Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 octobre 2019

HAÏKU PÉRA

À poil sous le nez, cheveu sur la langue !

AUTO-PORTRAIT AU TRAIT

Le poète se doit aujourd’hui
Pour exister d’être plus que lui :
Il lui faut jouer batteur d’estrade
Ou bretteur de tréteaux jamais en rade.
Félibre, baladin ou troubadour :
Me voilà donc aède de faubourg,

Je suis bateleur de chapiteaux, barde
Des temps nouveaux en mes vieilles hardes
De vocabulaire et jongleur de mots
Pour rimailler prou sur tous vos maux.

Je me sens ménestrel qui, en cigale,
Se fait chantre, avec une égale fringale,
Chansonnant et notre monde et nos mœurs
En quelques fables où je joue au rimeur.

Étant trouvère inconnu des foules
Plus écrivant qu’écrivain, je chamboule
En vers ce qu’on croit bien établi,
Ma plume allant aux vents vains de l’oubli.
Mes feuilles se donnent sans fin aux Muses
Qui de moi et de mon encore s’amusent…

mardi 29 octobre 2019

HAÏKU DE BLUES

Mieux vaut qu’il pleuve des cordes que des hallebardes. C’est moins dangereux !

LES DEUX SAGES D’UN SOIR

Petite fable affable

Ne connaissant avent ni carême,
Un rustique, suppôt de Bacchus,
Était de frairie, pas vraiment plus,
Avecque un Ridicule, la crème
Des galants de Cour, très vaguement
Noble, perdu à vivre en cambrousse
Pour un bon mot, cruel donc. Vraiment
Pas du goût du bon roi, ce braiement
Causa sa perte. Il eut dès lors la frousse,
En disgrâce plus qu’en défaveur.
Ces choses-là ont une saveur
Âpre que cent placets et suppliques
N’arrivent pas à faire passer
Et qu’aggrave la moindre réplique
Car votre vue seule va lasser.

L’ancien flagorneur et le rustre
Avaient au-dedans de leurs croisées
Tables mises, vies embourgeoisées
Et même, tous deux, bougies en lustres,
Pléthore de foin en leurs remises
Et grains à foison au grenier.
Il se fourvoyaient donc, la chemise
Déboutonnée, comme c’est de mise
Chez gens vivant en casaniers,
À philosopher fort sur la vie,
L’esprit par le bon vin asservi.
Comme sages et doctes prémices,
Ils pleurèrent d’abord sur leur sort,
L’un parce qu’il n’était las que vices,
L’autre car il n’avait plus de sponsors.

Alors, au dehors, ils regardèrent.
Y errait Jean, le vieux berger,
Vivant en ascète, allant léger,
Portant le hoqueton de vrais hères,
Musette à l’épaule, houlette en main,
Gourde et flutiau à la ceinture.
Sa vie n’est faite que de chemins,
De bêtes entravant son pas romain,
En quête de nouvelles pâtures
Pour bourdaine ou serpolet brouter,
Suintantes et puantes comme ourses.
C’était pour nos deux penseurs, la pire 
Des vies qui soit en cette vallée
De larmes où le labeur est l’empire
D’humbles ne pouvant que mal aller…

Et dirent, finissant leur fiole :
« À défaut d’être vraiment heureux,
Toujours le malheureux se console
De sa vie à voir plus miséreux ! »

lundi 28 octobre 2019

dimanche 27 octobre 2019

HAÏKU DE BISTOURI

Rire avec un chirurgien esthétique ne suffit pas à vous dérider !

OÙ VONT TOUS CES ENFANTS ?

Où  vont tous ces gamins le fusil à la main
Clamant bien haut la leçon des chiens apprise
« Qui tue sauvera sa vie et verra demain
Le Paradis ou l’or du pillage et des prises :
Le salut, céans, ne vient que par le sang
Que verseront là des milliers d’innocents ! » ?

Où vont tous ces mômes, faces maculées de boue
Remontant un petit seau de fer de la mine
Aux puits trop étroits ? Où vont ces petits bouts
Façonnant des briques mais suant la famine,
Cousant des ballons que frapperont des enfants
Qui ne voient jamais leurs tristes yeux de faons ?

