Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 mai 2022

HAÏKU D'AVANCE

Parfois, l’occasion fait le lardon !

SAGE IMAGE

Depuis que je vais, coquet comme un minet
Élégant comme un muguet, bref raffiné,
Comment mettre la main au cul de ces bébelles ?
Depuis que je me dois d’être fort galant
Et très courtois, le geste nonchalant
Comment peloter ou palper l’essaim des belles ?
Dans le beau monde, c’est obscène et fort mal
D’courtiser ainsi donzelles et rombières
Comme le fait un gueux ou un animal :
Quant t’as une imag’, faut avoir des « manières » ! 

Et, comme hélas, je me suis fait dandy
Me dandinant en sirotant mon brandy,
Comment donc retournerai-je à mes habitudes ?
Comme je joue, le soir venu, les gandins,
Toisant tous les ivrognes avec dédain,
Comment me pinter la gueul’ jusqu’à l’hébétude ?
Dans le beau monde, ça la foutrait mal,
Qu’un soir je m’oublie, vomisse ou, pire, me pisse
Dessus comme un gueux ou comme un animal :
Pour mon imag’, ma vie ne s’ra que sacrifices ?

Parce que j’suis un respectable gommeux,
Un muscadin de la haute aux mots brumeux
Je pourrais plus causer comme un vrai mirliflore ?
Parce que tout n’est que paroles soignées,
Phrases policées, je devrais m’éloigner
De ce parler cru qui faisait tout mon folklore ?
Bordel de merd’, laissez-moi mes jurons
Au moins, que je finisse pas brindzingue
À hurler comme un gueux, un animal :
Une imag’, c’est fait pour qu’on la dézingue !

dimanche 29 mai 2022

HAÏKU K'TEL

Notre vie sociale nous contraint trop souvent à des relations plus intéressées qu’intéressantes.

CHASSEZ LE NATUREL…

Petite fable affable

Une gracieuse et gracile gazelle,
Agréable et authentique demoiselle
Dont on avait soigné l’éducation
Et pour cette raison, sans vraie passion,
En futilités ou mondanités savante
Et ferrée en inutilités, décevante
Pour tout dire, croise en savane un bouseux
Phacochère, sale et puant niaiseux.

Celui-ci, pressé comme lavement, lance
À celle qu’il faillit renverser comme on tance :
« Gar’ tes fesses !… Je suis d’humeur bourrue
Et t’étais à deux doigts, bête saugrenue,
Que j’te botte le cul. Pousse-toi de là ! »

Lors, toute en courbettes, la Belle le héla
Non sans révérences ni sans ronds de jambe :
« Que Monseigneur excuse donc ma bévue,
Je ne l’avais, et le déplore, point vu ! 

- Non mais tu t’es écoutée parler, La Belle,
Comme tu m’as regardé, non : c’est libelle
Et ironie que tes manières ou quoi ?

- Ni caprice, ni coquetterie. Pourquoi » 
Fit-elle alors avec toute l’innocence
De ce monde… et aussi toute sa décence.
Le débiteur de balivernes reprit :
« Le temps est un trésor qui n’a guère de prix
Pour qui en amabilités le consomme
Je suis pressé de retourner à mon somme
Car la vie en heures est parcimonieuse
Mais, par contre en emmerdes dispendieuse !

- Ah, la politesse vous coûte donc tant.

- Tant… et plus ! Moins j’en ai plus j’suis content.

- Vous êtes donc de ceux qui sans fin méprisent 
Et civilité, et façons bien apprises,
Qu’ils viendront à réclamer, l’air merdeux,
Si on venait à en manquer envers eux ! »

vendredi 27 mai 2022

HAÏKU ARTISANAL

Bon établi, de nos jours, ne permet plus d'être bien établi.

MARCHÉ DE PLEIN VENT

Panneaux et banderoles l’annoncent
Fièrement : « Ici,  produits du pays »
Certes mais duquel ? Pas de réponse.

