Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 janvier 2019

HAÏKU DE BURIN

Avoir une tête d’enterrement ne doit pas vous pousser à vous faire obséquieux.

SOIRÉE MONDAINE

En ce monde hélas que l’on peut appeler « bas »,
Les Hommes étant ce qu’ils sont, en chaussettes ou bas,
Certains d’entre eux voulant valoir plus et mieux
Que d’autres organisèrent une réception,
En un grand château de l’un de ces chatouilleux
Du point d’honneur où, en bonne agrégation,
On ne retrouverait que ceux-là qui se croient
Ce qui se fait de meilleur sur Terre, hors le roi.

Et ce ne sont, ici, que lustres pampillés
À faire œil tourner ou pupilles vaciller
Et, partout, meubles anciens estampillés
Pour titiller les papilles, en habiller
La collation point encore présentée,
Qu’espère prou le public choisi, venu denté.

Entre laquais guindés et valets en livrée,
S’activent des soubrettes aux croupes livrées
Aux mains des bonnes gens si bien éduquées
Des chambrières pincées n’osant rébéquer,
Garcelettes promises à qui veut paillarder
Et jà soumises à qui voudra les gaillarder.
Une servante n’est-ce pas fait pour servir
Et un Grand, un dominant, pour asservir ?

Dans le Baccara, le Limoges, l’argenterie,
Les mignotes pimplochées, un ton trop haut, rient,
Les vieillottes attifurées ne sont que moues
Et mines, scrutant dans les miroirs les remous
Qu’elles provoquent encore chez ces bons messieurs,
Rentiers paressants et titrés ocieux.

Grâces ou façons et costumes en couleurs de deuil,
Tout n’est que distance, convenances, coups d’œil
Et apparences ; de faux-culs en face-à-main
On n’est que foucades et tocades, qui demain
Appelleront, las, poufferies et gausseries
Dans tous les salons dorés de cette frairie
Où s’escarmoucheront tous ces vains peignes-culs
En monocle ou lorgnon, cabaleurs  et cocus…

mercredi 30 janvier 2019

mardi 29 janvier 2019

HAÏKU DU RISQUE

D’aucuns font tout pour être détestés car être haïs est leur façon de se sentir exister.

LE CHAT PELÉ DE LA CATHÉDRALE

Petite fable affable

Ayant l’air dépit et le poil qui pèle,
Un matou matois, aimant prou les chapelles
Et les châteaux forts s’éprit, à défaut,
Du chapitre de notre cathédrale
Où un fort sombre clerc, au regard faux,
L’éduqua en maints savoirs et morale.

Ainsi le greffier griffu apprit
Ss lettres et, mieux, pour le même prix
Se frotta donc à la littérature
De ce temps, y gagnant pour surnom
« Perd ses poils le galeux », car la nature
L’avait hélas peu gâté, Nom de Non !

Errant et fuyant les effets de foule,
Quoiqu’il chahutât par souvent les poules
Du lieu, il traînait, là, avec lui
Une air de maussaderie éternelle,
Allant le pas chaloupé, l’œil qui luit.
Même chasser lui devint ritournelle.

Or donc dans le murmure mesuré
Du cloître, les frères désenfumés
Avec amicale bénévolence
Et moins malavisés que malveillants,
Pour bannir sa mélanconie, se lancent
En quête d’une chatte au cœur vaillant.

Le mariage offre le mors et la bride,
Donnant une reine aux rênes qui guident
Aux hommes alors que la matrimonie,
Aux bêtes, n’apporte que joies, vie nette
De vains plaisirs et de vices honnis.
Ah, le frais et doux minois des minettes !

Notre déplumé n’aimait pas la vie
Laquelle le lui rendait à l’envi.
Son hyménée ne fut que joug et crises :
Turlupins chamaillis et infinies
Brouilleries, las, avec la malapprise
Choisie par les tonsurés et bénis.