Où vont les minots contraints de vendre leur corps
Et de flétrir, ici ou là, leur innocence,
Marchandise même pas cachée au décor
De vacances exotiques ou toute indécence
Est, las, monnayable et, en silence, acceptée
À défaut d’acceptable en prudes sociétés.

Où vont tous ces bambins qu’ont quittés leurs parents
Partis servir, loin, d’esclaves domestiques,
De marins,… et revus qu’une fois par an ?
Où vont les morpions de rues hâves, étiques ?
Où vont les moutards de ceux devenus des « migrants » ?
Ces nichées enrôlées par les Intolérants ?

samedi 26 octobre 2019

vendredi 25 octobre 2019

HAÏKU DEUX CŒURS

Il n’est d’affection sans affliction…

LE PAON PRIS EN FAUTE

Car la mode des paons se répand…
Petite fable affable

Du temps où les animaux parlaient,
Ils avaient, nous dit-on, la télé.
Depuis, qu’en plus, ils réfléchissent
Ce vice est parti aux immondices.
Chez les bêtes, on fit ministre un paon,
Avec pour portefeuille l’école
Qu’il réforma par blocs non par pans
Pour que les jeunes esprits décollent
Le nez qu’ils collaient de leurs écrans
Du matin au soir, petits ou grands.

On invita ce paon dans le poste
Avec de gentils enfants, sans riposte,
Des gosses comme on rêverait
Là où, déjà, on les révérait.
Il leur fait dictée car c’est la mode
Qu’il veut remettre au goût de ses jours.
L’exercice est sûr et fort commode
Un de ces classiques de toujours
Que l’on goûte pourvu que le fassent
Sa progéniture ou les bidasses.

Mais quand vient la conjugaison,
Un passé simple fit, sans raison,
Déraper le paon qui mit le verbe
« Courir » à ce vieux temps superbe
Dans une étrange sauce : « il coura »
Remplaça « il courut » !… Fait comme un rat,
Ayant jà fauté à la personne
Première du singulier 
- « Je couru » pour « Je courus » - il sonne
La récré : la langue déliée,
Une gamine, polie, releva
 L’erreur. Hélas ! On en resta là…

Il en va ainsi de ces cuistres
Qui veulent vous faire la leçon
Quand il leur faudrait, soient-il ministres
Ou pas, en prendre avant, et sans façon,
Que de nous pomper l’air à tout défaire
Pour avoir l’impression de « faire ».

mercredi 23 octobre 2019

BON HAÏKU DE FOURCHETTE

Pâte feuilletée et plus légère que feuilleté de pâtes…

L’ART DE LA CHOSE

Quand on est poète, on se demande où poser
Sa phrase ou ses mots, comment les asseoir entre
Rime et rythme pour que le travail du chantre
S’efface devant l’art qu’il a apposé
En claire-voie à ce qui vint de son antre.

Or, un aède se doit être plutôt 
Jongleur, au sens médiéval de ce terme
Celui qui colle le mieux au derme :
Non un de ces circassiens de tréteaux
Mais un qui se joue, virtuose en germe,
Des mots comme balles, quilles ou cerceaux
Afin, c’est là tout le secret, qu’ils s’envolent
Au plus haut de l’éther, bricoles frivoles,
Avec brio et légèreté pour faire arceau
De beau, de bon, en bien en auréole.

Or, « un auteur gâte tout quand il veut trop
En faire » disait Maître Jean. La mesure
Est donc l’autre paramètre en usure
Dont il faut prendre soin pour, in vitro,
Bâtir un palais et non une masure
De sens et de sons sans lasser son lecteur
À force, hélas, de pitreries phonétiques
Et de clichés, piètreries poétiques
Dont on se retrouve parfois le facteur
Bien malgré soi, ce jusqu’au pathétique.

Restons humbles : pour qu’agisse la magie
Du vers, fuir les facilités, remettre
Sans cesse l’ouvrage, comme tous nos maîtres,
Sur le métier est le secret qui régit
Ces p’tits tours d’esprit que j’ose me permettre. 

mardi 22 octobre 2019

lundi 21 octobre 2019

QUITTE OU HAÏKU’BLE ?

