Océans et monts, en rebelle,
Sur les ailes de Caravelle.

samedi 27 août 2011

HAÏKU R'TINE

Je préfère un mensonge qui aide à vivre
qu’une vérité qui pousse au meurtre !

LA LOI QUE VALIDE LA MORT D'EUCLIDE

Petite fable affable

Un grand mathématicien
Et, peu ou prou, philosophe
Au milieu de béotiens
Mourut, quelle catastrophe,
D’une fort sotte façon
- Digne de quelque opérette -
Qui peut servir de leçon
Mieux que la fable à Perette.

Notre génie passionné
De l’abstrait et des étoiles
Ne voit pas que, sous son nez,
Un puits sombre se dévoile
Car il aimait raisonner,
Visage au vent, vue au vague,
Et s’écouter résonner.
Ce n’est ni fable ni blague.

À prendre, comme un bedeau,
Toutes les choses de haut
 - Ou les mirer, au contraire
De trop près, comme un vicaire ! -
On finit, ô tristes ciels,
Par ne plus voir l’essentiel !

vendredi 26 août 2011

MÉLANCOLIE NOCTURNE

Quand le dos des dunes s’assombrit à la brune,
Sur l’horizon, la voix du vent s’évanouit…
Soudain s’esquisse l’arc de Diane, cette lune
Qui pleure à la volée, pour un non, pour un oui,
Milles larmes éparses gravant au ciel des runes
Dont le sens, les secrets sont à jamais enfouis.

Ces lueurs effeuillées inondent un ciel limpide
À qui la nuit ôte toute consolation ;
Écharpe échappée, un nuage, ombre insipide,
Essaye d’essuyer sa soie d’une oscillation.
Mais la désolation de l’astre ambre et torpide
Luit dans des sanglots qui pleuvent en constellations.

Ces petites perles de pleurs marbrent les ombres
Quand ce bout de miroir sans tain, bien trop hautain,
Noie l’éternel chagrin des cieux dans la pénombre
Des replis du linceul d’un vieil étang éteint ;
Et elles y cascadent de tout leur triste nombre
Déposant des éclats de vivre en serpentins…

Les paillettes essaimées et semées, las, pâlissent
Car l’or de l’aurore rampe - Ogre vésuvien ! -
Et croque la clarté d’une lune si lisse
Dont l’ultime esquille s’enfuit quand elle advient ;
Les fragments mouillés du matin, à l’Est, se glissent.
Et sur l’horizon, le vent, qui veille, revient…