Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 3 mars 2013

LA PETITE & LA GROSSE BÊTE

Petite fable affable

Le dommage que vous pouvez causer
N’est pas proportionnel à votre taille
Et ce, Dia, quelle que soit la bataille,
Non plus à la force dont vous usez…
Ce qui suit peut édifier la piétaille :

Une p’tite abeille bourdonnait
À l’oreille d’un gros Boulonnais
Attelé à son chariot. Un benêt
Le chargeait de pierres avec peine ;
Il suait, poussant brouettes pleines,
L’autre transpirait sous son harnais.
En ville, c’était potron minet…
Bête qui sait douleur donnée
Par ces dards ne peut pardonner
De se laisser faire. Il opinait
Du bonnet, agitait pieds et benne.
L’homme qui manquait déjà d’haleine,
Gronde cet agité sous son nez.

Mais toujours l’abeille bourdonnait.
Le cheval en est émotionné.
Il se cabre pour abandonner
L’homme et le lieu où une vilaine
Le condamne aux souffrances certaines.
Affolée, il fuit comme un damné.
Tant pis pour les bras qui moulinaient !
Ses sabots jouaient les martinets
Sur le pavé et ils résonnaient
En écho par les cahots, cornaient.
Croyant toujours ouïr la pérenne
Voix de l’apidé croquemitaine.
La bête ruait, s’époumonait
Réveillant guet et lansquenets.

Or l’abeille encore bourdonnait…
Le cheval poursuit un tantinet
Par les rues, bouscule un gars jeunet,
Un meunier qui décharge, déveine ,
Ses sacs tout frais venus de la plaine.
Il s’en trouva tout enfariné
De ses pieds noirs jusqu’au blanc bonnet.
Sa voix, jetée sur les murs, sonnait.
L’animal court toujours. Sans freiner.
Acculé dans un estaminet,
On l’abattit tout net. Non sans haine
Car, Dieu, la coupe était plus que pleine.
 Dehors, une abeille bourdonnait…

La peur du mal que vous pouvez causer,
Au grand monde, comme à sa valetaille,
Fait plus sûrement gagner la bataille,
Que l’entaille que vous auriez osé
Lui infliger à la première faille.

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