Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 31 janvier 2014

HAÏKU RETORS

Qu’un vrai fils de Praxitèle
Grave sur ma tombe en stèle :
« Lui qui n’était que superficiel,
Le voilà bien profond, par le ciel ! »

DANS LE PETIT HALL DU GRAND HÔTEL

Dans le petit hall du Grand Hôtel,
Elle est là : chapeau, gants et dentelles.
C’est bien la plus belle du cheptel,
Éclipsant toute la clientèle
En robe aux froufrous couleur pastel.
On lui voue une passion mortelle,
Un sentiment fort, accidentel,…

Avec du champagne ou bien du listel,
Dansant la valse ou la tarentelle,
Dans le petit hall du Grand Hôtel,
Cette si gracieuse sitelle
On l’imagine à quelque cocktail,
Ses cheveux bouclant en cascatelles,
Dans un vieux castel de Neufchâtel.

Dans le petit hall du Grand Hôtel,
La légère demoiselle Estelle
N’a vraiment rien des Madames Untel
On envie le vieux qui, sous tutelle,
La conduira, lui, jusqu’à l’autel.
On lui promet la pierre et la stèle,
Oui, déjà, à ce simple mortel.

Nous ses galants formant un cartel
D’amants, portant cravate et bretelles,
Dans le petit hall du Grand Hôtel,
On ne vient paspour la bagatelle
Mais pour parler d’amour immortel
Et… défaire, un soir, ses jarretelles
Dans un motel perdu de Vittel.

LE CHIEN & L’ENFANT

Petite fable affable
D’après un conte d’Alphonse Allais 

Au siècle qui fit du fer fils et chemins,
 Ponts ou bras et, pour les gants de velours, des mains,
Bref, à l’âge du fer, un homme ayant la trempe
De ce métal, grisant du côté de ses tempes,
Offrit au seul héritier de ses nom et biens,
Lui, le capitaine d’industrie, un gros chien.
Bien dressée, élevée au mieux la pauvre bête
N’était que servile docilité, courbettes,…
L’enfant, petit, jouait avec cet animal
Énorme, qui aurait pu lui faire très mal ;
Par mégarde, car il était de caractère
Aussi doux que de poil : un toutou grabataire !

Pour que l’enfant ne se fatigue pas trop
Dans ses jeux avec ce limier pataud, noiraud,
On fit confectionner un petit attelage
Que, jamais cabot, le chien tirait au village,
Sur la propriété, par les champs du magnat
Sans se lasser, grogner, gronder,… cahin-caha.
Un jour qu’il promenait l’enfant en sa voiture
Le long d’un vieux canal, il vit une créature
À l’eau ; rien qu’un gamin qui s’y rafraîchissait.
Écoutant son instinct, l’animal si doucet,
Avec la charrette et… son cocher tout perplexe,
Plongea donc pour sauver l’inconnu sans complexe.

Ainsi pour repêcher un drôle jamais vu,
Qui n’en demandait pas tant, pris au dépourvu,
Il noya le fils de son maître, qu’à sa garde
On avait confié, ainsi que la guimbarde.
Le nageur fut puni et le chien mis aux fers
Par notre industriel qui voua à l’enfer
Ces irresponsables dont le vil crime, atroce,
Engraissa avocats et journalistes rosses
Pendant la décennie, au moins, qui le suivit.
Et l’on dit que, depuis, l’homme bien mal survit…
Qui commet une erreur qui s’avère une faute
Ne devrait s’en prendre qu’à lui, remords en hôte !

mercredi 29 janvier 2014

HAÏKU LIE

Exilé hier, expulsé aujourd’hui,
faudra-t-il m’excuser demain ?

PIEUX MENSONGES ?

Rien  de nouveau sous les ciels de lits
de notre petit, et beau, pays
Si ce n’est le président qui trompe
Qui, pas assez, ou bien trop, le pompe.
Se voulant “normal”, homme de la rue,
Il est devenu, qui l’eût cru,
Homme de ruelles.
La presse est cruelle !

Il est dans de beaux draps, Culbuto :
Il culbute hors les lits du Château
Ne manquant pas d’air malgré son asthme ;
Même si la fonction crée l’orgasme,
Vivre vit et biens, là, c’est fini :
Secrets d’Etat lovent
Des joutes d’alcôve !

Qui tire la couverture à soi,
Sur les plus glacées, sa vie asseoit !
Et la Chambre, à son chevet, s’affaire :
Veut voir les dessous, si c’est affaire,…
Flanby flappi dit : « Pour s’égayer
Faut s’égailler… et, las, c’est gayet ! »
Quand on fuit sa couche,
Découche,… ça douche !

