Petite fable affable
D’après un conte d’Alphonse Allais
Au siècle qui fit du fer fils et chemins,
Ponts ou bras et, pour les gants de velours, des mains,
Bref, à l’âge du fer, un homme ayant la trempe
De ce métal, grisant du côté de ses tempes,
Offrit au seul héritier de ses nom et biens,
Lui, le capitaine d’industrie, un gros chien.
Bien dressée, élevée au mieux la pauvre bête
N’était que servile docilité, courbettes,…
L’enfant, petit, jouait avec cet animal
Énorme, qui aurait pu lui faire très mal ;
Par mégarde, car il était de caractère
Aussi doux que de poil : un toutou grabataire !
Pour que l’enfant ne se fatigue pas trop
Dans ses jeux avec ce limier pataud, noiraud,
On fit confectionner un petit attelage
Que, jamais cabot, le chien tirait au village,
Sur la propriété, par les champs du magnat
Sans se lasser, grogner, gronder,… cahin-caha.
Un jour qu’il promenait l’enfant en sa voiture
Le long d’un vieux canal, il vit une créature
À l’eau ; rien qu’un gamin qui s’y rafraîchissait.
Écoutant son instinct, l’animal si doucet,
Avec la charrette et… son cocher tout perplexe,
Plongea donc pour sauver l’inconnu sans complexe.
Ainsi pour repêcher un drôle jamais vu,
Qui n’en demandait pas tant, pris au dépourvu,
Il noya le fils de son maître, qu’à sa garde
On avait confié, ainsi que la guimbarde.
Le nageur fut puni et le chien mis aux fers
Par notre industriel qui voua à l’enfer
Ces irresponsables dont le vil crime, atroce,
Engraissa avocats et journalistes rosses
Pendant la décennie, au moins, qui le suivit.
Et l’on dit que, depuis, l’homme bien mal survit…
Qui commet une erreur qui s’avère une faute
Ne devrait s’en prendre qu’à lui, remords en hôte !
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