C’est se perdre que de vouloir toujours gagner…

LES OISEAUX & LE CACTUS

Petite fable affable d’après K. Usbek

Dans un grand désert aride des Amériques,
Perchés sur un très gros candélabre, un cactus,
Trois oiseaux déblatèrent, fort catégoriques
Dans leurs vains propos provoquant quelque rictus.

L’aigle dit : « Ces grandes cactées tout en épines
Dures comme du fer sont de vrais repoussoirs ;
Difficile de s’y poser. Et l’aubépine
Est plus utile quand là survient le soir.

- Il n’a, enchaîne le troglodyte, ni feuilles
Ni branches pour y faire un bon nid douillet
Et couver sa nichée, un de ceux qui accueillent
Ces belles amours qui nous font tant frétiller.

- Et ces bras en l’air, rajoute alors la chouette,
Sont si disgracieux : peu d’ombre, pas de baie,…
Ce ne sont que de désolantes silhouettes
De terres désolées méritant quolibets ! »

Alors leur perchoir prend à son tour la parole :
« Permettez, bien chers hôtes, vous qui mangez
Mes fruits et buvez ma chair, m’êtes une vérole
En trouant souvent mon bon tronc pour y loger
De vous trouver à mon endroit tout d’ingratitude
Ce serait une bien banale habitude
Si vous n’étiez de ces vils gâtés-pourris
Qui vont crachant dans la main qui, là, les nourrit ! »

samedi 19 octobre 2019

TOUT HAÏKU NU ET BRONZÉ

Qui a faim de moi me mettra vite à découvert !

PRIÈRE MUETTE DE MÉCRÉANT

Là, dans la lumière grise de quelque église
Où un rai pouvait faire croire qu’il est un dieu
Dans les nues ou dans les limbes ou… dans les cieux,
Je priais. C’était à l’heure où le jour las s’enlise
Vers je ne sais jamais quel identique demain.
Je questionnais le Très Haut, nimbé de silence,
À propos du vain de mon maintenant, long chemin
Qui m’avai, lors, à nouveau, fait choir l’espoir des mains
Me condamnant au doute, au regret, à la dolence,…
Comme s’il était de réponse en Ses parchemins !

Ma jeunesse s’en va, me vient la vieillesse ;
Mais j’essuie autant de postillons du Ciel
Qui me crache sa si male humeur avec largesses
Quand, moi, à moins de fiel, voire à plus de miel,
J’aspire, sans recours aux fumées, au genièvre,…
Sans haine ni hargne, ainsi s’écrivait dans l’éther
Quelque chant païen que m’avait mis au bord des lèvres
La nuit et ses questions qui vous rendent chèvre
Sans doute, éternelles ma foi, offrant à cet air
Un relief de ferveur prou ombré de fièvre.

Mais à voir agenouillé un notable impie
En ce lieu saint ont tonné bien des fidèles
Qui tant croient qu’il nous faut l’ennui - ou bien pis -
Pour être sincère ou profond dessous ces chandelles,
Qu’il faut, pour communier, bruit, foules et choeurs
Pour mieux savoir que l’on croit, pour mieux le dire
Au monde quand chaque pas qu’on fait n’est que rancoeur,
Négation de ce qu’on dit au temple, par coeur.
Ainsi l’âme sereine, on peut alors tant médire
De ceux à qui le Temps dessina des rides au cœur.

jeudi 17 octobre 2019

HAÏKU SAIN

Certains postillonnent tant que leur interlocuteur devient rapidement leur portrait tout craché !

LA BUSE EN BISBILLE AVEC UNE AIGLE

Petite fable affable

Pour rabattre un peu le caquet d’un paltoquet,
Buse de son état, qui giboyait en plaine,
Une aigle fort jalouse vint à croquer
Toute la portée de sa rivale vilaine.

Ce fut un esclandre tout en insanités
Où on fut douché par une pluie d’injures
De part et d’autre et, pire, avec fatuité,
Promesse de vengeance comme une gageure.

« Je vous suis, fit alors l’aigle, souveraine.
En vassale, vous vous devez de me lécher
La main et non de me saluer, fort hautaine,
Que du bout du bec ou rogner mes droits, péché
Mortel dans les cieux : aussi je sanctionne,
En suzeraine avisée, qui infractionne ! »

Face à qui la débinait, l’endeuillée rapace
Ne pipait plus mot, contrition sans ferveur,
Ruminant, stoïque, en attendant que ça passe.
Cela pourtant ne plaida pas en sa faveur…
Quoiqu’elle ne cherchât pas le mot de la feinte
Un exil immédiat la punit enfin.
Mais l’ostracisée revint, sans plus de complainte,
Dénicha les fils de l’aigle. Les goba sans faim.