LA MACHINE

Petite fable affable

« On ne fait pas d’un âne bâté,
Un cheval de course ! »
Répétait le vieux gâteux, gâté
Par biens et ressources
Qu’offrent aux Puissants l’ombre du pouvoir.
Dans son ministère,
Celui qui éduque, il a devoir
De mener en terre
Un système qu’on dit trop coûteux,
Obsolète, inique et, donc, honteux !

« Qui n’a ni bœuf ni frison, laboure
Avec un mulet ! »
Clamait qui n’était pas à la bourre
Pour affabuler
Sur ce qu’il devait bientôt détruire :
Le plus beau cadeau
Fait à l’Homme voulant se construire.
« Le travail, Crados,
N’est que machines qu’on utilise :
Des sots devenus larbins suffisent ! »

« La bête inutile au travail
Doit quitter l’étable ! »
Dit-on à qui croit l’homme bétail
Quand, pro’ et rentable,
Il a fait ce qu’on attend de lui,
Sans nul état d’âme.
Le voilà seul et nu, sous la pluie,
Devenu infâme :
« La machine remplace, Gros Veau,
Même le plus obtus des cerveaux ! »

mardi 28 janvier 2014

HAÏKU PISTE

Si toujours plus de science amenuisait l’ignorance
Nous vivrions le règne de l’intelligence… et de l’arrogance.

lundi 27 janvier 2014

HAÏKU L’ACTION

Au diable les gommes, fussent-elles à mâcher !
Quoiqu’effacé, je suis incorrigible…

EN ROUTE POUR… UN « AFTER »

Les projecteurs se sont éteints
Sur le tombé du rideau rouge.
Après le tumulte, lointain,
D’un public parti, on se bouge
En coulisse : glace sans tain
Et douce lumière satin,…
On démaquille
Face grimée, cœur enfantin
Puis c’est le corps, sans baratin,
Qu’on déshabille.

L’acteur est nu, menu fretin
Sculpté par son art, à la gouge ;
L’acteur a perdu son latin,
Ses répliques faites vouges,…
Sans éclat, étain éteint,
Jusqu’au prochain petit matin,
Il est coquille
Vide et, lourd comme un lamantin,
Vous paraîtrait un peu crétin,
Une escarbille,…

Mais avec Gotha et « gratin »,
- C’est sa famille ! -
En vaines soirées, vins hautains,
Encore il brille…

L’ARA & L’ATÈLE

Petite fable affable
Librement inspiré d’un conte d’Alphonse Allais

Un perroquet tympanise la forêt.
Sous Phœbus, sous Phœbe, chantant ses propres louanges
À qui veut bien l’entendre, serpent ou ange,
Il argue, cause et devise sans arrêt.
Désoccupé tout le jour, il échange
Avec qui n’a pas sa chance, ossu, pansu,
Mais ne sème qu'un sillon de platitudes,
Un vain grain des lieux communs, sans lassitude,
Pour faire une ample moisson d’idées reçues.

Un jour, il voit un atèle auquel il s’accroche.
À défaut d’avoir de l’esprit, le bavard,
S’avise d’en faire et reproche au criard
De singer en tout l’homme, son cousin proche :
Il jaspine et dégoise comme un crevard.
Malgré ces assauts de saillies, le primate
Reste de marbre et, mieux, répond argument
Contre argument, des plus intelligemment,
Au grand dam de l’emplumé peu diplomate.

Mais le perroquet s’épanche avec superbe
Car tenir, en tout, vaut mieux que discourir :
Il se dit  supérieur aux bêtes et à l’herbe
Car au Commencement, oui, était le verbe ;
Or, comme l’Humain, l’Ara, sans coup férir
Parle !… Oui, il déclame, débat, dialogue,…
Quand le simien agit, marche, bouge et joue
Mais crie, bruit ou bien jargonne en ses bajoues,
Lui s’exprime avec cent mots au catalogue !

Le sagouin perd patience dans l’entretien :
« Tu bavasses et déprises sans rien entendre,
Tu déclames sans m’oüir ni rien apprendre !
M’as-tu bien écouté ?… Ce que tu crois tien,
Et seulement tien, tu aurais dû comprendre
Que je l’ai aussi, sinon point de dispute
Ni de discussion entre nous, vil maraud :
Qui parle plus vite qu’il ne pense, et trop,
Perd toujours, tous contes faits et dits, la lutte ! »

dimanche 26 janvier 2014

HAÏKU LITE

Certaines règles souffrent d’un tel excès d’exceptions
qu’elles finissent par devenir, elles-mêmes, exceptionnelles.

samedi 25 janvier 2014

HAÏKU DE BLANC

Un rien m’émeut mais rien ne m’atteint.

