« Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien? »
A. Piron (1689 - 1773)
Notre pays aime les ruines et l’Antique. Mieux que Rome et bien plus que l’Attique, il aréopage ses obsédés textuels et autres sucreurs de phrases qui n’ont rien sous la coupole et guère plus au-dessus. La République vénère ces Verts séniles aux vers sévères, métaphysiciens de la particule et prolixes prosateurs scolastiques. Elle préserve le prestige de ces vestiges, éminents monuments sans nom, reliques saliques sans renom, et leur vésicule des canicules majuscules mais pas du ridicule de leurs propres opuscules. Le cénacle aux doctes oracles de ces alezans patinés par les ans, moins bruyants que gâteux, plus pâteux que brillants, radote et méduse en ratiocinant la fresque vénitienne de ses frasques vénériennes, le stylo empaonné et le style ampoulé.
Chez ces Lumières déjà éteintes, être muet est désuet, mais l’ennui est mortel chez les Immortels que guette la Nuit alors ces révolutionnaires révolus, adorateurs de syntaxe, grammairiens à voir et orthographeurs urbains se comptent en leur respectable assemblée : Apollon apoplectique, Aphrodite arthritique, Adonis prostatique, Vénus cataractique,… et tant d’Hercule éculés fuyant le commerce des commères, peu vêtues ou fort vétustes.
Gloire et prospérité à l’Agagadémie française, cet hospice propice aux malitornes maritornes qui - supplice - en sus plissent, aux ganaches sans panache complices qui dessus se pissent comme aux bedaines des badernes conservatrices, périmées de la plume et de l’esprit, durs de la feuille quadrillée, autographes laborieux d’un « milieu » négrier, débris décrépits de l’Écrit dont le talent est latent et le neurone atone ; « tous ces noms illustres dont pas un ne mourra » que la postérité toujours honorera dans de si beaux livres que personne plus n’ouvre si, d’aventure, un quidam sait où ils se trouvent…
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