Petite fable affable
À l’école de la vie, le peuple de tisserins
Dont les nids pendent mollement aux hautes branches
Des acacias ne vit pas dans un calme serein.
Il fut jadis exterminé par le bec qui tranche
Et la serre qui lacère de l’épervier
Ou du faucon. Nul ne sait plus en nos foyers.
Trop gourmands et trop bruyants au goût des rapaces
Qui aiment tant à ce qu’on file doux devant eux,
Et ne toléraient plus ces passereaux. Mais le temps passe
Et comme encore le serinent nos vieux :
« Aujourd’hui “lauriers” et demain “cyprès”,
Roche Tarpéienne étant du Capitole si près. »
Jouvenceaux impudents réchappés du massacre,
Des petits tisserins, imprudents, revenus
Au pays où antan leurs aïeux eurent des acres,
Avec pour magot leur ego, mirent à nu
Le ciel des couvées de toutes les engeances
Qui s’y trouvaient en tirant glorieuse vengeance.
Ce n’étaient pas les nichées des fils d’assassins
De leurs pères mais qu’importe. Ils se firent un empire
Là où ceux-ci avaient un royaume, un bassin
De vie, avec une cruauté de vampire,
Lavant le sang avec le sang et non pas l’eau,
L’excuse des morts d’hier absolvant ce « boulot ».
Hélas, si le présent nous saisit, dit le Sage,
Le passé nous tient et, pire, on n’apprend pas
De ses douleurs ou de son malheur, de quelque âge
Il date, condamnant son voisin au trépas…
Illustration : Elisa Satgé, été 2019
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