Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 27 février 2011

HAÏKU VERSATION

Le plus beau débat est celui qui se prend de haut !


Dessin : David Sanjaume, 21 février 2011

LE CANDIDAT

Humble, il est tout en droiture,
Simple, sans duplicité
Pourfendeur d’iniquités,…
Mais au bout de l’aventure,
Finis les indemnités,
Passes-droit, immunité :
Un retour à la roture !

MON BALLON S'EST ENVOLÉ

Mon papa m’a acheté
Un ballon tout tacheté
Et il m’a donné l’attache.
Mais l’agité se détache.

Mon ballon s’est envolé…
Je l’ai vu, tout affolé,
Cavaler derrière un souffle
Puis traîner com’ un’ pantoufle.

Mon ballon s’est envolé…
Je l’ai vu batifoler,
Frôler la statue de marbre
Et escalader les arbres.

Mon ballon s’est envolé…
Je l’ai vu caramboler,
Cabrioler dans les branches
Avant que le vent ne flanche.

Mon ballon s’est envolé…
Je l’ai vu caracoler,
Dans les airs qui tourbillonnent,
Courir comme on papillonne.

Abandonné, il flottait
Et parfois il sursautait.
Puis disparut le volage,
Avalé par un nuage…


Camille Lesterle, Luz-St-Sauveur, 24 août 2014

PLACE DU CAPITOLE, PLACE CAPITALE

Cycle toulousain

Arcades en clôture et sombre couverture
D’un ciel fait vêtement, mouvant et véhément,
Cette place capture, offre à tous, en pâture,
Notre humeur, bruyamment : peurs, joies, pleurs ou tourments.
Couleurs en vêture ou bérets sur la toiture,
Aux fils de Roture, c’est une signature !

Noria, les voitures sont mouvante ceinture
Et le marché, vraiment, rend le temps plus clément.
Nobles créatures, de passantes sculptures
T’y font un agrément, défont nos arguments.
Toute en désinvolture et lyrique culture,
Aux fils de Roture, c’est une signature !

Plaisir sans fioritures, allant sans rupture,
La cité, posément, est Elle, simplement.
Aux fils de Roture, c’est une signature,
La pincée de piment d’un monde s’endormant.

Briques de parement et croix en pavement,
Aux fils de Roture, c’est une signature.
Plus qu’un lieu, un moment, un pays carrément,
Terre de fractures masquant plaies et sutures.

COURANTS D'HAIR

Le vent pluvieux emmêle le fleuve curieux
Qui, sur tes épaules, cascade et cavalcade.
Il mêle quelque parfum défunt, par toquade,
Au souffle envieux flottant en ce flux furieux.

Au fil de ces rapides et de leur course d’ombres,
Cette onde inonde tes seins et chute à tes reins.
Mer sombre au si tendre ressac, où l’amer sombre,
Tes cheveux au vent nerveux chassent mes chagrins.

Ce flot ondule et ondoie puis il se métisse,
Vagues à l’écume de soie que tes longs doigts tissent ;
Des reflets d’étoiles se noient par ricochets
Dans ce torrent lâché où ils restent accrochés.

vendredi 25 février 2011

FAISONS RONDEAU… DO !

Boudons le matin qui s’ensoleille
Et restes dans mes bras, sous nos draps,
Pour qu’encore nos corps s’ensommeillent,
Que nos songes, nos rêves balayent
Un jour qui, bien trop vite, viendra.

Laisses l’agitation aux abeilles
Et l’aube à celui qui en voudra ;
Boudons le matin qui s’ensoleille…

Le temps tentateur nous en coudra
D’autres, des levants qui appareillent
Pour des horizons que rien n’égaye,
Pour des heures d’où rien ne sourdra.
Boudons le matin qui s’ensoleille…

HAÏKU PLEUT

À mari ventru, femme jamais cornue !

