Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 mars 2013

HAÏKU D'EUGÉNIE

Les  maximes qui font le plus de maux
sont souvent minimes en mots…

LE LOIR, LES MULOTS & LA MARTRE

Petite fable affable


Un loir gris perdu, ou abandonné,
Nul jamais ne le sut sous la ramée
Est recueilli par des mulots bien nés
Pour qui la détresse de l’affamé
Ne peut, ne doit être laissée pour compte.
Il en est ainsi des bêtes de conte.
Sauf mais jeune, et rassasié désormais,
Notre loir aimait à papillonner,
À flâner attendant que le fumet
Du repas prêt ne vienne aiguillonner
Ses sens pourtant jamais à court d'acompte.
À ce que, par les terriers, on raconte !

Le loir ne se savait pas espionné
Dans ses balades, qui peut l’en blâmer ?,
Par la Dame Martre qui rayonnait
Alentour de son gîte tant aimé.
Un jour, notre fourrée des fourrés compte
Bien lui faire, à la bonne heure, son compte.
Ce  rongeur, petit bien gras, désarmé
Fut alpagué. Midi carillonnait.
On a bien cru la chose programmée.
Il pleure au risque de tout morpionner
Du repas qui s’annonçait, parle et conte
Tout de sa vie et tant de ses mécomptes.

Songeant aux mulots enchantillonnés
Par ce gros loir qui bramait,
Dame Martre voulut réveillonner
De toute la nichée et le clamait.
Elle lui promit vie sauve à bon compte.
Il la mena à bon port, et sans honte.
Là, elle fit ripaille à s’en pâmer.
Puis se tourna vers le loir couillonné :
« Bouchée avalée n’a plus de goût, gourmet !
Un ingrat de ta sorte, billonné, 
Ne mérites ni la vie, ni escompte. »
Et elle goba le laissé-pour-compte.

EN ROUTE POUR… ESCANECRABE

Mais, Escanecrabe, Monsieur
C’est pas un bled, ni même un trou :
C’est un paradis sous les cieux !
Dia, et bé tant pis pour les jaloux.
À Riberichioulet, vous
Verrez la boîte ;
Tournez le dos à Ciadoux.
C’est à main droite 

Ah, Escanecrabe, Monsieur
C’est des vieux dans du vieux. C’est tout.
Mais du bon vieux, de l’astucieux,
Dans du beau vieux, pas com’ partout.
La campagne d’avant et tout :
Mamies benoîtes,
Anciens à journal, à matou,
Aux mains moites,…

Ici, c’est le calme surtout…
De la ouate :
Pas de fous ni de brise-tout,
De vie qui boite,…

vendredi 29 mars 2013

CHASSE HAÏKU'RE

L’animal est moins bête que ne l’affirme l’Homme,
l’Homme moins intelligent que ne le croit l’animal.

LES GRILLONS SECOURABLES

Petite fable affable


Deux vieux grillons mélopaient en fa, en ut,
Au soleil faillant, les élytres en luth.
Ils chantaient leur temps en lamentations, râles
Et récriminations comme font
Les Anciens assemblés dont les vespérales
Dithyrambes répètent, au fond,
Que c’était mieux avant et que tous ces jeunes
Sont fous, impolis, et paresseux,
Que la vie si chère les contraint au jeûne,
Que l’âge venant, le temps crasseux
Passe toujours plus vite et toujours plus vide,…
Rien, ici-bas, sauf l’impertinent
N’arrête la logorrhée de ces avides,
Vraie dérive des incontinents !

Or, une sauterelle vient à passer,
Une de ces jeunettes qui tant lassaient
Nos vieillards, babillards à la barbe blanche.
Le soleil l’avait fort harassée,
Épuisée plus que hâlée par l’avalanche
De rayons dont elle avait assez.
Elle n’aspirait qu’à quelque repos, à l’ombre.
Le gîte de nos pépés convenait.
L’étrangère ayant la peau un peu trop sombre
À leur goût, ils lui ont donc donné
Pour apaiser un peu toutes ses souffrances,
Un concerto des plus beaux dans l’enfer
D’un couchant plus chaud que fournaise. Une chance
De pouvoir aider qui a souffert !