J’ai mauvais esprit pour les chalands ébahis
Qu’éventaires fort ventés embaument 
De senteurs en fouillis, de saveurs en saillies,…

Des camelots les prenant pour pommes
Les bluffent d’étals vieillis tout en cafouillis,
Des bonimenteurs à bouffarde
Jouent les bons ermites sortis de leurs taillis,
Accompagnés d’autochtones bardes ;
Et les aboyeurs forains sont vite trahis 
Par ces criées ou ces étalages
Qui sont folklore d’accents et d’habits envahis
Par ce cheptel qui fait du village
Un univers de vie et de couleurs éblouies
Entre torchons à carreaux, pépères,
Sortis du super hypermarché de ce coin
Et vieux paniers de mémères
À l'osier arrivé de Chine… ou de plus loin.

mercredi 25 mai 2022

HAÏKU D’ÉBAUCHE

Existe-t-il des mauvais esprits bien-pensants ?

LES DÉGONFLÉS REGONFLÉS

Petite fable affable d’après Le lièvre & les grenouilles
d’Isaac de Bensérade (1678) inspiré d’Ésope

Paniqués de frayeur à l’heure où, las, la chasse
Entonnait son chant funèbre par les bois
Et les guérets, compères lièvres aux abois,
Et comparses lapins n’ayant pas plus d’audace
Voulant préserver loin leurs fesses et leurs museaux
Envahirent, en couards épouvantés, marécage
Et taillis paisibles alentour où surnage
Mille grenouilles, pleutres parmi les roseaux.

Or la gent batracienne est prou poltronne.
Moins courageuse que nos rongeurs, gibiers
Nés, elle s’égaille au plus vite de son tourbier
En hurlant de terreur. Nos poilus, lors, claironnent
Leur victoire, se prenant du coup pour des Huns
Redoutables voire des Mongols sanguinaires
À qui rien, ni personne, ne résiste, pères
D’un peuple que n’égale nul animal. Aucun.

Cet exploit grandiose, acquis de haute lutte, 
Se transmit alors de souvenir de piteux
En mémoire de peureux, en ce bon lieu.
Mais nos braves froussards dans la même minute
Ont oublié pourquoi leurs ancêtres, ces proies
De toutes les peurs, piteux coureurs de luzerne,
Pantouflards avérés avaient quitté, badernes
Badant, leur natal serpolet sans plus d’arroi.

C’est ainsi que les capons écrivent l’histoire
Et font faits d’armes d’actions peu méritoires !

lundi 23 mai 2022

HAÏKU’VERTURE CARTON NÉ

L’écriture est le seul plaisir solitaire qui ne soit pas égoïste.

LA COMMUNALE… COMME UNE ALE !

Nous, petits bouts d’hommes et petits bouts de femme,
Nous nous rêvions savants, notre encrier
Toujours prêt auprès de notre oblong plumier,
Tous, attablés en tablier. La paix à l’âme.

Encore quelque table à multiplier et
Pour s’abreuver un brin, des vers de La Fontaine
Nous ramenaient, parfois, à nos pensées lointaines
- Pluriels à accorder, pleins et déliés,… -

Fiers d’être à la page, bien sûr la bonne,
Bescherelle à bêcher, Bled à balayer,
Nous bossions et bûchions sans délayer,
Faisant concorder les temps comme à la Sorbonne.

Entre Vidal de Lablache, Isaac & Malet,
Chiffres, lettres, nous voulions être du nombre
Qui se bâtissent un demain, sans peur et sans ombres,
Défrichant des chemins qui font allées dallées.

samedi 21 mai 2022

BON HAÏKU

Vouloir du bien à quelqu’un c’est parfois en vouloir à son bien !

LA PESTE SOIT DE LA PESTILENCE !

Petite fable affable

Dans les buissons où gîte Dame putois, 
Moins mûre que blette, s’installe une belette
Qui a deux filles : l’une, mais sous d’autres toits,
Fait des ménages quand sa sœur, moins agnelette,
En défait, ici… ou là. Mais notre propos
Est ailleurs quoique ne méritant pas clapots
Ni que l’on tourne trop longtemps autour du pot.