GLOUTON & LES TROIS GRÂCES

Petite fable affable

Un gros glouton gîtait par les bois,
Au abords d’une très vieille ferme,
Où l’on élevait un troupeau d’oies,
De tentants appâts à la chair ferme.
On en trouvait, parmi elles, trois,
Que le fermier métis, l’air bonasse,
Surnommait, tout heureux, les « Trois grâces ».

L’animal, un goinfre, l’approuvait.
Moins subtil, il baptisa chacune :
Ainsi, « Grasse assez », toujours suivait
« Bien Grasse », un peu plus lourde et commune,
Et « Plus Grasse », bête à l’œil mauvais.
Pour lui, ces grasses-là était belles
Et bonnes à croquer, pas bébelles !

Que voulez-vous que ce gourmand fît ?!
Surtout qu’un lynx, courant l’aventure,
Voulut, matin, le devancer. Fi !
Sans faire plus de littérature,
Le goulu de la charpie en fit.
Et puis ce vorace fait ripaille
De ces appétissantes volailles.

Alors qu’il rapaçait dans la cour
Du bon fermier parti à l’aurore,
Il se sentit repu, pris de court…
Et Il n’a pas avalé encore
Tous les gibiers de sa chasse en cours !
Or, il doit, comme ceux de sa race
Ne laisser nulle miette en place.

Quand son hôte revient, sans s’inquiéter,
L’animal bâfrait à pleine bouche.
Non sans peine. À s’en faire péter
La panse. L’homme saisit cartouches
Et fusil. Sans bruit. Sans s’éventer.
Dans le silence sourd de la ferme,
Au festin du gros, il mit un terme.

Le fermier pleura ses chères oies
Mais remercia, pour ses trois grâces,
Son Bon Dieu car ce prédateur froid
Désormais simple corps tiédasse
Lui ferait un bouillon gras de roi,
Un ragoût et, mieux, une parure 
Pour cet hiver en chaude fourrure.

Voilà donc comment finit celui
Qui veut profiter de tout et, diantre
Mon ami, pas plus tard qu’aujourd’hui :
Avoir les yeux plus gros que le ventre
Ruine vœux et vie avant la nuit !

AQUARIUM

Librement inspiré par Aquarius (G. MacDermot, G. Ragni & J. Rado)

Pour les poissons et les coraux
Le Grand Bleu n’est que blues et larmes :
Le courant, continu, désarme
 Des décors sans sel, minéraux…

Face aux mers qui font rêver l’Homme
Toutes baignées de césium
L’aquarium
Devient royaume !


Dans les profondeurs, ça rayonne,
Ça bouillonne et, mêm’, court bouillonne :
La friture, hier, frétillante
Est grésillante ; plus brillante,
Est la crevette, pétillante
La moule jadis méfiante,…
Potassium,
Radon, axiomes,…
L’aquarium
Devient royaume !

Des abysses aux littoraux
Le silence est loose et alarme ;
Son monde est radieux et, charme,
Les algues jouent les  lamparo !

Quand l’océan, qu’aime tant l’Homme,
Doit nager dans l’uranium,
L’aquarium
Devient royaume !


Sceau : Élisa Satgé, 2017

jeudi 23 janvier 2014

HAÏKU DE JATTE

Un esprit étroit peut, difficilement,
appréhender le vaste monde.

EN ROUTE POUR… UN AUTRE URBANISME

« Pensons donc la ville autrement.
Autrement qu'elle n'est pour l'heure.
Qu'elle soit lieu d'embarquements
Pour plus d'épanouissement
Et non celui d'assèchement
Du cœur, de l'âme,
Marécage ou embourbement
Pour homme et femme.

- La ville doit absolument,
C'est là, mon ami, la gageure,
Fuir l'indifférence. - Et comment !
- Elle doit être plus que demeures,
Endroits, travail, raccordements
Ou bien rues sans encombrements,…
- Boutique à dames ?!
- Pensons au ravitaillement
Dans notre trame,…

- Aux parcs décorés joliment,…
- Au tram en rames…
- Et aux gens ! - Non,  certainement :
Pas d'amalgame ! »

LA PETITE INDISCIPLINÉE

Petite fable affable

Une jeune abeille voulait voler
Mais pas comme ses sœurs tout affolées :
Elle, elle, voulait comprendre les choses,
-  Le Qui-Que-Quoi-Où ?… Le Pourquoi-Comment ? –
Et questionnait, jusqu’à l’overdose,
Toute la ruche et, ce, à tout moment.