Bien pire et cruel que nos déboires,
Sont ceux qui disent vous sauver d’un bonjour
Ou quand on meurt de faim depuis bien des jours
Veulent vous offrir un verre à boire !

EN ROUTE POUR… UN ARRÊT

Le greyhound vient de s’arrêter
Les passagers lassés descendent.
Café pour eux. Pour elles thé.
Voyage jusqu’au bout de la lande
Qui, comme la nuit qui chalande,
N’en finit pas.
Cacatoès blanc, froid d’Islande.
Un coin sympa.

Dans la vitrine, sédatés, 
D’un geste on rajuste houppelande
Col ou chapeau sans vrai doigté.
Mots d’ici mais accent d’Irlande,
Le chauffeur nous montre qu’il glande.
Fin du « repas ».
Les réverbères en guirlande
N’attendent pas.

Le bitume sous la calende,
Se fait lampas,…
Les kilomètres s’achalandent
N’en finiss’ pas

mercredi 27 mars 2013

HAÏKU CASSÉ

Je souffre d’une douleur sourde
à laquelle je n’entends rien !

LE SANGLIER AFFAMÉ

Petite fable affable

Un sanglier, aussi goinfre que mufle,
Ayant la dent creuse, ce matin-là,
Trouve en clairière, gros comme un buffle,
Un amas de glands, festin de gala.
Il commence à bâfrer quand soudain il lorgne,
Près d’un taillis, que gît un autre tas
Que la charrette du charbonnier borgne
Fit choir au gré d’un cahot. En l’état,
Du maïs. C’était la plus belle aubaine
 Qui, ce jour, se soit à lui présentée.

Mais ses agapes entamées à peine,
Avisant la cahute désertée
Dudit bougnat, il se dit que, misère,
Il était trop près de ce prédateur.
Or, chance inespérée, ce pauvre hère
N’était pas céans ; notre explorateur
Décida de visiter le lieu où l’homme
Faisait sécher ses pommes pour l’hiver.

Notre sanglier avait tout en somme :
La tranquillité de ce lieu ouvert

Et là, non loin, les trois mets qu’il préfère.
À portée. Tout prêts à se laisser faire.
Mais par lequel commencer ? La question
Dès lors, ne ménage plus ses méninges :
Avant que le roi de la combustion
Ne revienne à son logis avec sa sphinge
Il voulait tout avaler, ou le plus,
Ou le meilleur, mais comment diable faire ?

Il demeura, comme un olibrius,
Une semaine à tourner cette affaire
Se torturant fort sans rien tortorer.
Quand le locataire de la chaumière
Revint à ses pénates adorées
L’autre était encore dans la clairière.
Faible et las. L’homme en fit des provisions
Sans balancer sur la belle occasion.

Qui, face à des choix, par trop tergiverse,
Perd ses opportunités de concert
Car le destin plus vite renverse
Le bon qu’il offre que le mal qu’il sert.

EN ROUTE POUR… L'ENQUÊTE

J’suis un privé. L’meilleur d’la ville
Pour retrouver quoi ou bien qui
Échappe aux flics bien moins habiles.
Flasque, flingue, imper kaki
Et clope au bec,… pas de croquis
Je suis votre homme
Pour traquer fric mal acquis,
Tracas, bonhommes,…

Une pépée en pleurs, volubile :

Envolé l’collier de l’husky
En diam’s. Et cogneur son marquis !
J’ai dit oui. Ell’ m’avait conquis.
J’ai r’trouvé les pierr’ sans cookie.
Ell’ m’a fait pomme,
Con com’ un gars du Kentucky,
S’cassant pour Rome :

Les cailloux ont pris le maquis

Et, elle, un homme :
Faudrait pas se fier au whisky
Ni aux bel’ mômes !

lundi 25 mars 2013

HAÏKU EN BONNE COMPAGNIE

À petits plats, grand festin !