Elle boudait forclose en un silence
Rechigné souvent ; lui non sans prudence,
Était plus circonspect qu’avec chiot.
N’ayant plus que mots trempés de tristesse.
Mais on mangeait à sa faim, cabillaud
Et abats, lappant lait sans étroitesse.

Mais un jour, on dut se serrer la corde
Autour de la bure d’où des discordes :
Prébendes, dîmes et dons faisant maigre
Il était disconvenable, ma foi,
 De n’en faire autant, en soit-on vinaigre :
On vivrait plus austères qu’autrefois !

On râcla sur les débours, comme on pense :
La chatte fut croquée : moindre dépense !
Tout du même, le chat quoiqu’ancien
Fut chassé comme aposthume à extraire :
Si prospérité profite aux siens,
Faim toujours ne pense qu’à soi, Mes Frères !

dimanche 27 janvier 2019

HAÏKU GNAFIÉ

À quoi bon « naître coiffé » si c’est pour finir chauve !

L’ARTICLE DE LA MORT

L’Accrocheuse se meut, la Crocheuse se meurt
Sur les remparts d’Elseneur.
Ce soir, elle veut fuir la sueur du suaire,
Stèles, urnes et ossuaires
Elle qui fit bonne chère de tant de chairs
De disparus toujours chers
Sa tombe impavide attend, encore bien vide,
Fosse sans os mais si avide !

Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
Puisqu’il faut aller à Dieu ou au Diable,
Ayant si bien servi ces vieux ennemis,
À laquelle des deux augustes tables
Mangera-t-elle, une fois endormie  ?
Jamais ne le disent ni fresques ni retables !

Habillée de sapin, la Mort a faim, feint sa fin, 
Se refusant à compter sans fin
Des ans ou à n’égrener que des jours pour des âmes
À faire passer à gauche, Dame !
La Faucheuse est fauchée de tant tuer le temps,
N’a plus du feu secret battant
Dans ses veines car elle a, le destin est funeste,
La vie dans le sang, cette peste !

Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
Elle devait se vouer au Diable
Ou à Dieu, plus est, pas à demi
Pour les nourrir de gens inoubliables
Ou d’êtres irremplaçables voire, à mie
Et pis aux leurs, des plus indispensables…

En posthume, en l’éther du dernier sommeil,
Lassée des grands sauts, yeux vermeils,
Face macabre et robe funèbre, la Camarde
Ne veut plus aller à maraude et arde,
Sous sa capuche, jà, de vivre au fil de soi
Non à celui de lame aux abois,
De purger le purgatoire et d’orner les limbes
D’ailes blanches, de pâles nimbes,…

Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
Sceptres en main, les dieux, les diables,
Se réconcilient sur son dos, l’anémient,
Dans leur soif de fantômes acceptables, 
Poussières ou squelettes en semis,
Pour peupler Edens, Tartares pitoyables,…

Donc Thanatos, tas d’os, remit son sablier,
Ce bourreau des corps a oublié
Sa tête d’enterrement, ses souhaits et ses rêves :
Dans un ultime soupir, sans trêve,
Elle roule à tombeau ouvert vers des trépas
De fêtes, des glas sans appâts,…
Celle qui a toujours le dernier mot cède
À ceux pour qui elle intercède.

Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
C’est elle-même en l’âme, pour Diable
Et Bon Dieu redevenus amis,
Que l’Immortelle  se remet à table,
En bonne camarde, le teint blémi,
Cafardeuse et impitoyable…

Ce fut le chant du signe de son bon vouloir,
La limite de son pouvoir :
La Porte-Faux en porte-à-faut, décharnée, blafarde
Éradique depuis, ne tarde
À faire agoniser de futurs macchabées athées
Et tout dernier souffle hâter.
Sans savoir-vivre, elle reprend goût à l’envie, 
Partout, pour tous, d’ôter la vie.

Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
C’est la faute à Dieu et au Diable,
Si l’on s’éteint, lors, cruelle infamie,
D’une étreinte de celle qui, charitable,
Tomba sur un os car, sans prud’homie,
Voulant une morte-saison à son état…

Illustration : Élisa Satgé, décembre 2019

samedi 26 janvier 2019

HAÏKU’R METTE

Hier, il était fortement recommandé d’avoir le teint blanc et des dents en or.
Aujourd’hui, ce sont un hâle doré et des dents blanches qui sont de bon ton…

vendredi 25 janvier 2019

HAÏKU DEUX CANONS

Il est sûr qu’on n'aimait guère la guerre naguère. 
Peux-être parce que, même venant au trot, on ne la vivait que trop…

LA CRITIQUE & SA VICTIME

Petite fable affable

Une vipère lovée sur une couvée
Se piquait de bon goût et de littérature.
Elle devint donc « critique » et lors ne trouvait
Rien qui, à son gré, ne mérite rature
Au moins, censure au plus. Le fiel pour venin,
Et l’œil mauvais, ma chère, dès le bon matin
Elle vomissait sur tout auteur sa bile.
Sa langue fourchue mais déliée, habile
En saillies et cruelle en railleries, frappait
D’un sceau d’infamie qui avait front et toupet
De se penser écrivain. Quel espoir débile !

Un satiriste badin, aimant il est vrai 
Souffleter son prochain d’un bon mot, d’une phrase
Affétée, pondit un opus où il œuvrait,
Vielle au cœur et plume à la main, d’un ton qui abrase,
À gourmander les vices qu’on cache en fourrés
Ou taillis, à dénoncer la corruption avérée
Du temps et des mœurs en une forte chronique
N’épargnant ni bêtes ni hommes, ces cyniques,
Ni boqueteaux, ni prés, ni guérets, ni marais,…
Il entendait bonifier la ville, toute attrait,
 Réformer les champs… quitte à mettre la panique.

On pouvait croire de prime connivents
L’ophidienne et le bélître, mauvaises langues
Ayant en détestation leur prochain et vents
Mauvais pour quiconque mais le second, en sa gangue
De roideur, quoi qu’il avouât fort volontiers
Que son libelle n’était pas des meilleurs psautiers
Qu’il ait, las, conçu, fut fort rebroussé de lire
Ce qu’en disait l’autre, il en fit quelques délires :
Plus blafard que blanc et la face chaffourée, 
Fumasse pour tout dire, il voulait se fourrer
En l’antre vipérin lui faire avaler sa lyre.

 Sourd aux objurgations de ses bons amis
Et aveugle aux périls de pareille aventure
Il se colleta au serpent, et pas à demi,
Comme on le ferait, après une déconfiture, 
Du premier gautier venu pour se soulager
Ou entre guillaumes ne voulant se ménager :
Il l’aurait, glouton, glouti tout cru à l’entendre
Sans autre forme de procès. Il n’était pas tendre
Ce moraliste qui se disait simple observateur
De nos sottises et non quelconque contempteur
Il a juste oublié que gît un océan entre 
Mots désagréables par soi et à soi dits,
À la franche marguerite, et se les entendre 
Dire : ce qu’on s’avoue navre moins, pardi,
Que ce qu’on oit. Même pareil. Même assourdi.

jeudi 24 janvier 2019

HAÏKU DE FAUX

Quoiqu’un jour la Mort viendra nous ravir, ce n’est pas pour cela qu’elle doit nous plaire !

mercredi 23 janvier 2019

HAÏKU LÉTAL

À regard assassin, silence de mort.

LARMES EFFACÉES & SOUVENIRS FANÉS…

Larmes effacées et souvenir fanés,
Mon temps ne compte, hélas, plus ses années
Ses rire oubliés, ses joies canées,…
Mon enfance fut forêt impénétrable
Pleine de ses lianes emmêlées
Où je perdais de heures effroyables
 À deviner le Monde, à démêler
Ses arcanes loin de toute chicane.
J’y secouais la terre jà tombée
De racines que je croyais plombées,
Par peur, dessous son poids, de succomber.