Dessin: David Sanjaume, 9 mars 2011

JE VIS MA VIE ÉPHÉMÉRIDE

Pour bien respecter la règle du je
Combien de moi ont trépassé en nous
Tout au long d’une vie sans grand enjeu
Combien d’émois qu’un lendemain dénoue
Pour bien accepter la règle du jeu 

MATIN PARISIEN

Le petit matin parisien
Sent le croissant et la rosette
Fait la causette et la gazette
En philistin en pharisien

Propos plus ou moins cartésiens
Entre forts des Halles et mazettes
Ou propositions à Lisette
D’un rodéo rabelaisien

Qu’on se grise d’une amusette
Ou qu’on s’enfume les frisettes
Faut quitter le rite ambrosien

Alors musette et chemisette
Baptiseront à l’anisette
L’invention du vieux Vespasien

LE RONDEAU DU DOS ROND

Allons l’Ado’, baisse un peu plus la tête !
Dans la Vie, c’qui compte c’est les pépettes
Et t’en trouveras sous le joug du fardeau
Si tu me courbes enfin un peu mieux ce dos !…
Allons l’Ado, enlèv’-moi cet’ casquette !

Si t’aimes pas jouer de la brouette
T’as qu’à te contenter de cacahuètes !…
M’en fous que t’as fait des étud’, lourdaud !…
Allons l’Ado,…

Quoi ?… T’as un vrai boulot et tu rouspètes ?!
Mais tu vas le perdre com’ tu t’entêtes !…
File doux, marche tout droit… au cordeau !
Maintenant on dit “merci” et rideau !
Allons l’Ado’…

mercredi 23 février 2011

PARADOXES DU TOURISME EUROPÉEN

L’Anglais aime tout chez vous… sauf vous !
L’Espagnol fait partout comme chez lui… sauf chez lui !
Les Suisses n’aiment pas devoir payer pour tout… comme ils le font chez eux !
Le Holladais est partout chez lui… surtout chez vous !
L’allemand fait toujours chez vous… ce qu’il ne ferait jamais chez lui !
Les Italiens sont biens chez vous… mais ne restent qu’entre eux !
Le Français vient chez vous persuadé que c’est mieux chez lui !

LA COMPLAINTE DU MARIN

Ohé matelot
Ohé du bateau
C’est pas du gâteau
Filer sur les flots
Depuis Saint Malo
Jusqu’à Colombo
Avec ces rouleaux
Frappant l’étambot

Ohé matelot
Ohé du bateau
Des riches à château
Du pont des hublots
Admirent tant d’eau
Gros grain et mélo
 Toi tu plies le dos
Et sue du calot

Ohé matelot
Ohé du bateau
 Demain c’est Porto
Retour au galop
Le ciel est chaos
Fais bien ton boulot
 La mer est cahots
Et pas un îlot

Tiens bon matelot
Tiens bon beau bateau
Mais sombre bientôt
Loin de Saint-Malo
Et dans ton hameau
Ta femme en sanglots
Chante à tes jumeaux
Ton amour pour l’eau…

VOIE LACTÉE, VOIE D'EAU

Hier, quand je m’endormais, les rideaux des fenêtres
Se sont transformés en nuages ; Baromètre
Bloqué sur la tempête. Et puis c’est ma carpette
Qui, alors, ondula en vagues vaguelettes
Battant le matelas ; le vent jouait trompette.
Mon lit-bateau, lui, devint une goélette
Car mes draps se dressant soudain se firent voiles. 
Sous la coque, passaient des ailerons de squales !

Dessus mon fier vaisseau,
Dans le grain, la bourrasque,
Il me pleut à pleins seaux
Des grains d’or sur le masque
Car, moi, je vogue aux Cieux,
Capitaine audacieux.
Mes tiroirs-sabords crachent
Des étoiles en bordées :
Semonc’. La brise arrache,
À tribord, des cordées…
À moi, fortune et gloire,
Les châteaux de la Loire !

De dessus la grande hune,
De son œil énervant,
Me défie cette lune
Que je vais, proue au vent,
Éperonner en brave.
Et tant pis si j’en bave,
Après un abordage
 J’irai la décrocher
Oui, comme au plus bel âge,
Avec grappins, crochets.
À moi, fortune et gloire,
Les châteaux de la Loire !

Debout sur mon gaillard,
Le beaupré face à l’astre
Je file, ivre et braillard,
Lui faire son désastre,
Laissant dans mon sillon
Milles constellations. 
Mais soudain le vent tombe ;
Les voiles pendent au mât.
Un silence de tombe.
J’ai mal à l’estomac…
Une comète frappe
Et le néant me happe.

La coque  perforée,
Oui, mon bateau s’abîme
Je coule, dévoré
Par les flots et l’abîme.
Adieu, fortune et gloire,
Les châteaux de la Loire ! 
Il me faut écoper
Sans relâche cette eau
Que rien ne peut stopper,
Entraînant mon bateau
Vers des fonds plus serins,
Cimetières marins.