N’appréciant que peu les effluves de moufette
De la putoise, sa parente, la belette,
Quoique nouvelle venue, voudrait bien chasser
Sa puante voisine, sans doute quelque putride
Croquemitaine dont ne peuvent que lasser
Les fétides senteurs, pires aux heures torrides.

Las, nul coup tordu ni subterfuge n’y fait
Même le conseil de famille réunissant loutre,
Furet, vison et hermine à ce seul effet.
La cousine fouine ne put venir, outre
Qu’elle a l’odorat fort fin, car un poulailler
Était à dévaliser… ou un clapier
Cachait tantôt quelques hôtes à dépenailler.

C’était pire que voisiner avec un joueur de bugle :
L’air n’était qu’infection, relents et remugles.
Les jours passant l’infection, hélas, durait,
À défaut d’empirer. L’incommodée au juge
Alla plaider sa cause. Ce blaireau, madré,
N’est pas tant délicat ; qu’est odeur en refuge !

Déboutée. Dégoûtée. Notre mustélidé
Ne s’accommodant, las, toujours pas des arômes
Abjects émanant de celle qui résidait
Trop près, exhalant pis que maroilles en tome,
Déménagea et sa mort en fut ainsi hâtée
Ayant oublié que, dans ce monde gâté,
L’inconfort est parfois prix de la sûreté.

jeudi 19 mai 2022

HAÏKU D’HUMEUR

Je suis rarement de « bonne humeur » et encore moins souvent de « mauvaise humeur ». N’oscillant jamais entre ces pôles contraires, mon humeur toujours est étale, c’est-à-dire « bovaise » !


JUSQU'ICI, AUSSI, SOUFFLE LE SIMOUN

Le ciel est de sable, aujourd’hui, je crois.
Tous les azurs s’égrainent en orange et en ocres,
Colorant l’horizon, exilant ses bleus rois
Vers de meilleurs ailleurs au soleil médiocre.

Tout en particules de poussière nue
Le désert de là-bas, las, s’invite à nos nues
S’y accroche et s’éparpille en bruine blonde.

Désormais, la scène du ciel est un monde
Où l’haleine chaude des tropiques lointains
Nous offre son hâle, un éther soudain éteint.

Dans ce monde sans tain plus de voûte céleste
Mais des cieux sombrant, plus d’air frais respirable
À la divine transparence, ils sont lourds et funestes,
Presque impénétrables… mais pas moins admirables.

mardi 17 mai 2022

HAÏKU PERSO’

« En je », il n’y a qu’enjeux alors qu'« hors je » il n'est que hors-jeu !

SŒURS CIGALES & SIR FOURMI

Petite fable affable d’après J. de La Fontaine, 
La cigale & la fourmi (Fables, I, 1)

Sœurs Cigales, ayant chanté
                  Sans compter,
Se retrouvèrent à nue
Quand l’hiver gela les nues
Qui neigèrent par monceau
Sur arbres et arbrisseaux.

Elle alla montrer sa mine
En fourmillère chaumine,
Pour, là, se faire prêter
Sous pour y acheter
De quoi remplir sa gamelle.
« Sûr, avant que Philomèle
Ne revienne de l’Aigoual
Vous aurez le dû, pile- poil ! »

La fourmi n’est, las, pas rêveuse,
Ni prêteuse, point s'en faut.
Leur roi dit : « Tu as tout faux :
Passes ton chemin, Baveuse ! »

Or, fourmis à ces manants,
Vendent sans mal ni malaise
Tout pour leur art et leurs aises,…
Donc qu’advint-il maintenant ?

lundi 16 mai 2022

dimanche 15 mai 2022

AMPHI’HAÏKU RIT

On me croit plus de biens que je ne possède de malles.

LA BONNE AFFAIRE À S’FAIRE

Chanson de boîte… pour mis en boîte

Vise un peu la poupée !
Elle est bonne à cramper,
À grimper, à happer…
C’est un genr’ de nigaude
Que, sans faim, on ribaude
Sans fin, sur canapé…
Oui, une de ces filles,
Qu’un beau soir, on godille
Car elle aime en auto
Faire bête à deux dos.