Larmes effacées et souvenir fanés,
Vont et filent mes jours de condamné ;
Fini de glander, fini de flâner,…
Mon adolescence était une brousse,
Courue de songes par trop grands pour moi
Dans lesquels je fuyais loin de ma cambrousse,
Riche d’habitudes, privée d’émois,…
Pleine de mensonges à glacer de frousse.
Coincé dans une jeunesse à l’étroit,
Je me rêvais un vrai destin de roi
De savanes livrées au désarroi.

Larmes effacées et souvenir fanés,
Chaque moment semble se boucaner
À peine vu, chaque instant se tanner
En cet âge mûr qui m’est une steppe
Sur laquelle, inexorable, avance enfin
Le désert du grand âge et ses noirs crêpes,
Prenant le chemin, usé à la fin,
Par mes vains pas qui, comme vol de guêpes,
Laisseront pour héritage du vent
Pendu aux nuages, des frissons souvent
Partis sitôt venus, un brin énervants…

lundi 21 janvier 2019

HAÏKU’M BINE

Avez-vous remarqué ?… On perd rarement ce dont on n’a pas besoin !

LE COCHE & LA CHARRETTE

Cycle pyrénéen
Petite fable affable
D’après La calèche et la charrette
de Joseph Bartélémy de Feraudy

Une coche fort brillamment armoriée, 
Calèche d’un étoffé particulier
Qui se pensait valoir Prince du Sang sans doute,
Allait bon, tout autant que grand, train sur la route
Malgré l’étroitesse d’icelle et ses cahots,
 Ses chevaux de race levant le pied haut.

Une charrette, menée par un bouvier,
À la marche pesante sur un gravier
Crissant, sur le chemin l’attelage rencontre.
Son cocher ordonne qu’on fasse place, contre
Le manant, tempête et se met à enrager
Face à ces pestes qui tardent tant à se ranger.

Effrayées par ce tapage et ces cris les bêtes
En joug donnent à hue, à dia, l’assiette
Mal assurée, chutent au ravin longeant
Cette voie de muletiers, plongeant
Dans les eaux remueuses du torrent qui hurle
Au bas fond, sans remords de la part du banturle.

Ainsi disparurent, tout happé par le vide
Bœufs, charrois et vacher à cause de l’impavide
Postillon d’un carrosse pressé qui ne transportait
Qu’un quidam et sa vanité à laquelle attentait
Ce char qui menait aux villages que l’hiver isole
De quoi survivre quand neige et gels tout désolent.

Et il en est ainsi sur la voie de nos vies,
Où le faquin friqué, aimant foules futiles,
Prend le pas, ma foi, qu’on en ait ou non l’envie,
Sur le besogneux ne cherchant qu’à se rendre utile.

samedi 19 janvier 2019

HAÏKU’ÏT

D’une aventure brève peut naître une longue agonie.

TABLEAU À L’EAU

Dans la détrempe de l’aube
Versant rosée en godets,
Un arc-en ciel daube
La toile des nues fardée
D’un blanc aux gris nuageux
Souvenir fort orageux
D’un hier prou ombrageux.

Là-haut, cette fresque luit,
En tons nets qui s’irisent
Et fait fresque aux murs de pluies,
Damant leur pion, et grise
De nuances infinies,
Une gamme à l’eau bénie,
Là où l’horizon finit.

Cette aquarelle mouillée,
Inachevée, presque abstraite
Et d’humidité rouillée,
Plume et non pinceau la traite,
À la pointe de ce jour
Qui ouvre, ici, un séjour
Où j’enterre mes toujours.

Quoi que je ne rende teintes
Ni couleurs, en mon esprit
Ne seront jamais éteintes
Ces lumières sans prix,
M’offrant une autre palette
Que celle de mes bluettes,
Où Râ est sur la sellette.

Quand, un peu rosses, au ciel
Lâchent toutes les écluses,
La mer perd tout son miel,
Se fait pastel ou, sans ruse,
Opales aussi le tantôt.
Au diable, brosses, couteaux
Je mets mes mots à l’étau !

jeudi 17 janvier 2019

HAÏKU DAMNÉ

Le chemin le plus court entre la naissance et la mort reste la vie.