À qui lui disait vendetta, crime immonde,
Elle répétait : « Que l’on soit manant ou roi,
Il n’est, hélas, de prédateur en ce bas-monde
Qui ne devienne un jour ou l’autre une proie ! »
Une balle prouva ses dires. Tu m’en crois ?!

mercredi 16 octobre 2019

mardi 15 octobre 2019

HAÏKU PROVERBIAL

L’envie fait pâle moine.

QUE ME RESTE-T-IL… ?

Oc, que me reste-t-il de tous mes temps passés,
De l’époque où mon nom résonnait d’espérances
Lorsque j’aimais la tempête sans me lasser, 
Et que la pluie et les éclairs me donnaient ma chance ?
Maintenant que je fuis les ouragans
Même les zéphyrs me paraissent vaguants…
Mes beaux jours, hélas, s’en sont allés trop vite
Oubliant que Thanatos m’a fait invite.

Que me reste-t-il de ceux qui sont partis
Amis jamais revenus de leurs aventures,
Ceux avec qui j’ai vécu sans contre-partie
Une bout de vie, ceux que j’ai dans ma roture
Moins connus mais des traces ont laissé
En ma mémoire aujourd’hui harassée,
Et tous ceux emportant dans leurs anathèmes,
Avec eux, une partie de moi même.

dimanche 13 octobre 2019

HAÏ(s)KU’ATCHE

Un pauvre diable peut-il avoir une riche idée ?

UN PRINTEMPS TOUT NEUF ?

Petite fable affable

Le printemps réveillait déjà une nature
Au bois dormant alors que les vents en bouture
Retenaient leur haleine sous un vrai soleil
Sentant plus son juillet que ce mars sans pareil.
Est-ce la douceur du temps ?… Mais des Hommes,
Sauvageons et argotiers, lassés ces gnomes
De casser l’échine des rescapés de l’Arche
Et de les condamner à la cage ou au chaudron,
Voulurent faire avancer, sans tourner en rond,
La paix entre humains et bêtes. Et que ça marche !

« Foin de cris lacérant la nuit,
De tirer ses grègues jusqu’à c’que s’enfuie
Le jour, dit un gueux, cela fait bien des postes
À faire pour vous pour éviter l’holocauste !
Pour les deux parties c’est fatigue des genoux
Et maigre gain mal - ou pas - assuré pour nous… »

Si on pouvait trouver en ces propos suc et sève,
Ils laissèrent un temps pantois. C’est mieux qu’un rêve !
« Il y a belle heurette qu’on y songe ici !
Fit un renard. Mais avec vous il y a des « si »
Et des codicilles à ces traités et ces pactes
Que vous ne respectez jamais même enter vous. Actes
Valent mieux que mots et, las, vous méprisez
Sans fin vos écrits, votre parole,… Risée
Serons-nous si nous acceptons ? Va, je t’écoute…

- Nous ne sommes pas, certes, une patrouille scoute
Et nous fûmes fort chasseurs et braconniers,
Par nécessité surtout, pourquoi le nier ?
Plus d’un guéret s’engraissa prou de nos querelles.
Il en était ainsi dans l’histoire naturelle.
Mais les temps changent et notre alimentation
Avec, toute en cueillette et en plantations. »

On délaya pour réfléchir chez les bêtes,
On tergiversa sous les bois et dans l’herbette
Puis on décida… de ne rien décider
Car l’homme se faisait, en relançant les dés,
Toujours plus concurrent pour l’espace, les baies,…
Autant de raisons de fuir, de se courber,…

Mais chez certains bipèdes, on espérait encore
En cette paix avec la foule des pécores
Au cri de « ‘Faut savoir donner et pardonner
Pour arriver,… et ne jamais abandonner ! »

samedi 12 octobre 2019

HAÏKU CHAI SOULÉS PONTS

La peste soit des épidémies qui fondent sur nous comme la petite vérole sur le bas clergé : je les ai prises en grippe dussiez-vous en faire une maladie !

vendredi 11 octobre 2019

PAYS D’HAÏKU CAGNE

On se beigne quand les coups pleuvent…

PIÈGE DE NEIGE

Une pluie de cils blancs tombe en rideau
À la fenêtre, flocons flottants dans l’air
Hésitant à se poser, divin cadeau
D’un hiver tard venu qui se veut disert
Tels ceux d’antan, à l’immaculé fardeau.