NOS DIFFÉRENCES

Sur L’indifférence,
Maurice Vidalin & Gilbert Bécaud

Mots aigre-doux, regards biaisés
Et ce qu’ils « pensent »,…
Laisse-les médire,
Laisse-les médire et te maudire, ces insensés ;
Ce qui construit ce monde c’est
Nos différences.

Tu es crépue, tu es trapue,
Où est l’offense ?
Mais ta démarche,
Mais ta démarche, chaloupée, est incongrue
Et ces fesses que tu remues,
Sans déférence !

Ta différence,
C’est ta couleur et ton boubou.
Sa différence,
C’est un calot, c’est un burnous,…
Leur différence,
C’est une chaîne ou un atour,
Un “quelque chose”…

Par préférence,
Chez Nous, ell’ n’est pas bienvenue
La différence :
Là, on n’aim’rait pas les barbus
En conférence ;
Ailleurs, c’est le pauvre qui pue
Qui fait qu’on glose.

Vous survivez mais vous avez
Trop d’abondance,
D’aides douillettes,
D’aides douillett’,… Et trop de goss’ comme les Gris !
Faudrait chasser, à c’que l’on dit,
L’incohérence !

Ta différence,
Qui est couleur ou bien boubou.
Sa différence,
Qui est calot ou bien burnous,…
Vos différences,
C’est un’ cuisine ou un entour,
Un “quelque chose”…

Quell’ différences ?
T'as des griots, un marabout,…
Quelle référence !
T’as la mosquée et des youyous :
Belle ingérence…
Y’a moins d’migraines, y’a plus d’humour
Dès qu’on se cause !

Nos différences
Dont les sots nous ont abreuvés,
Interférences
Que les baveux ont amplifiées ;
Nos différences,
On devrait les nourrir, en vrai,
D’indifférence…

EN ROUTE POUR… LE PAYS DE MON ENFANCE

Des vieux ombrageux, jamais las,
Terrasse ombragée et tonnelle,
De leurs champs jamais pleins ni plats,
Du soleil et des villanelles.
De hannetons en coccinelles,
Un fils de rien
Sera, béret, chique, “opinelle”,
Homme de bien.

La sieste dans l’ombrette, là,
Sous l’ombrelle, Polichinelle,
Bercé de chants que parlan plan
Dans les chauds parfums de cannelle.
Orties, ronces et pimprenelle,
Un temps de chien
Donnera, de plombs en crinelle,
Tomme et liens.

Point de solitude en venelle,
D’homme sans biens ;
Vin de prunelle et fustanelle,
Le mien est tien !

samedi 23 mars 2013

HAÏKU AU CŒUR

Rien n’est plus amer à l’âme qu’un amant
qu’Amour rend ami à l’aimée !

LA COMPLAINTE DU CERF

Petite fable affable

Hautbois d’une forêt profonde, 
Un grand cerf bramait,
Alertant bêtes à la ronde,
Des plus affamées
Gîtant en fourrés jusques aux pleutres
Vivant en terre pour rester neutres.

Chacun vient se lamenter. L’œil luit 
De compassion feinte :
Quoi qu’il ait à endurer, c’est lui
Le roi de l’enceinte.
Donc, on larmoie et sanglote en chœur,
On éprouve, endure de tout cœur.

Seul l’écureuil ne s’apitoie guère,
Un peu pinailleur,
Comme, las, le font les autres hères
- Sur quoi donc d’ailleurs ? -
Chantant des mélopées malheureuses,
Comme, à un trépas, le font pleureuses.

Le cerf braillait comme on baillerait,
Tout à sa souffrance. 
Lui, si fier, implorait, éploré.
La désespérance
Le faisait pleurs, et râles, et cris,…
Lui, geindre et gémir ?!… Cela surprit.

