Depuis que je vais, coquet comme un minet
Élégant comme un muguet, bref raffiné,
Comment mettre la main au cul de ces bébelles ?
Depuis que je me dois d’être fort galant
Et très courtois, le geste nonchalant
Comment peloter ou palper l’essaim des belles ?
Dans le beau monde, c’est obscène et fort mal
D’courtiser ainsi donzelles et rombières
Comme le fait un gueux ou un animal :
Quant t’as une imag’, faut avoir des « manières » !
Et, comme hélas, je me suis fait dandy
Me dandinant en sirotant mon brandy,
Comment donc retournerai-je à mes habitudes ?
Comme je joue, le soir venu, les gandins,
Toisant tous les ivrognes avec dédain,
Comment me pinter la gueul’ jusqu’à l’hébétude ?
Dans le beau monde, ça la foutrait mal,
Qu’un soir je m’oublie, vomisse ou, pire, me pisse
Dessus comme un gueux ou comme un animal :
Pour mon imag’, ma vie ne s’ra que sacrifices ?
Parce que j’suis un respectable gommeux,
Un muscadin de la haute aux mots brumeux
Je pourrais plus causer comme un vrai mirliflore ?
Parce que tout n’est que paroles soignées,
Phrases policées, je devrais m’éloigner
De ce parler cru qui faisait tout mon folklore ?
Bordel de merd’, laissez-moi mes jurons
Au moins, que je finisse pas brindzingue
À hurler comme un gueux, un animal :
Une imag’, c’est fait pour qu’on la dézingue !
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