Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 13 août 2011

RENGAINE QUOTIDIENNE

Le matin n’est plus très loin…
Mon réveil me sonne à point
Et tue ma nuit chimique
Qu’un cachet-marchand-de-sable
A privé de peurs paniques
De rêves impérissables…
Se lever n’est pas si loin
Faut qu’j’arrête ce tintouin.

Sous la couette je m’étire…
Mon réveil gueul’ comme un sourd :
Ses aiguilles, jamais lasses,
M’disent qu’il faut qu’je me tire…
Un’ pastille. Un verre d’eau.
Et d’un pas lent, qui chancelle,
Au repos, j’tourne le dos,
Les yeux privés d’étincelle.

Ma nuit est partie au loin
Pour fuir ce matin qui point.
Café noir au goût chimique
Et gélules haïssables
Puis douche au jet sismique…
Je repars au tas de sable
Com’ ma montre me l’enjoint ;
Mon auto n’est pas très loin.

Enfin l’périph’ où je fonce,
L’œil hagard et l’esprit gourd ;
Dir’ qu’il y en a qui pioncent !
Alors que surgit le jour
Dans des vapeurs de gas-oil.
Des chauffards, l’humeur oursine,
Et des chauffeurs d’mauvais poil
Vitupèrent, ratiocinent,…

Le parking se voit de loin :
Cette fois, j’arrive à point.
Y’aura pas de polémique,
De gueulante intarissable.
Le chef m’fait une mimique.
Sourire ?… Indéfinissable !
« Au boulot ! » m’salue l’adjoint.
Le parking est déjà loin…

Ici, personne ne chôme :
Le fast-food est toujours plein
De bruits, de cris et d’ « arômes »…
Qui râle, pleure ou se plaint
Ne reviendra pas demain :
Chaque jour, c’est trime ou crève ;
J’n’ai pas assez de deux mains
Et dire qu’on vend du rêve !

Quand la faim m’prend dans son poing,
Je soigne mon embonpoint
- Pills, sandwich anémique -
Debout, prêt et inlassable,
Car mon chef est « dynamique »
Et moi… j’suis « indispensable »…
’Fin, jusqu’à un certain point !
La faim m’garde dans son poing…

Puis ça reprend de plus belle.
Pas le temps de souffler un brin :
Chiottes, cuisines, poubelles,…
J’suis partout, « avec entrain »,
Comme le hurle mon chef
Qui est « », qui nous « stimule »…
Des comprimés, derechef,
M’font tenir : j’les accumule !

V’là la nuit qui r’vient de loin:
Je vais laisser là Saint-Ouen
Et ce job tragi-comique
Dans lequel ma vie s’ensable.
Épuisé, épidermique,
Je redeviens périssable…
Oui, la nuit revient de loin
Pour mettre au jour un p’tit point

Mais la faim m’prend dans son poing…
Pas l’temps d’fumer un joint,
D’fair’ le point 
Ou du foin :
Le matin n’est plus très loin !
Avec un’ pilule au moins
Le sommeil vient, me rejoint,
D’mes rêves toujours disjoint…
Dans mon coin,
Aux p’tits soins,
La nuit est mon seul conjoint
Et l’matin n’est plus bien loin…
Plus bien loin…
Bien loin…

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