Mais, seul, Casse-noisettes demande
Au Roi qu’est-ce et quoi.
Ce désarroi qui fait sarabande
Lui vient, restons coi,
D’une poussière à l’œil qui le gêne
Et qu’il ne peut s’ôter. Quelle peine !

L’écureuil le guérit diligent,
Et dit aux cohortes
Ébahies : « “La douleur”, bonnes gens,
“est toujours moins forte
Que la plainte*”, le mal se guérit
Plus qu’il ne se pleure ou bien se rit. »

* Jean de la Fontaine, Contes & poèmes, 1674

CE QUE LES ENSEIGNES ENSEIGNENT…

Coiffure : paraître jeune, Mamie, a un prix !
Sandwicherie : petit marchand de cochonneries.
Remise en forme : transpirer en illimité !
Gadgeterie : Commerçant, en gros, de conneries.
Téléphonie : à tout prix : tout écran, tout écrit !
C’est ainsi que nos belles cités
Font commerce de médiocrité…

Banque : fabricant d’employés sachant ployer,
Se déployer… avant d’être désemployés.
Assurances : se vendre pour mieux s’acquitter.
Prêteurs privés : trafiquant de chair à broyer
Par le biais de crédits aux déloyaux loyers.
C’est ainsi que nos bonnes cités
Négocient avec dextérité !

Fast food : fourrier d’obèses en ville et d’incompris.
Solderie : tromperie, saloperies, bas prix.
Esthétique : fournisseur en facticité.
Grand magasin : de tout, chinoises draperies
Comme triperie, foin l’esprit. Mépris compris.
C’est ainsi que nos belles cités
Font circuler loin l’altérité !

 Friperie : vendeur du prêt à réemployer.
Pub : bar, café où il n’y a rien à gouailler.
Boîte : vendeur de bruit et de promiscuité
Épicier fin : rapace aux ailes déployées.
Crêperie : compositions à pas détailler.
C’est ainsi que nos bonnes cités
Traitent notre familiarité !

jeudi 21 mars 2013

HAÏKU EN DOUCE

Rendre service à ses amis est le seul devoir
qui ne soit jamais une contrainte.

LE DÉRACINÉ

  Je suis né entouré de bien des miens, certes caducs mais de bonne branche, qui pliaient sans casser. Fils de futaie, arbrisseau caressé par des souffles silencieux, à l’ombre de ces anciens, si sages et si sereins, moi, leur héritier forestier tout en sève et en rêves, plein de boutons et un peu sauvageon du côté du bourgeon, je me froissais au bruissement furtif des brises et plissais au frisson du zéphyr. Pour mon malheur, ils m’ont laissé en plant comme un gland…
  J’ai grandi, seul, dans un pré bouleversé et pelleversé, un chantier sans pitié aux odeurs de mortier qui empilait des moitiés de quartiers non loin d’un nœud autoroutier. Je pouvais encore y retrouver le soleil de ces étés qui, fossoyeur des crimes de l’hiver, enterre les incertitudes du printemps jusqu’à ce qu’un panneau proclamant « Place de la République », au-dessus d’une fontaine édulcorée aux eaux chlorées, ne me donne la réplique dans un muet face-à-face. N’ayant que l’eau du caniveau, sinistre ruisseau, pour se mirer, mon armure de ramures n’est plus bercée que par le chant des grillons, encagés volontaires du métro. L’automne venu, quand s’étiolent les pétioles, impudique je m’effeuille et c’est sur un terreau de bitume qui fume que mes feuilles gisent à leur guise : point d’oraison pour les frondaisons. 
     Oui, même nu, je reste de bois bien que je sois devenu le pagne de verdure qui cache un réverbère érectile aux façades sans style, au béton hostile. Ceux qui serrent les lèvres et ceux qui claquent des dents, flâneurs en flanelle ou passants pressés, quoique profitant des prévenances de mon feuillage, me voient sans me regarder, sauf les chiens qui arrosent négligemment mes racines chaussées de grilles et les pochtrons qui s’appuient machinalement à mon tronc corseté de barres. Mon écorce écorchée, balafrée d’entailles qui me faillent, de fissures, de blessures, est scarifiée d’amours immortelles qui n’ont pas passé la saison, porte la cicatrice d’insultes qui ne m’étaient pas destinées. Résigné comme un résineux, assourdi de sons et assailli de coups de klaxons, élagué sans douceur, ébranché dans la douleur, je reste droit sans faillir, figé jusque dans mes branches, feuillée amarrée et ramée arrimée, cerné de moineaux fadasses, visité par des pigeons sans audace, oiseaux citadins, anonymes et anodins.
  Avant d’être dur de la feuille ou de devenir aussi creux qu’eux, j’aimerais réentendre le crissement des criquets, sentir que la feuille d’un confrère, même un greffé griffé par les greffiers, me frôle : j’aimerais retrouver mes racines, quitter ce quartier abhorré pour un sentier arboré, aux bosquets embusqués, un bois dormant plein de gourmands, et trouver du repos dans des ténèbres funèbres, moi l’altier trop entier qu’on ensoleille dès que le crépuscule bascule et qui résiste au flot des fumées qui s’échappe par les pores de la cité, ces brouillards âcres qui déciment ma cime embrumée.