DE CERTAINS CHATS…

Petite fable affable d’après
Le villageois et le chat de Joseph Barthélemy de Feraudy

Dans son cellier, un villageois,
Avait serré, le cœur jà en joie,
Une grosse tomme de fromage 
Afin, un jour, de lui rendre hommage ;
Las, visitant son trésor, matin,
Il vit qu’un rat en avait, sans honte,
Fait l’entame. Et donc, sans baratin,
Pour faire à ce vil voleur son compte
Le bonhomme crut fort avisé
D’enfermer son chat en sa resserre.
Matou, sans vraiment s’épuiser,
Goba le rat qu’il prit en ses serres.
Puis, pour terminer son repas,
Et sans l’ombre d’un mea culpa,
Avala le frometon de ce pas.

Quelle est la leçon certes, pas tendre,
De ce conte sans échauffourée ?
Qui, en ce monde, prétend défendre
Nos intérêts finit par tout nous prendre
Alors ne va jamais te fourrer
Dans les pattes des vils chats fourrés !

mardi 15 janvier 2019

HAÏKU'M TEMPLE À TIFS ?

Les amours torrides sont à consumer sans modération.

HABITUÉE À FUIR…

Habituée à fuir mon temps
Dans la musique du silence,
Loin de l’ivresse de vos instants,
Ma plume, se met à poil, balance
De mon hier à votre aujourd’hui,
Au long des jours comme au creux des nuits.

Je me livre et m’avoue alors du bout des lèvres 
Mais du bon du cœur, ce jusqu’à ce que mes maux
Soient recrus d’être ancrés et que, las, je me sèvre
D’avoir emprisonné derrière les barreaux des mots
Mes pensées vagabondes, mes idées clochardes
Qui mendient tant l’oubli qu’elles en cauchemardent.

Il faut donc offrir cet abcès aux nues
Car il n’y a plus de place pour le rêve, 
La mer troublée de mon esprit mouvant,
De songes sages en espoirs défunts,
Joue à l’océan déchaîné, béant
Abîme ou vague à l’écumeux parfum,
Livré aux vents de sensations brèves,
Aussi vite envolées que venues.

C’est donc saignée de mots qui soulage
Sans guérir écornes et tourments,
Qui crève l’aposthume et assouage
Un cœur venu gros sur le moment
De souffrance froissée qui entête
Et de remous mourants qui étêtent.

Je vous l’avoue ici, en pareils prédicaments
Qui me clouent au sol, là, et mes ailes oxydent,
Il n’est point de plus souverain médicament,
Utile sursis seulement, soyons lucide,
Car, dépiécça promise, la rémission
Est toujours remise. Telle est ma passion.

lundi 14 janvier 2019

HAÏKU PARADOXAL

Naguère on n’aimait guère la guerre que l’on ne connaissait que trop bien…
Aujourd’hui, la paix durant, au moindre pet, le premier épais venu veut tirer l’épée !

dimanche 13 janvier 2019

HAÏKU PEU RAI

J’attends que mon grand-père soit centenaire pour l’envoyer au « Don du Sang ».

LE PRIMATE SINGEANT LES BIPÉDES

Petite fable affable

Chez ces gorilles, on s’inquiète et s’alarme :
Un des jeunes, petit con mal dégrossi 
Ne cesse, jusqu’à faire poindre larmes
Et de morguer, et de mépriser aussi,
Toutes les femelles de ce groupe :
Il  rabaisse ses sœurs ; il désobéit
À sa mère qu’il snobe ; d’une croupe
Montrée sans fard, ainsi, voire à grand bruit,
Il dédaigne ses tantes, et même il toise
Sa grand-mère en phrases des plus discourtoises.
Il bat froid même celles qui ne sont pas
Ses parentes directes, franc comme un lupa !