J’suis un coup indicible
Pas un mec que l’on marie
Avec la premièr’ Marie :
Alors je choisis mes cibles !

Vise un peu la pépée !
À bistoquer en paix,
À Chiffonner, pomper,…
C’est le genre facile
Qu’on ratisse, imbécile
Qui se laisse quimper,
Qui veut un mariage
Non un marivaudage
Mais va pas t’embrouiller
Si tu l’as gribouillée…

J’suis un coup disponible
Mais pas un mec qu’on marie
Avec une quelconqu’ Marie,
Une affaire… et pas pénible !

Vise un peu ce bébé
Que je vais emmancher
Après l’avoir branchée !
C’est une vrai mutine,
Mignonne qu’on lutine,
Qu’on mignote, caché,
Mais qui n’a pas la trouille
Qu’à deux on la fatrouille…
Femelle à margauder
Sans vraiment minauder…

J’suis un coup pas possible
Qui reste toujours marri :
Quand j’aborde une Marie…
Las, je la laisse impassible !

vendredi 13 mai 2022

HAÏKU DE (ran)CŒUR

Les mal-aimés sont souvent ceux qui aiment mal….

LE RENARD, LE HÉRISSON & LES MOUCHES

Petite fable affable après et d’après J. de la Fontaine
Le renard, les mouches & le hérisson (Fables, XII, 13)

Le rusé qui perdait son sang, bête aux abois,
Mais que piquaient, sans fin, sans foi,
Des mouches avides à faire, sur sa peau, vendange
Et avait refusé l’aide d’un piqueux zélé
S’est ravisé, l’a rappelé.
« Tu pourrais être, en fin de compte, mon bon ange
Si tu voulais venir à moi et non rester figé. »

L’autre ne pressent pas le danger
Et va au blessé sans se faire plus de bile,
Alors que le roué n’est que rêts !
Le mourant croque au ventre l’épineux gourmet ;
Les diptères, par l’odeur alléchés, habiles
Vite à changer d’avis, délaissent alors l’un
Pour se repaître de l’importun.
Lui, à corps défendant, soulage
Ce matois qui, las, n’envisage
Toute gentillesse, preuve de qualités
Chez qui n’est pas qu’avidité,
Que comme faiblesse, voire tare certaine,
À manier sans vergogne et, pis, sans gêne.

Ainsi Renard offrit aux mouches un bon repas
Qui n’était pas lui. Et, ne les gobant pas,
Il partit se refaire une santé nouvelle,
Loin des javelots, des javottes, des javelles,…
Les affamés, trop nombreux, on ne peut mettre à bas
Comme le voulait le hérisson de Jean. Ces ingrats,
C’est ce que narre cette fable-ci en somme,
Il faut les détourner vers un
Autre os à ronger, lequel gomme
La prime envie. Ainsi va, veut, vit le commun…

jeudi 12 mai 2022

HAÏKU DONT ON CAUSE

Si tu veux que l’on parle avec toi ne dit que des choses aimables ;
Si tu préfères que l’on parle de toi, n’en répands que des désagréables…

mercredi 11 mai 2022

HAÏKU’IN DE RUT

Seule, la petite vertu féminine remédie aux gros vices masculins ?

LA LITANIE DES BANNIS

Congo, Birmanie, Ethiopie, Mali
Yémen, Afghanistan et Somalie,…
Il n’est pas que le conflit en Ukraine,
Cette nouvelle guerre européenne…
Nigéria, Soudan, Irak ou Syrie
Occupent peu nos Jités, nos esprits,…
Mais pourtant notre Humanité gangrènent.

Maghreb, Angola, Xinjiang, Turquie,…
Casamance, Indonésie ou Libye,
Il y a plus que tous les migrants d’Ukraine
Si proches, si blancs, si chrétiens, qui traînent…
Mozambique, Karabagh, - j’en oublie ! - 
Ne hantent pas nos âmes, nos esprits,…
Poutine nous donne assez la migraine.

