Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 25 janvier 2014

GLOUTON & LES TROIS GRÂCES

Petite fable affable

Un gros glouton gîtait par les bois,
Au abords d’une très vieille ferme,
Où l’on élevait un troupeau d’oies,
De tentants appâts à la chair ferme.
On en trouvait, parmi elles, trois,
Que le fermier métis, l’air bonasse,
Surnommait, tout heureux, les « Trois grâces ».

L’animal, un goinfre, l’approuvait.
Moins subtil, il baptisa chacune :
Ainsi, « Grasse assez », toujours suivait
« Bien Grasse », un peu plus lourde et commune,
Et « Plus Grasse », bête à l’œil mauvais.
Pour lui, ces grasses-là était belles
Et bonnes à croquer, pas bébelles !

Que voulez-vous que ce gourmand fît ?!
Surtout qu’un lynx, courant l’aventure,
Voulut, matin, le devancer. Fi !
Sans faire plus de littérature,
Le goulu de la charpie en fit.
Et puis ce vorace fait ripaille
De ces appétissantes volailles.

Alors qu’il rapaçait dans la cour
Du bon fermier parti à l’aurore,
Il se sentit repu, pris de court…
Et Il n’a pas avalé encore
Tous les gibiers de sa chasse en cours !
Or, il doit, comme ceux de sa race
Ne laisser nulle miette en place.

Quand son hôte revient, sans s’inquiéter,
L’animal bâfrait à pleine bouche.
Non sans peine. À s’en faire péter
La panse. L’homme saisit cartouches
Et fusil. Sans bruit. Sans s’éventer.
Dans le silence sourd de la ferme,
Au festin du gros, il mit un terme.

Le fermier pleura ses chères oies
Mais remercia, pour ses trois grâces,
Son Bon Dieu car ce prédateur froid
Désormais simple corps tiédasse
Lui ferait un bouillon gras de roi,
Un ragoût et, mieux, une parure 
Pour cet hiver en chaude fourrure.

Voilà donc comment finit celui
Qui veut profiter de tout et, diantre
Mon ami, pas plus tard qu’aujourd’hui :
Avoir les yeux plus gros que le ventre
Ruine vœux et vie avant la nuit !

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