Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 9 août 2011

LA FALAISE DU MALAISE

La mer mord la roche.
L’écume s’accroche,
Dentelles déchirées par le roc
Qu’elle laboure encor’ de son soc,
Qu’elle cogne et casse
Et puis se fracasse…

En manque d’inspiration,
Tout là-haut, sur la falaise,
J’entends la respiration
Murmurante de la mer
Qui meurt, seule et mal à l’aise,
Au pied de l’à-pic amer
Enraciné dans son ventre.
Ses sauts et ses soubresauts,
En violents assauts l’éventrent,
Le réduisent en morceaux.

La mer mord la roche.
L’écume s’accroche
Aux ravines, aux fissures, à l’orée
 D’arêtes luisantes dévorées,
Affûtant les lames
Qui me brisent l’âme…

Les vagues grondant, tonnant,
Lentement, sûrement, sapent
 Cette proue de continent
Et la fureur des rouleaux,
Du sac et du ressac, frappe
La paroi où des sanglots
D’embruns déchirent la craie ;
Comme elle effile l’aiguille
Elle gifle l’arche ocrée,
Bat et fouette ses chevilles.

Depuis le Levant,
Un rêve de vent
Se brise avec fracas dans les brèches
Où les brisants, dans les rochers rêches,
Traînent en langueurs,
Privés de vigueur…

Eaux folles et flots tumultueux
Laissent, ici, éclater leur colère,
Au flux et au reflux torrentueux,
Écument d’une rage moirée…
Pourquoi donc cette ire atrabilaire,
Qu’accroît la male humeur des marées,
Alors, qu’ailleurs, l’océan mourant
En rides sages saigne le sable ?
Le sort est-il si intolérant
À l’homme, falaise périssable ?

Depuis le Levant,
Un rêve de vent
S’écrase sur la craie des falaises,
S’enroule à leurs pieds où, n’en déplaise,
Sur l’estran bruni,
Tout sable est banni.

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