Congo, Sahara, Ethiopie, Mali,
Yémen, Afghanistan et Somalie,…
Vos noms martyrs toujours je dis, j’égrene
Pour qu’on rappelle vos peines pérennes.
Nigéria, Soudan, Iran ou Syrie
Oui, il n’est pas de conflit qu’en Ukraine…

lundi 9 mai 2022

HAÏKU DENSE

Je suis de ceux qui préfèrent les populaires balcons aux terrassantes soirées mondaines.

L’ARCHÉTYPE EST UN SALE TYPE !

Petite fable affable

Pour fêter la Saint Parfait à la bourgade,
Tout le conseil municipal décida
D’élire, parmi les demeurants, le candidat
- On ne sait plus qui pondit cette cagade ! -
Au titre de parangon des paroissiens.

Comme il n’est femme, parmi ces citoyens,
Qui puisse être “parfaite”, on exclut la gent
Féminine, hélas, des possibles élus
Mais non du vote car « la loi diligente
- Com’ disent au bistrot, “les voix intelligentes” -
Le progrès jusqu’à nos vaux pourtant perdus ! »

On s’écharpa pour choisir le bon virtuose
De la vertu. On en causait, ressassait,… :
Le maître d’école n’était “pas assez”
Quelque chose et le maire “trop” autre chose,
Les mourants qu’on est prompt à sanctifier,
Les bébés véloce à béatifier,
Ne faisaient pas plus, pour une fois, l’affaire.
La rosière l’était-elle à cent pour cent ?
Le notaire venait d’un autre hémisphère ;
Cantonnier ou facteur ? Peut mieux faire !
L’Idiot a déjà la Saint Innocent…

Même le curé fut écarté de la course,
Comme cabaretier et commerçants
Ou braves artisans car suer à sang
N’avait, ici, jamais rempli que leurs bourses !

Tous les édiles en furent désappointés :
La perfection ne s’était pas pointée,
Encore, jusqu’à ce village… ou la crème
Des hommes appartenait peut-être au passé :
« Ici bas, il n’est de parfait que soi-même
Et, las, les jaloux vous en font un problème ! »
Dit un vieux fripé parmi ces froissés.

samedi 7 mai 2022

HAÏKU RIRE

L’humour n’a de limites que chez les gens bornés…

LE LAC D’ÉLISA

Sur un cadeau de ma fille préférée

De toute sa hauteur le ciel bleu se jette
Dans les profondeurs d’azur d’une eau oubliée,
Et se noie de trop s’y mirer, fou à lier.
Narcisse, pour moins de beauté, perdit la tête…

Un écrin sylvestre, à la pénombre distraite,
Pare ce vaste miroir d’un déshabillé
D’ombres festonnées qui nous le fait plus briller
Parmi les verges d’or de ses berges quiètes.

Sur eux veille un mont livide, une vue d’hiver
Alors que, jà, point la vie de printemps en plaine,
Souveraine majesté que rien n’émeut.

Les veille ce mont candide, qui fait revers
Aux vents mauvais dont se meurt la fétide alène
Où toujours, pour moi, cette eau placide se meut…

Tableau : Elisa Satgé, avril 203



jeudi 5 mai 2022

HAÏKU PEAU DE BOA

Le propre d’un écorché vif est de ne jamais avoir de pot !

L’ARAIGNÉE & LE MOUSTIQUE

Petite fable affable

Il me revient en écho, des couloirs du temps,
Où j’erre parfois, un vieux conte d’antan.

Paumée dans sa pampa, une araignée sommeille.
Ayant plus de pattes que d’esprit et clopant,
Elle gobait, cachée dans la salsepareille,
Moins qu’un moine en carême, le cœur fort épais.

Un moustique, sacré loustic, lui faisait brusques
Brocards et quolibets de son infirmité
Quand déjà, disait-on, ses frasques et ses frusques
 Conspiraient, par trop, à la tant discréditer.

« De la tête qu’on a, on n’est pas responsable !
Répliquait lors notre épeire, l’air pitoyable.

- De celle qu’on fait, si ! » fit le picanier
Qui avait bu la paix à tous les sangs du monde
Mais était niais on ne peut, las, le nier.
Compassion n’était pas en terre féconde
Chez l’insecte, un brin daubeur, un rien moqueur.
La fileuse ne bronchait pas, sans aucun doute,
Car elle ne pouvait attraper ce rieur
Et qu'il mettait, sans fin, sa toile à vauderoute.