EN ROUTE POUR… LE CAFÉ D'À CÔTÉ

Néons blancs, silence apaisé,
Inox, ambiance sabbatique,
Le café semble amenuisé.
Où est passée cette pratique
Nous refaisant, charismatique,
À l’apéro,
Le vrai monde, et le médiatique,
Le verbe haut ? 

Calme, moderne, aseptisé,

Règne du skaï, monde en plastique,
Il s’est dépersonnalisé.
Où sont passés les emphatiques
Et leurs phrases acrobatiques,
Un brin fiérots,
Drolatiques ou dramatiques,
Entre deux rots ?

Sans lieux communs systématiques

Et vieux poivrots,
Sans ta bêtise emblématique,
Tu es zéro !

Croquis : Camille Lesterle, mai 2015

mardi 19 mars 2013

TOUCHÉ, HAÏKU LAID

L’argent solidifie les amitiés et liquéfie les amours !

LES PORCS-ÉPICS

Petite fable affable d’après Arthur Schopenhauer

Un rude matin d’hiver,
Au blanc pays où les loup déchirent
L’animal à découvert,
Quelques porcs-épics se réunirent.
Ils voulaient se tenir chaud,
Mais de leurs longs piquants se blessèrent.
Fallait-il qu’ils soient béchots !
Aussitôt le groupe se desserre.

Le froid se fait plus marqué
Et, donc, de nouveau, ils se rapprochent
Mais restent, sans s’alterquer,
Sanglants après la nouvelle approche.

Le manège dure un peu
Mais, au bout de quelques jours ils trouvent,
Seuls, une distance entre eux,
Qui permette d’échapper aux louves
Comme à ce froid si mordant
Sans que leurs dards qui, jamais, ne chutent
N’incommodent cependant,
Ni ne blessent l’un de ces hirsutes.

Cet espace entre animaux
Qui permet que chacun s’accommode
De l’autre, et fuir tous les maux,
C’est la “courtoisie”. Crées-en la mode !

LES GENS SÉRIEUX…

Les gens sérieux sont graves,
Stricts et un peu coincés.
Ils ont le regard crave,
La dent prête à grincer
L’humour un peu pincé
De ceux qui sont margraves.

Les gens sérieux sont graves
Et pas des m’as-t-vu.
Il ne font les zouaves
Que pris au dépourvu
Ou sont de la revue,
Victimes d’une entrave.

Les gens sérieux sont graves,
Réfléchis et sensés.
Le vin qui tout aggrave
Ici, sans  nuancer,
Les rend, sans offenser,
Gris et jamais épaves.

Les gens sérieux sont graves,
Empesés, empoissés,…
Goûtant fort le suave
Il ne faut les froisser,
La parole émincée,
Les façons dans l’octave.

