Petite fable affable
Librement inspiré d’un conte d’Alphonse Allais
Un perroquet tympanise la forêt.
Sous Phœbus, sous Phœbe, chantant ses propres louanges
À qui veut bien l’entendre, serpent ou ange,
Il argue, cause et devise sans arrêt.
Désoccupé tout le jour, il échange
Avec qui n’a pas sa chance, ossu, pansu,
Mais ne sème qu'un sillon de platitudes,
Un vain grain des lieux communs, sans lassitude,
Pour faire une ample moisson d’idées reçues.
Un jour, il voit un atèle auquel il s’accroche.
À défaut d’avoir de l’esprit, le bavard,
S’avise d’en faire et reproche au criard
De singer en tout l’homme, son cousin proche :
Il jaspine et dégoise comme un crevard.
Malgré ces assauts de saillies, le primate
Reste de marbre et, mieux, répond argument
Contre argument, des plus intelligemment,
Au grand dam de l’emplumé peu diplomate.
Mais le perroquet s’épanche avec superbe
Car tenir, en tout, vaut mieux que discourir :
Il se dit supérieur aux bêtes et à l’herbe
Car au Commencement, oui, était le verbe ;
Or, comme l’Humain, l’Ara, sans coup férir
Parle !… Oui, il déclame, débat, dialogue,…
Quand le simien agit, marche, bouge et joue
Mais crie, bruit ou bien jargonne en ses bajoues,
Lui s’exprime avec cent mots au catalogue !
Le sagouin perd patience dans l’entretien :
« Tu bavasses et déprises sans rien entendre,
Tu déclames sans m’oüir ni rien apprendre !
M’as-tu bien écouté ?… Ce que tu crois tien,
Et seulement tien, tu aurais dû comprendre
Que je l’ai aussi, sinon point de dispute
Ni de discussion entre nous, vil maraud :
Qui parle plus vite qu’il ne pense, et trop,
Perd toujours, tous contes faits et dits, la lutte ! »
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