Chaviré, échoué, j’enrage car les flots
Viennent de m’engloutir navire et matelots.
J’étais si près du but !… Mais tout reprend sa place :
Voilages, tapis et lit sont tels que la veille.
Adieu la voie lactée et toutes ses merveilles. 
Au revoir mes rêves déjà finis… La poisse,
Moi, je me réveille encore en eau, tout mouillé ;
Une nuit de plus où je me suis oublié !

« LA BAYONNAISE » (Hymne méridional)

Cycle pyrénéen
Sur « La marseillaise » de Cl. Rouget de Lisle (1760-1836)

Allez, barman, sois pas contrit :
On va tout boire et s’enivrer !
Envoie ton stock qu’on communie :
Y’a des défis à relever ! (bis)
Malgré les cris de nos compagnes
Qui en sont encore aux sodas,
Qu’on finisse dans de beaux draps
Mêm’ si c’est ceux de leurs sœurs d’Espagne.

Aux verres, Parisiens, moussaillons, moinillons,…
Buvons, buvons,
Qu’un vin bien mûr nous serve de bouillon…
(Poil au mam’lon !)

C’est au jaja que l’on se lave !
En bodega, c’est la curée :
Finie la morale qui gave,
Assez de gosiers torturés ! (bis)
Amis, pour nous, c’est le naufrage
Qu’le manque de liquidités,
Mais réclamer au café un thé,
Dans une fête, est un outrage !
Aux verres, Saint-Cyriens, Pygmalion et postillons,…
Buvons, buvons,
Qu’un vin bien mûr arrose nos graillons…
(Poils au croupion !) 

Il faut vider les étagères
De tous les bars, les nettoyer,
Au son des bandas mercenaires,
Sinon ça pourrait s’avarier ! (bis)
Frangins, on s’ra peut-êtr’ damnés
Pour s’être ainsi tous biturés
Mais qu’est-ce qu’elles deviendraient
Les ferias sans le rouge au nez ?!
Aux verres, Pharisiens, tartempions, « taill’-crayons »,…
Buvons, buvons,
Qu’un vin bien mûr console Amphitryon…
(Poil aux nichons !)

Sifflons, peinards ! Sous cette égide,
Com’ la nuit, on est bien parti,
Pas besoin de schnouff’, ni d’acide,
C’est qu’du naturel qu’on a pris ! (bis)
On est pas venu pour se battre :
On aime son prochain dans un rot,
Quand on vérifie les niveaux
On remet de l’eau d’feu dans l’âtre !
 Aux verres, les Vauriens, les bataillons d’couillons,…
Buvons, buvons,
Qu’un vin bien mûr parfume nos haillons…
(À poil, les cons !)

Après y’aura Mont- d’Mars’, Vic, Nîmes,…
Partout où on sait offrir des coups
Sans en donner, pour quelqu’ centimes :
On sait s’amuser, entre nous ! (bis)
On n’a pas choisi « séminaire »
Et l’eau c’est pour les poul’ mouillées ;
Tant pis si le porc fait pitié
Tant que ne me voit pas ma mère !
Aux verres, Orthésiens, Cendrillons, taurillons,…
Buvons, buvons,
Qu’un vin bien mûr nous mène au vermillon…
(Poil au giron !)

Tout se tête, on n’fait pas le tri ;
Liesse et joie nous font tapageurs !
Ivresse, ivress’ chérie !
Canett’ finie où est ta sœur ? (bis)
 On ira jusqu’à la victoire :
Têt’ vide et ventre plein, bon sang !
Goulots asséchés, expirant
Sous les lampions, font notre gloire !
Aux verres, Cartésiens, tabellions et trublions,…
Buvons, buvons,
Qu’un vin bien mûr nous fasse médaillons…
(Poils aux tétons !)

Oui, jusqu’à notre fin dernière
Bibine et nous, on s’quittera plus ;
Quand on s’ra en bière, en poussière,
On s’essaiera à la vertu. (bis)
On est pas beau quand on est ivre ?
On s’allum’ pour pas faire deuil
Et on s’torche, c’est notre orgueil,
Jusqu’à ce qu’on ne puiss’ plus suivre !

Aux verres, Voltairiens, mignons et cotillons,…
Buvons, buvons,
Un vin bien mûr avant l’heur’ du bouillon…
(Et poil au fion !)