Pis, à celles qui ne veulent pas l’entendre,
Il rappelle que la Nature en ses lois
Fit la femelle ployable, douce et tendre,
Inférieure au mâle qui est son roi
Par le cerveau et les muscles ; donc parole
Adressée à elle, sans se déshonorer,
Ne peut-être qu’un ordre et que, donc, son rôle
Est de se soumettre sans tant loghorrer.
« Il en est ainsi c’est le plus intelligent
Et le plus grand de nos cousins, bonnes gens ! »

Cette attitude piqua le chef de meute,
Un dos argenté qui l’interpella par ces mots :
« Alors, Mon Petit, tu cherches à susciter l’émeute ?

- Non pas, Maître : je rappelle que tous nos maux
Vient de ce qu’elles ne savent leur place.
Mâle doit dominer, ses fils seconder ;
Plus bête et faible, toute la populace
Des femelles doit sans causer, ni fronder,
Leur obéir et les servir comme chez les Hommes,
Qui sur toute la terre ont fait leurs royaumes.

- Et pourquoi de telles dispositions ?

- Elles nous sont inférieures en la Création ! »

Il fallait, autant que de telles outrances,
Châtier cette insupportable arrogance :
« Ah, c’est donc pour cela !… Mais mon bon garçon,
Fit l’Ancien, femelle t’a mis au monde,
Si je ne m’abuse ?… Or, si j’entends leçon
Que tu m’as tantôt faite, à quel rang immonde
Devrait-on ravaler l’insigne fruit né
D’un être “inférieur” ?… » Et toute la troupe
De rire à pleine gorge à voir, là, le nez
Que fit l’impertinent à qui ça la coupe…
« Eh ! gorillon à cervelle de grillon
Et aux biceps guère plus gros qu’agrions,
Fuis tout ce qui se prétend valoir modèle
Et les raisons éclairant moins que chandelles  ! »


Illustration : Élisa Satgé, été 2019

samedi 12 janvier 2019

vendredi 11 janvier 2019

HAÏKU’R D’ANNA TOMIE

Aujourd’hui, un propos prête plus volontiers à contusions qu’à confusion !

MON AMI

Je t'ai connu ado' avec certains des tiens
T'ai tenu la main mais suis mauvais chrétien
Moi qui vais si rarement à messe
Et souvent hélas que d’une fesse
J’ai couru bonhomme à ton ordination
Où s’assemblaient ta désormais Nation
Voulant ma foi voir en toi encore
L’ami non l’habit mais des pécores
S ‘étaient faites ouailles au nom de la Passion
Qui se refusent tout avec ostentation

Or j’ai vu tout un saint petit peuple
De gens d’argent ou de biens meubles
Tout gavés d’Ave et de credos à crédit
De sermons et d’exégèses en salmigondis
Encensant une charité prou riche
De vanité mais en monnaie chiche
Aimant son prochain par devoir ou fonction
Avec componction sans inclination
Leur piété ici-bas se teinte
D’orgueils et ne sont que mots et feinte
Ces bénis vont de jeûnes en carêmes tout dédain
Entre apéritif dinatoire et cocktail mondain

Combien parmi tous ces fidèles
Bienheureux sont vraies citadelles
Ils croient que c’est aimer Dieu que de haïr 
Le reste du monde et sont jà prêts à trahir
Les bons enseignements de leur Bible
Toute « différence » étant leur cible
Ils font que tout moyen soit légitime et permis
Pour contrer ou pour nuire à leurs « ennemis »
Soit-il fort défendu par leur table
De lois pourtant des plus conseillables
Car plus inquisiteurs que l’inquisition
Ils veulent qu’on ploie sous leurs dispositions

Ces voix ne sont à les entendre
Qu’échos louables de cœurs tendres
D’un Ciel toujours zéleusement servi
Et encore plus jalousement obéi
Ah quels Tartuffe que ces fourbes
Qui ne sont que lie et que tourbe
Dévots sectataires aux noirs ciseaux de censeurs
Se voulant le sel de la Terre frères sœurs
C’est pitié que cette pléthore
Ne voie en toi qu’un jettatore