Elle allait. Mais de roses en pensées,
S’interrogeant, elle se dépensait
Autant en doutes qu’à jouer son rôle.
On la punit. Elle ne comprit pas :
Elle faisait son travail, sous contrôle,
Sans rechigner, sautant quelques repas,…

Sa mère, la Reine, l’a convoquée,
Enguirlandée mais sans grandiloquer,
Rappelant qu’elle était née pour servir,
Que son devoir n’était pas de tant bruire :

« Ma fille, il est bel et bon de s’instruire ;
Réfléchir, c’est déjà désobéir ! »

mercredi 22 janvier 2014

PHOTO HAÏKU PILLAGE

Dans notre République,
les présidents étant ce qu’ils sont
et Culbuto se faisant « culbuteur »,
on peut dire que « la fonction crée l’orgasme » !

mardi 21 janvier 2014

HAÏKU VEAU

Si, dans la famille de Jésus,
on pouvait être vierge de mère en fille,
il n’y a pas de raison qu’on ne puisse être eunuque 
ou impuissant de père en fils.

QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Est-on jamais à court d’argent à Ors (59) ?
Peut-on renommer Changé (72), qui a beaucoup évolué depuis, pour Change (21) ?
Comment douter qu’Argentine (73) soit pays de montagnes ?
On l’appelle Simplé (53) ?
Est-ce la patrie des ânes, Bollène (84) ?
Peut-on prendre un coup de chaud à Frais (90) ?
Peut-on monter à Cieux (87) sans mourir un peu ?
Peut-on jumeler Longcochon (39) et Courtaboeuf (91) ?
Peut-on jumeler, sans paraître vulgaire, Anus (89) et Le Quiou (22) ?
Est-on bien protégé à Saint Barbant (87) ?

LE COUCOU COCU

Petite fable affable


Cette histoire est née en des temps vétustes
Pour dire les mœurs d’oiseaux malappris.
On y voit que par arbres et arbustes,
La Justice est bien étroite d’esprit,
Prenant parfois des décisions injustes
Dont pères et petits paient le lourd prix .
Dieu merci, les Hommes sont bien plus justes !

Un coucou, marié de frais, est cocu ;
Chose, chez  bien des animaux, commune.
Mais sa coucoute, qui ne vaut pas un écu,
Qui couche, et découche, dessous la lune
À tout propos, pour un oui ou un non,
Et même pour des mots beaucoup moins longs,
Oublie mâle et œuf, sans vergogne aucune,
Dans leur nid que le coucou fit cocon.

Époux et père, il veille, couve, adule
Leur œuf. Mais ce coucou, n’est pas concon :
Remonté comme une vieille pendule
D’être empapaouté, et sans façon,
Il en appelle au tribunal des cimes,
Celui des oiseaux, qui a son estime.
Il veut renier des liens qui, féconds
Et légaux, ne lui sont plus légitimes.

Le juge des ailés, un freux affreux,
Entend chaque partie dans cette affaire :
Elle, pleure, implore son amoureux,…
Alors qu’elle revenait de se faire, 
Fortement, secouer le coucoutier,
Ce, la nuit durant, dans les églantiers.
Lui ne refuse que de se défaire
De leur oeuf qu’il soigne comme un rentier.

Mais le corbeau zélé a des principes :
Toute oiselle est née mère. Un point, c’est tout !
Mari marri et père pris en grippe,
Débouté, dégoûté, pour Tombouctou,
Notre coucou, sous les lazzis, s’envole.
Sa femelle n’en est pas moins frivole :
L’œuf qui lui fut, en procès, un atout,
L’embarrasse pour ses brêves convoles.

Le vieux corbac qui, sans joie ni passion,
Lui en avait donné, hier, la garde,
Au nom de la bonne Administration,
Par l’a priori de valeurs ringardes,
Ne voulut rien voir quand Dame Coucou
Abandonna sa couvée, tout d’un coup,
Chez des inconnus que notre paillarde
Avait floué de leur oeuf pour le coût !

Les tribunaux sont buissons épineux
Où, souvent, la brebis cherche refuge
Contre le loup, la bête à poil haineux,
Et d’où elle ne sort point, qu’on en juge,
Sans y avoir abandonné peu ou prou
De sa toison comme sortant d’un trou :
La loi protège moins qu’elle ne gruge !

lundi 20 janvier 2014

HAÏKU N’TROLABLE

Aujourd’hui,
l’enfance c’est l’excès excusé,
l’impair pardonné, la bêtise béatifiée,…
Et l’on voudrait que l’adolescence répare cela ?

dimanche 19 janvier 2014

T'HAÏKU MULE ?

