Petite fable affable
Un loir gris perdu, ou abandonné,
Nul jamais ne le sut sous la ramée
Est recueilli par des mulots bien nés
Pour qui la détresse de l’affamé
Ne peut, ne doit être laissée pour compte.
Il en est ainsi des bêtes de conte.
Sauf mais jeune, et rassasié désormais,
Notre loir aimait à papillonner,
À flâner attendant que le fumet
Du repas prêt ne vienne aiguillonner
Ses sens pourtant jamais à court d'acompte.
À ce que, par les terriers, on raconte !
Le loir ne se savait pas espionné
Dans ses balades, qui peut l’en blâmer ?,
Par la Dame Martre qui rayonnait
Alentour de son gîte tant aimé.
Un jour, notre fourrée des fourrés compte
Bien lui faire, à la bonne heure, son compte.
Ce rongeur, petit bien gras, désarmé
Fut alpagué. Midi carillonnait.
On a bien cru la chose programmée.
Il pleure au risque de tout morpionner
Du repas qui s’annonçait, parle et conte
Tout de sa vie et tant de ses mécomptes.
Songeant aux mulots enchantillonnés
Par ce gros loir qui bramait,
Dame Martre voulut réveillonner
De toute la nichée et le clamait.
Elle lui promit vie sauve à bon compte.
Il la mena à bon port, et sans honte.
Là, elle fit ripaille à s’en pâmer.
Puis se tourna vers le loir couillonné :
« Bouchée avalée n’a plus de goût, gourmet !
Un ingrat de ta sorte, billonné,
Ne mérites ni la vie, ni escompte. »
Et elle goba le laissé-pour-compte.
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