Cette poussière virginale coud
De fils blancs un décor qu’elle ensevelit
Sous un silence poudroyant, beaucoup
Plus lourd qu’un linceul sur le grand lit
De nos jours à qui elle donne un autre coût.

Loin de ces liliales frondaisons,
Aux contours épaissis et presque indistincts,
Des franges de glaces pendent aux maisons.
Au gré d’un miroir d’eau éteint, sans tain,
Les roseaux figés se givrant à déraison.

Les buissons, il y a peu saupoudrés,
Sont désormais noyés comme les chemins
Qu’on ne devine même plus, encombrés,
Attendant comme nous qu’il soit demain
Dans la solitude où le temps a sombré…

Le ciel opalin devenu lointain
A tissé les dentelles alambiquées
Aux branches alourdies des arbres éteints.
Mais ce spectacle n’a pas fait abdiquer
La joie… d’être bloqués depuis ce matin. 

mercredi 9 octobre 2019

HAÏKU TYPE « STRIKE »

Moi, je touche ma bille sans perdre la boule !

PAROLES DE PALAIS

Petite fable affable
d’après Le singe et le perroquet d’A.Allais

Dans un palais des Mille et Une Nuits,
Un singe et un perroquet crevant d’ennui,
Avaient conçu, entre eux, comme un éternel rite
De mesurer tout haut leurs personnels mérites.

« Moi, disait le singe, je fais mille grimaces 
Comme l’homme, et pareil à lui me déplace
Sur mes postérieures et gesticule fort.
Et, plus, j’ai mains qui me font adroit sans efforts
À l’image de mon maître à qui tant je ressemble.

- Moi, faisait le perroquet, à ce qu’il me semble
Je n’ai pas cette sotte prétention-là !
Mais je possède de l’homme, grâce à Allah,
Ce qui lui donne tout droit sur l’animal,
Son seul apanage : la parole. Et sans mal
Je puis dire des vers et chanter en musique.

- Je peux jouer la pantomime avec mes mimiques !
Riposta le singe piqué… Et costumée !

- La pantomime ? ricanait l’autre emplumé
 C’est un art inférieur pour cabots aphones !

- Un art inférieur ! s’indignait Fagotin.
C’est mère du théâtre, espèce de crétin,
Et du cinéma que tant prisent tous les Hommes. »

Dès lors, le singe tenant pour le Geste, en somme,
Et le perroquet pour le Verbe, comme un Saint
Livre, on disserta fort pour savoir, à dessein,
Lequel des deux était supérieur à l’autre
Et, de l’Humanité, le plus proche apôtre.

Hélas, la querelle prit des proportions 
Démesurées et nos bêtes par leur passion
Furent bien près d’en venir des mots aux… pattes,
Nos deux plaideurs étant devenus névropathes.

« Vous grimacez ! Peuh !… Moi, je parle ! répétait 
Le perroquet buté, perché sur son étai,
Encore et encor’, sans plus creuser ses méninges.

- Tu parles, tu parles,… opina enfin le singe ;
Et qu’est-ce que je fais, espèce de dément,
Depuis une heure planté comme une sphinge,
À discuter ainsi, avec toi, bêtement ? »

lundi 7 octobre 2019

HAÏKU SUR LA COMMODE

Sexe posé c’est aussi seins posés. Et inversement !

LES TONTONS BLAGUEURS

Hommage à Michel Audiard

« Je savais qu’on pataug’rait dans la béchamelle
Mon Raoul, avec cette mouflette, une armelle
Qui, à pas vingt piges, te joue jà les nanas
« Émancipées » com’ si j’l’avait mise au cad’nas !