Bel esprit et bonne âme font un revenu misérable.

LA SORCIÈRE

Elle aurait du être chambrière,
Chevrière ou bien même ouvrière
Mais trop entière et altière 
Grossière et, pis, tracassière,
Cœur de pierre chu en l’ornière,
Elle, elle s’est faite sorcière
Et pire : elle en est fière !

Désormais, elle est gibecière
En bandoulière et jambières.
Guerrière, elle est l’héritière
D’une grande lignée princière
- Ses lanières sont bannière -
Et elle s’est faite sorcière,
Toute en mâles manières.

Elle aurait pu être caissière,
Tenancière, boutiquière,
Mais cavalière, outrancière,
Meurtrière et, pis, carnassière
Rosière aux yeux d’épervière,
Elle, elle s’est faite sorcière,
Malgré toutes nos prières !

Nous, on la savait couturière,
Cuisinière et nourricière,…
La chaumière de poussière,
Sa tanière à la rivière,
En clairière, est souricière,
Car elle s’est faite sorcière,
Et, arrière, manœuvrière !

Elle aurait voulu la carrière
D’épicière ou de crémière
Qu’importe !… Mais trop rancunière,
Grimacière et ordurière,
Humeur et cheveux en crinière,
Elle, elle s’est faite sorcière.
La chose est… singulière !

Sa pauvre mère est batelière
Et toutes ses sœurs lavandières…
Mais, elle, elle est la première,
Ce, malgré nos mœurs coutumières,
À rester derrière, en lisière,…
À être devenue sorcière…
Elle est… particulière !

C'EST LES GEAIS

Petite fable affable

Mademoiselle Geai est très amoureuse.
Elle aurait trouvé, à quelques jets de grain
Du nid familial, un beau sujet chagrin
D’avoir perdu sa belle, quelque coureuse.
Vite, il cède aux avances de cet objet
Car, joyeuse et joueuse, elle a tout pour plaire,
Parée de ses plumes bleues, blanches et jais.
Ils s’épouse donc par une nuit très claire.

Pourtant, sa femme est vite dépitée :

A peine lui a-t-il ravi son pucelage,
Qu’il regarde ailleurs, cet oiseau-là, volage !
À le bien voir, aucune ambiguïté : 
Il approche de très jeunes tourterelles,
Aborde, sans ambages, des poule et, pis,
Reluque des grues et frôle des moinelles,
Ou, en trajet, cause à des pies décrépies,…

Si la jalouse tait malheur et vergogne,

Elle rumine son rejet, veut la mort ;
L’instant d’après, lui souhaite malemort :
Dieu, cet oiseau coureur n’est qu’une charogne
Qui l’a payée de mots et humiliée,…
Il a tort de la prendre pour une buse !
Puisque leurs destins sont à jamais liés,
Trompée, elle aura sa peau… et pas par ruse !

Un matin, chambard au nid. On cause haut,

On parle fort, bref, entre époux, on s’explique.
Finis mots doux, projets et songe idyllique !
À la courroucée, l’accusé répond, faux :
« Ce n’est pas parce que l’on est au régime
Que l’on a pas le droit de regarder le menu !…
Ça les flatte de croire qu’envies m’animent,
Bécasse, l’amour leur étant inconnu. »

vendredi 17 janvier 2014

HAÏKU’LTURE

On a voulu faire des enfants des rois,
ils sont vite devenus tyrans.

DIALOGUE RURAL

Petite fable affable

« C’est y donc que vous partez, Monsieur ?!

- Arpents verts et air pur des cieux,
Foutaises quand grenouilles vont chantant !
Et votre clocher, la nuit, sonne ;
Au matin, c’est le coq. Éreintant…
Hors abeilles qui piquent, personne
Que vos bêtes en troupeaux, si gênants
Quand on veut circuler en voiture,…
Ils vont moins vite qu’au pas traînant !…
Et puis ce village où, d’aventure
On passe, est sans vie, sans magasin,…

- C’est qu’elle est partie notre jeunesse
Pour votre ville, mon cher voisin.

- On comprend !… Tout est braiment d’ânesse,
Boue, bouse, machines, ramiers,…
Je n’en puis mais. Et j’édulcore…
Car je vous passe, gentil encore,
Le doux fumet de vos fumiers,…
Et l’ancienne ferme où l’on s’échine
De mulots en araignées qui chinent
Sans cesse entre cave et grenier,… 

- Ici bas, il n’y a pas de médaille
Qui n’aie de revers, vaille que vaille ! ».