Les gens sérieux sont graves
Et pas que sur leurs vues.
N’aimant qu’on les brave
La bévue, l’imprévu,
L’impromptue entrevue,
Chacun est leur esclave.

Les gens sérieux sont graves,
Enliassés, effacés,…
Mais ces êtres me gavent
Quand ils croient bien penser,
Veulent te rabaisser,
Poucaves et pouraves.

dimanche 17 mars 2013

HAÏKU THÉ MOIS

L’amoralité a ceci de supérieur à la moralité
qu’elle ne prétend pas faire autre chose que ce qu’elle dit !

EN ROUTE POUR… SORTIR DU TROU


Là, vrai, il me faut réagir
Car ce ne peut pas être pire.
Spleen et stress n’ont pas à régir
Mes jours où ils font leur empire,
À boire, comme des vampires
Dans mes pensées,
Mes touts, mes riens et mes rires
Cadenassés.

Il me faut remonter, agir,
Briser les scellés, sceaux de cire
De mon vouloir, mugir, rugir,…
Monter l’escalier sans rien dire,
Sans me plaindre, geindre ou maudire
Ces « pas assez »,
Ces « trop » menant à se détruire,
À l’insensé…

Oui, il me faut me reconstruire
Sans balancer :
Une lueur là-haut va luire…
Sans nuancer !

VIOLETTE

 Cycle toulousain

Frêle éclat de lilas tombé
Des cieux au sol, fleur des soubrettes,
Tu te musses, toute nimbée
De pleurs, et baisses ta tête
L’air pudique et  l’âme discrète.
Cœur mauve, au dais d’hamamélis,
Tu embaumes l’aube, l’entête 
Puis te tait, te fait feutrée, plisse.

Effacée, prête à succomber,
Tu accroches l’œil, mais secrète
Et fragile, à peine adoubée,
Ta robe aubergine qui bée,
À peine humée va retomber,
Flétrie plus vite qu’un orchis,
Aux doigts doux qui vont t’exhiber
Te faisant un blanc cercueil, lisse !

Puis, point prune, d’une enjambée,
Te fais parme tapis, fleurettes
En traîne échouée, en cambées,
Pour répandre, de ta retraite,
Ton parfum jusques aux courettes.
Tu enivras et rose, et lys,
Sombre quand le jour, en flambée,
Tout en livrée de senteurs, glisse.

Mon fils, la frêle plombée,
En parterre ou touches en crachis,
Est sombre et sobre bonté,
Tout en vertus du temps jadis.

vendredi 15 mars 2013

HAÏKU CHANT

Un aristocrate a le privilège de voir
son inutilité érigée en mode de vie.

LA PANIQUE, NIQUE, NIQUE

D’après Dominique [Jeanne-Paule Marie (dite Jeanine) Deckers dite Sœur Sourire]


L'électroniq’, nique, nique
Nous emmerde simplement
Objet, chose,… C’est rageant :
À tout moment, en tous lieux,
Ell’ fait jurer nos Grands Dieux
Et pester, Bordel de Dieu !

Notre époque est délétère :
Seule, La Techniq' fait foi,
Exaspère et désespère
L’Homm’ confronté à ses joies…

L'informatiq', tique, tique
Nous emmerde tout simplement
Écris, bosses,… C’est rageant :
À tout moment, en tous lieux
Ell’ fait jurer nos Grands Dieux
Et pester, Bordel de Dieu !

Il est seul celui qui tique
Ou critique le produit
De tous ces progrès uniques
Qui lui pourrissent la vie…

Trucs en -ique, -ique, -ique
Nous emmerdent simplement
Ici, là, maintenant,…
À tout moment, en tous lieux
Ils font jurer nos Grands Dieux
Et pester, Bordel de Dieu !

Qui ne fait pas allégeance
À ces moyens casse-pieds,
Et iniques sont l’engeance
Dun siècl’ déshumanisé…