- Ouais : y’a des coups de latte qui se perdent !
En attendant, la donzell’, nous fout dans la m…
Et, en deux deux, elle va nous rendre tous branques
Avec son gars, caïd con à braquer des banques !
J’vais lui montrer qui c’est le taulier ici
Tout vioque qu’elle me prenne la Sissi !

- J’te dis pas le suif qu’j’me fais : deux plombes
Qu’ell’ jaspin’ qu’ell’ va prendr’ son envol la palombe
Et qu’elle veut, sur le champ, faire ses valoches…
Je vais te la communier à la taloche,
Moi, comme quand récalcitrent trop mes tapins ;
Elles comprennent vite que ça sent le sapin,
J’te le dis. Elle a ses caps ou quoi, la donzelle ?
Faudrait pas qu’ell’ se croive tout permis, l’oiselle !

- J’en ai repassé pour moins que ça, Mon Raoul
Si elle veut se tailler j’la jouerai pas cool.
Qu’elle se barre j’en ai marre : j’ai la tronche
En carafe pire que quand les perdreaux bronchent
Au poste mais les Royco, ça, on peut toujours 
Les embobiner, les faire lambiner un jour
Ou deux. Là, Macache ! Je te dis : j’ai la rage !

- Paraît qu’faut y aller mollo avec l’ado'
Mais elle flamb’ l’oseill’ comme si c’était un cadeau
Bonus. Celui que j’escroque péniblement aux caves
Les ceuss’ qu’ont le traczir de se faire flinguer
Ou de finir, à un coin de rue, défringués
 Si j’défouraille au lieu d’jacter. Pouraves !

- Ouvre tes escalopes : vu comme il clope, le bout
D’chou manque de carbure et passe la nuit debout
Manquerait plus qu’il touche à la came, commac !
Ou que son truand de mec soit plutôt son maq’ !
Elle est capabl’ de canner si on le dessoude,
L’mariolle, y’a des sentiments qui les soudent !

- Le Mexicain va s’retourner le sombrero
Dans l’tombeau, si c’est ça ! C’est pas comme un héros
Qu’il a clamsé mais là on l’bute une seconde
Fois, si elle se fait relever les compteurs
Et marchande le bifteck, même en amateur.

- L’a bien fait de caner avant de connaître
Les joies d’êtr’ daron d’un’ pimbêch’ « en fac’ de lettres » !
Et nous on casque et on cause comm’ des manants…

- Et on boit !… Y’a d’la pomme. J’en suis sûr maintenant ! »

dimanche 6 octobre 2019

samedi 5 octobre 2019

HAÏKU DANLÉDAN

Si tes dents de lait tombent évite de tomber sur des dents de laie.

LES DEUX LOUTRES

Petite fable affable

Je ne suis pas un scribe à aimer les histoires
De Cornecul ni quelque censeur dérisoire,
De ceux qui sont un lynx avec tous leurs pareils
Et taupe envers eux, même en plus simple appareil.
Il me souvient donc qu’au clair de rivières,
Fort pillées pour leurs activités vivrières
Par des loutres, l’une un jour se plaignait tout haut
À une consoeur de n’avoir pas su, tantôt,
La prévenir, las, à temps qu’une renarde
Qui avait mené maints espoirs de ces flemmardes
En sépulture, la guettait d’un haut rocher,
Prête à lui sauter dessus ou à l’approcher.

L’incriminée qui voyait très peu mais, par chance,
Oyait bien lui répondit, et sans balance :
« Tu grondes comme un dogue à l’attache, ma sœur,
Et me gardes une mauvaise dent pour ta peur ?

- N’est-ce pas toi qui, là, à nos suretés veilles ?
Imagine un peu qu’en sursaut tu te réveilles
Avec ces deux yeux de feu sur toi braqués ?
La malepeste soit de ta race raquée !

- Mais tu en es, ma sœur !… Et sans aller plus outre,
Toi qui vibrionnes non comme une vraie loutre
En colère mais comme un petit moucheron,
Sache, qu’adroit et matois, le dos déjà rond,
Son mâle allait s’en prendre à tes fils et tes filles
Au même instant. J’ai protégé donc ta famille.
Plutôt que toi. Ai-je mal agi ?… C’est à voir !
On ne remet jamais en cause, sans savoir,
La sincérité de qui n’a pas pu promesse
 Tenir… C’est pas toujours pour aller à kermesse ! »