Elle soupira : « L’éclopé raille le boiteux
Qui morgue le cul-de-jatte plus souffreteux ! »

mercredi 4 mai 2022

mardi 3 mai 2022

HAÏKU TAU

Les seconds couteaux, quand ils passent à table, se ramassent à la petite cuillère…

PAS DE CLÉMENCE POUR LA DÉMENCE…

Certes depuis longtemps la Guerre,
Hélas, n’offre - gloire et honneurs
À nos héros de naguère ! -
Que des douleurs et des malheurs,…

Mais encore en ce temps la Guerre
Rassasie des bas appétits
De fous sans aucune empathie
Pour qui votre vie ne vaut guère,
De raisonneurs, grands ou petits,
Jouissant fort de qui s’indigne
De ces chimères dont on meurt,
De la folie et des horreurs,
Au fumet de chairs mises en lignes,
Dans des fumées jugées insignes. 

Ça fait si longtemps que la Guerre 
Anime les cœurs querelleurs
Et les peuples à terre atterre,
Dans les peurs et dans la terreur…

Et pourtant encore la Guerre 
Salive au son sourd du canon,
Se déchaîne à tort sur un nom
Et massacre un peuple vulgaire
Ce, pour un oui ou pour un non ;
Ainsi de bien sombres Guillaume
Feront lors, à force de sang
Semé, leur moisson d’innocents
Et, pis, d’ombres peu économes,
Ne s’en croiront que plus des « Hommes ».

Mais depuis bien longtemps la Guerre
Produit de ces funestes champs
Sur lesquels meurent des grégaires
Médaillés de funèbres chants…

Depuis si longtemps, las, la Guerre
Abreuverait le ciel et ses dieux
Lesquels s’effarent, point odieux,
De tous ceux qui tant s’affairent,
Sur le crime peu scrupuleux,
Aux carnages et aux pillages 
De multitudes de damnés,
Violentés et affamés
En fuyant le mortel sillage
De troupes entrant aux villages.

Depuis trop longtemps, oui, la Guerre
Sur des corps de mères et d’enfants, 
Et sous ses beaux arcs triomphants,
Fait des profits… et ses d’affaires.

dimanche 1 mai 2022

HAÏKU Y ZININTERNE

L’Homme n’est que vice. Certes… mais vice de fabrication, alors !

LES TISSERINS

Petite fable affable

À l’école de la vie, le peuple de tisserins
Dont les nids pendent mollement aux hautes branches 
Des acacias ne vit pas dans un calme serein.
Il fut jadis exterminé par le bec qui tranche
Et la serre qui lacère de l’épervier
Ou du faucon. Nul ne sait plus en nos foyers.

Trop gourmands et trop bruyants au goût des rapaces
Qui aiment tant à ce qu’on file doux devant eux,
Et ne toléraient plus ces passereaux. Mais le temps passe
Et comme encore le serinent nos vieux :
« Aujourd’hui “lauriers” et demain “cyprès”,
Roche Tarpéienne étant du Capitole si près. »

Jouvenceaux impudents réchappés du massacre,
Des petits tisserins, imprudents, revenus 
Au pays où antan leurs aïeux eurent des acres,
Avec pour magot leur ego, mirent à nu
Le ciel des couvées de toutes les engeances
Qui s’y trouvaient en tirant glorieuse vengeance.

Ce n’étaient pas les nichées des fils d’assassins
De leurs pères mais qu’importe. Ils se firent un empire
Là où ceux-ci avaient un royaume, un bassin
De vie, avec une cruauté de vampire,
Lavant le sang avec le sang et non pas l’eau,
L’excuse des morts d’hier absolvant ce « boulot ».

Hélas, si le présent nous saisit, dit le Sage,
Le passé nous tient et, pire, on n’apprend pas
De ses douleurs ou de son malheur, de quelque âge
Il date, condamnant son voisin au trépas…




















Illustration : Elisa Satgé, été 2019