Quand on est poète, on se demande où poser
Sa phrase ou ses mots, comment les asseoir entre
Rime et rythme pour que le travail du chantre
S’efface devant l’art qu’il a apposé
En claire-voie à ce qui vint de son antre.
Or, un aède se doit être plutôt
Jongleur, au sens médiéval de ce terme
Celui qui colle le mieux au derme :
Non un de ces circassiens de tréteaux
Mais un qui se joue, virtuose en germe,
Des mots comme balles, quilles ou cerceaux
Afin, c’est là tout le secret, qu’ils s’envolent
Au plus haut de l’éther, bricoles frivoles,
Avec brio et légèreté pour faire arceau
De beau, de bon, en bien en auréole.
Or, « un auteur gâte tout quand il veut trop
En faire » disait Maître Jean. La mesure
Est donc l’autre paramètre en usure
Dont il faut prendre soin pour, in vitro,
Bâtir un palais et non une masure
De sens et de sons sans lasser son lecteur
À force, hélas, de pitreries phonétiques
Et de clichés, piètreries poétiques
Dont on se retrouve parfois le facteur
Bien malgré soi, ce jusqu’au pathétique.
Restons humbles : pour qu’agisse la magie
Du vers, fuir les facilités, remettre
Sans cesse l’ouvrage, comme tous nos maîtres,
Sur le métier est le secret qui régit
Ces p’tits tours d’esprit que j’ose me permettre.
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